lundi 24 juin 2013

Billets-Le tweet : une forme littéraire?


Le tweet : une forme littéraire?

Twitter peut-il se diluer dans la littérature ?
Réponse avec Bernard Pivot et Jennifer Egan.

Accro à Twitter, Bernard Pivot vient de publier Les tweets sont des chats (Albin Michel), une compile de ses meilleurs tweets. On pardonnera tout à un homme qui consacre un chapitre entier aux #Etoiles filantes, même ça : “La plupart des étoiles filantes transpercent le ciel et d’autres, hésitantes, semblent être des fusées oubliées du 14 Juillet.” Bon, disons. Au fond, ce qui fait le charme du Pivot “twitteur”, c’est son âge : “On lira plus loin un tweet dans lequel je compare l’effet twitter sur les personnes âgées à la Jouvence de l’Abbé Soury.” Certes, mais est-ce à dire que le tweet ne serait pas une forme littéraire, que toute profondeur y serait d’emblée bannie ?

Depuis la nuit des temps, les écrivains semblent avoir écrit des textes prêts-à-twitter. Prenez les haïkus par exemple, ou les formules d’Oscar Wilde. Pour la pensée, c’est pareil : les aphorismes de Nietzsche feraient des tweets géniaux – d’ailleurs un compte Twitter consacré aux Nietzsche quotes a été créé. Mais pour se convaincre que le tweet peut devenir une véritable forme littéraire, il faut lire la nouvelle de Jennifer Egan, La Boîte noire, twittée d’abord sur le compte du New Yorker, puis sur le site des Inrocks en mars dernier, publiée enfin en livre offert en librairie pour 15 euros d’achat dans la collection La Cosmopolite de Stock. Jennifer Egan y raconte par fragments une histoire d’espionnage désopilante. Le format court lui permet de développer un humour à sec qui flirte constamment avec l’absurde. Grâce à cette forme éclatée, Egan signe un pastiche du genre, dans tous les sens du terme, et passe au vitriol les rapports homme-femme. Dénué de tout bla-bla vu le format, le livre ressemble à une caricature de ces livres de conseil. Assez génial.

Source lesinrocks.com

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