Le tweet : une forme littéraire?
Twitter peut-il se diluer dans la littérature ?
Réponse avec Bernard Pivot et Jennifer Egan.
Accro à Twitter,
Bernard Pivot vient de publier Les tweets sont
des chats (Albin Michel), une compile de ses meilleurs tweets. On
pardonnera tout à un homme qui consacre un chapitre entier aux #Etoiles
filantes, même ça : “La plupart des étoiles
filantes transpercent le ciel et d’autres, hésitantes, semblent être des fusées
oubliées du 14 Juillet.” Bon, disons. Au fond, ce qui fait le charme du
Pivot “twitteur”, c’est son âge : “On lira plus
loin un tweet dans lequel je compare l’effet twitter sur les personnes âgées à
la Jouvence de l’Abbé Soury.” Certes, mais est-ce à dire que le tweet ne
serait pas une forme littéraire, que toute profondeur y serait d’emblée bannie
?
Depuis la nuit des
temps, les écrivains semblent avoir écrit des textes prêts-à-twitter. Prenez
les haïkus par exemple, ou les formules d’Oscar Wilde. Pour la pensée, c’est
pareil : les aphorismes de Nietzsche feraient des tweets géniaux – d’ailleurs
un compte Twitter consacré aux Nietzsche quotes a été créé. Mais pour se
convaincre que le tweet peut devenir une véritable forme littéraire, il faut
lire la nouvelle de Jennifer Egan, La Boîte
noire, twittée d’abord sur le compte du New
Yorker, puis sur le site des Inrocks
en mars dernier, publiée enfin en livre offert en librairie pour 15 euros
d’achat dans la collection La Cosmopolite de Stock. Jennifer Egan y raconte par
fragments une histoire d’espionnage désopilante. Le format court lui permet de
développer un humour à sec qui flirte constamment avec l’absurde. Grâce à cette
forme éclatée, Egan signe un pastiche du genre, dans tous les sens du terme, et
passe au vitriol les rapports homme-femme. Dénué de tout bla-bla vu le format,
le livre ressemble à une caricature de ces livres de conseil. Assez génial.
Source lesinrocks.com
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