Phyllis Latour
En mai 1944, Phyllis Latour, 23 ans, sauta d’un bombardier de l’US Air Force et parachuta en Normandie occupée, en France.
Sa mission : recueillir des informations sur les positions nazies en vue du Débarquement allié. Une fois au sol, elle enterra rapidement son parachute et ses vêtements, puis entama une mission secrète de quatre mois, en se faisant passer pour une pauvre adolescente française.
Phyllis avait été formée par le Special Operations Executive (SOE) britannique. Elle y apprit à envoyer des messages codés en morse, à réparer des radios clandestines et à espionner sans se faire prendre. Elle suivit également un entraînement physique intensif dans les hautes terres d’Écosse. L’un de ses instructeurs était un ancien cambrioleur professionnel, qui lui enseigna l’art d’escalader les murs et de se faufiler sans laisser de trace. Phyllis voulait se venger des nazis qui avaient tué son parrain.
Sa mission était périlleuse. Des années plus tard, elle déclara :
> « Les hommes envoyés avant moi avaient été capturés et tués. On m’a choisie parce que je semblais moins suspecte. »
Elle parcourait la région à vélo, faisant mine de vendre du savon, et transmettait en secret des messages aux Britanniques concernant les positions allemandes. Elle jouait le rôle d’une campagnarde naïve, bavardant avec les soldats allemands pour ne pas éveiller les soupçons. Pour se cacher, elle changeait constamment d’endroit et dormait souvent dans les bois, trouvant seule de quoi se nourrir.
Phyllis eut également une idée ingénieuse pour cacher ses codes secrets : elle les écrivait sur un morceau de soie, qu’elle piquait d’une épingle chaque fois qu’elle utilisait un code. Elle dissimulait le tout à l’intérieur d’un élastique à cheveux. Un jour, alors que les Allemands l’arrêtèrent brièvement et la fouillèrent, elle détacha ses cheveux, laissant tomber l’élastique, montrant ainsi qu’elle n’avait rien à cacher.
Durant l’été 1944, Phyllis transmit 135 messages codés, permettant aux bombardiers alliés de localiser leurs cibles ennemies.
Après la guerre, Phyllis se maria et s’installa en Nouvelle-Zélande, où elle éleva quatre enfants. Ces derniers ignorèrent tout de son passé héroïque jusqu’en 2000, lorsque son fils aîné en fit la découverte en ligne.
En 2014, à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement, la France lui rendit hommage en lui remettant le titre de Chevalier de la Légion d’honneur.
Cette héroïne discrète s’est éteinte le 7 octobre 2023.
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