jeudi 16 septembre 2021

Billets- Présidentielle 2022 : et pourquoi pas un parti libéral ?



       Présidentielle 2022 : et pourquoi pas un parti libéral ?

 

Pourquoi, compte tenu des ambiguïtés actuelles dans la politique dite de droite, ne serait-il pas possible par exemple qu’il existe un candidat du parti libéral aux prochaines élections présidentielles ? 

 

La préparation des élections régionales et de l’élection présidentielle 2022 créent beaucoup d’incertitudes sur la nature et le rôle de la droite et de plusieurs partis politiques.


Comme on le sait bien, certains candidats essaient d’appartenir à la fois au parti LREM d’Emmanuel Macron et, par exemple, au parti Les Républicains ou de constituer un parti politique réunissant tous les politiciens considérés comme appartenant à la droite. Ces préoccupations actuelles prouvent bien qu’il n’y a pas une définition précise des partis politiques et de leurs oppositions éventuelles.

 

L’AMBIGUÏTÉ DE LA DROITE ET DE LA GAUCHE

L’opposition entre la gauche et la droite est bien sûr un des éléments essentiels pour la définition des partis politiques ou plus généralement des convictions politiques des électeurs ou des politiciens. Mais cette distinction entre la gauche et la droite est en fait ambiguë, comme beaucoup d’exemples peuvent le montrer.


Initialement la différence entre droite et gauche a consisté en 1789, après la Révolution française, à opposer les politiciens situés à gauche dans l’Assemblée nationale et ceux qui étaient situés à droite.


Cela permettait en fait d’opposer ceux qui étaient favorables à la monarchie (à droite) et que l’on considérait donc comme conservateurs et bien sûr ceux qui étaient favorables au changement de pouvoir politique dû à la Révolution.

C’est pourquoi on a souvent eu tendance à considérer que les hommes de droite étaient des conservateurs (terme utilisé encore récemment non pas pour désigner tous les politiciens de droite, mais ceux considérés comme membres de l’extrême droite).


Or le conservatisme est lui-même un concept ambigu. Ainsi il peut consister à vouloir maintenir un système de pouvoir politique, mais on peut aussi se considérer conservateur lorsque l’on souhaite – à juste titre – maintenir en pratique le principe essentiel du respect et de la défense des droits individuels.

Mais bien souvent on considère qu’être conservateur c’est vouloir défendre la souveraineté nationale par rapport aux pays étrangers, ce qui correspond donc à une conception particulière du concept. Du fait de l’ambiguïté du concept de conservatisme, il est certes préférable de ne pas l’utiliser comme un moyen de distinguer les partis politiques.

 

PRÉSIDENTIELLE 2022 : GAUCHE ET DROITE UNIES DANS L’ERREUR

Certes, à l’époque moderne une distinction claire est faite entre droite et gauche, si l’on considère que socialistes et marxistes sont de gauche et que, par conséquent, les ceux de droite sont opposés au socialisme.


Malheureusement cette distinction ne conduit pas à une différence très marquée entre politiciens de droite et de gauche. Comme je me permets de le préciser, c’est pour cette raison que dans mon livre récent, Le vrai libéralisme, j’ai ajouté le sous-titre suivant : « Droite et gauche unies dans l’erreur ».

En effet il apparaît bien que les politiques mises en œuvre en France depuis des décennies ont été pratiquement identiques, que le gouvernement soit de droite ou de gauche. Je considère par ailleurs ces politiques comme des erreurs car elles n’ont jamais été libérales. Or on assimile parfois à tort la droite et le libéralisme.


C’est pourquoi on prétend souvent que les politiques libérales (ou néolibérales), c’est-à-dire celles attribuées à la droite, n’ont pas conduit à des améliorations. C’est évidemment parce que ces politiques de droite n’ont pas été libérales qu’elles n’ont pas eu de conséquences positives et c’est à tort que l’on critique le néolibéralisme.

 

LA RÉPUBLIQUE PARTOUT

De ce point de vue il y a donc bien une ambiguïté dans la distinction entre droite et gauche. Mais on peut aussi évoquer un autre élément d’ambiguïté. En effet le principal parti politique considéré comme étant de droite est évidemment le parti appelé depuis 2015 Les Républicains et qui a succédé à l’UMP (Union pour un mouvement populaire, ce qui constituait un titre flou, tout parti se considérant comme populaire). Et par ailleurs le parti politique fondé par Emmanuel Macron est La République en Marche.


Or la référence à la République ne permet pas de caractériser la véritable nature d’un parti et c’est d’ailleurs pourquoi ce terme a été utilisé dans le passé aussi bien pour des noms de partis de gauche que de partis de droite. En fait, la République implique simplement l’existence de dirigeants élus, contrairement à la monarchie, où le pouvoir se transmet.


Mais il serait excessif d’opposer la notion de République à celle de totalitarisme puisque des gouvernants élus peuvent éventuellement pratiquer des politiques totalitaristes. Le nom de parti Les républicains ne donne donc aucune information sur la nature et les objectifs politiques de ce parti.

 

PRÉSIDENTIELLE 2022 : L’EXTRÊME DROITE D’EXTRÊME GAUCHE

Un autre exemple du caractère flou de la notion de parti de droite est l’existence du Rassemblement national, considéré comme un parti d’extrême droite. Or il est en particulier frappant que les objectifs de politique économique de ce parti soient très semblables à ceux de l’extrême gauche. Cela implique bien qu’il existe une ambiguïté dans la distinction entre droite et gauche.

Cette ambivalence devrait disparaître, et il serait particulièrement justifié que soit créé un parti politique baptisé Parti libéral, ce qui en préciserait bien les objectifs consistant à défendre et à respecter les libertés individuelles. Ils consisteraient en particulier à diminuer la fiscalité, les dépenses publiques et les règlementations.


Il serait souhaitable qu’une très grande partie des politiciens soit membre de ce parti. À l’opposé de ce Parti libéral il existerait ce qui devrait être nommé un Parti étatique. En réalité, il serait normal qu’existent plusieurs partis étatiques, compte tenu du très grand nombre de politiques étatiques existantes.

C’est ainsi que pourraient exister un parti étatique économique, un parti étatique nationaliste, etc. Il importe peu évidemment de savoir exactement quels devraient être ces partis politiques étatiques.


Mais nous devons évidemment souhaiter l’existence d’un Parti libéral. Pourquoi, compte tenu des ambiguïtés actuelles dans la politique dite de droite, ne serait-il pas possible par exemple qu’un candidat du Parti libéral soit candidat aux prochaines élections présidentielles ?

 

Source contrepoints.org

Par Pascal Salin.

 

  • Pascal Salin
    wikiberal.org/wiki/P...
    Pascal Salin est un économiste français, Professeur honoraire à l'université de Paris IX Dauphine, spécialiste de la finance publique. Ancien président de la Société du Mont-Pèlerin (1994-1996), il est aussi président de l'ALEPS (association pour la liberté économique et le progrès social). Il est l’auteur de Libéralisme (éditions Odile Jacob, 2000).



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