Présidentielle 2022 : et pourquoi pas un parti libéral ?
Pourquoi, compte tenu
des ambiguïtés actuelles dans la politique dite de droite, ne serait-il pas
possible par exemple qu’il existe un candidat du parti libéral aux prochaines
élections présidentielles ?
La préparation des
élections régionales et de l’élection présidentielle 2022 créent
beaucoup d’incertitudes sur la nature et le rôle de la droite et de plusieurs partis politiques.
Comme on le sait bien,
certains candidats essaient d’appartenir à la fois au parti LREM d’Emmanuel Macron et, par exemple, au parti Les Républicains ou de
constituer un parti politique réunissant tous les politiciens considérés comme
appartenant à la droite. Ces préoccupations actuelles prouvent bien qu’il n’y a
pas une définition précise des partis politiques et de leurs oppositions
éventuelles.
L’AMBIGUÏTÉ DE LA
DROITE ET DE LA GAUCHE
L’opposition entre la
gauche et la droite est bien sûr un des éléments essentiels pour la définition
des partis politiques ou plus généralement des convictions politiques des
électeurs ou des politiciens. Mais cette distinction entre la gauche et la
droite est en fait ambiguë, comme beaucoup d’exemples peuvent le montrer.
Initialement la
différence entre droite et gauche a consisté en 1789, après la Révolution
française, à opposer les politiciens situés à gauche dans l’Assemblée nationale
et ceux qui étaient situés à droite.
Cela permettait en
fait d’opposer ceux qui étaient favorables à la monarchie (à droite) et que
l’on considérait donc comme conservateurs et bien sûr ceux qui étaient
favorables au changement de pouvoir politique dû à la Révolution.
C’est pourquoi on a
souvent eu tendance à considérer que les hommes de droite étaient des
conservateurs (terme utilisé encore récemment non pas pour désigner tous les
politiciens de droite, mais ceux considérés comme membres de l’extrême droite).
Or le conservatisme
est lui-même un concept ambigu. Ainsi il peut consister à vouloir maintenir un
système de pouvoir politique, mais on peut aussi se considérer conservateur
lorsque l’on souhaite – à juste titre – maintenir en pratique le principe
essentiel du respect et de la défense des droits individuels.
Mais bien souvent on
considère qu’être conservateur c’est vouloir défendre la souveraineté nationale
par rapport aux pays étrangers, ce qui correspond donc à une conception
particulière du concept. Du fait de l’ambiguïté du concept de conservatisme, il
est certes préférable de ne pas l’utiliser comme un moyen de distinguer les
partis politiques.
PRÉSIDENTIELLE 2022 :
GAUCHE ET DROITE UNIES DANS L’ERREUR
Certes, à l’époque
moderne une distinction claire est faite entre droite et gauche, si l’on
considère que socialistes et marxistes sont de gauche et que, par conséquent,
les ceux de droite sont opposés au socialisme.
Malheureusement cette
distinction ne conduit pas à une différence très marquée entre politiciens de
droite et de gauche. Comme je me permets de le préciser, c’est pour cette
raison que dans mon livre récent, Le vrai libéralisme, j’ai ajouté le sous-titre suivant : «
Droite et gauche unies dans l’erreur ».
En effet il apparaît
bien que les politiques mises en œuvre en France depuis des décennies ont été
pratiquement identiques, que le gouvernement soit de droite ou de gauche. Je
considère par ailleurs ces politiques comme des erreurs car elles n’ont jamais
été libérales. Or on assimile parfois à tort la droite et le libéralisme.
C’est pourquoi on
prétend souvent que les politiques libérales (ou néolibérales), c’est-à-dire
celles attribuées à la droite, n’ont pas conduit à des améliorations. C’est
évidemment parce que ces politiques de droite n’ont pas été libérales qu’elles
n’ont pas eu de conséquences positives et c’est à tort que l’on critique le néolibéralisme.
LA RÉPUBLIQUE PARTOUT
De ce point de vue il
y a donc bien une ambiguïté dans la distinction entre droite et gauche. Mais on
peut aussi évoquer un autre élément d’ambiguïté. En effet le principal parti
politique considéré comme étant de droite est évidemment le parti appelé depuis
2015 Les Républicains et qui a succédé à l’UMP (Union pour un mouvement
populaire, ce qui constituait un titre flou, tout parti se considérant comme
populaire). Et par ailleurs le parti politique fondé par Emmanuel Macron est La
République en Marche.
Or la référence à la
République ne permet pas de caractériser la véritable nature d’un parti et
c’est d’ailleurs pourquoi ce terme a été utilisé dans le passé aussi bien pour
des noms de partis de gauche que de partis de droite. En fait, la République
implique simplement l’existence de dirigeants élus, contrairement à la
monarchie, où le pouvoir se transmet.
Mais il serait
excessif d’opposer la notion de République à celle de totalitarisme puisque des
gouvernants élus peuvent éventuellement pratiquer des politiques
totalitaristes. Le nom de parti Les républicains ne donne donc aucune
information sur la nature et les objectifs politiques de ce parti.
PRÉSIDENTIELLE 2022 :
L’EXTRÊME DROITE D’EXTRÊME GAUCHE
Un autre exemple du
caractère flou de la notion de parti de droite est l’existence du Rassemblement
national, considéré comme un parti d’extrême droite. Or il est en particulier
frappant que les objectifs de politique économique de ce parti soient très semblables
à ceux de l’extrême gauche. Cela implique bien qu’il existe une ambiguïté dans
la distinction entre droite et gauche.
Cette ambivalence
devrait disparaître, et il serait particulièrement justifié que soit créé un
parti politique baptisé Parti libéral, ce qui en préciserait bien les objectifs
consistant à défendre et à respecter les libertés individuelles. Ils
consisteraient en particulier à diminuer la fiscalité, les dépenses publiques
et les règlementations.
Il serait souhaitable
qu’une très grande partie des politiciens soit membre de ce parti. À l’opposé
de ce Parti libéral il existerait ce qui devrait être nommé un Parti étatique.
En réalité, il serait normal qu’existent plusieurs partis étatiques, compte
tenu du très grand nombre de politiques étatiques existantes.
C’est ainsi que
pourraient exister un parti étatique économique, un parti étatique
nationaliste, etc. Il importe peu évidemment de savoir exactement quels
devraient être ces partis politiques étatiques.
Mais nous devons
évidemment souhaiter l’existence d’un Parti libéral. Pourquoi, compte tenu des
ambiguïtés actuelles dans la politique dite de droite, ne serait-il pas
possible par exemple qu’un candidat du Parti libéral soit candidat aux
prochaines élections présidentielles ?
Source
contrepoints.org
Par Pascal
Salin.
- Pascal Salin
wikiberal.org/wiki/P...
Pascal Salin est un économiste français, Professeur honoraire à l'université de Paris IX Dauphine, spécialiste de la finance publique. Ancien président de la Société du Mont-Pèlerin (1994-1996), il est aussi président de l'ALEPS (association pour la liberté économique et le progrès social). Il est l’auteur de Libéralisme (éditions Odile Jacob, 2000).
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