Le compte d’exploitation
prévisionnel pour la durée de la délégation de service public à Bolloré, de
2011 à 2023, est déjà déficitaire de 179 millions d’euros. Naturellement ce
trou n’est qu’anticipé et rien n’empêche de le creuser davantage !
Circulation
et déplacements sont pour la mairie de Paris des sujets de communication et
même de propagande plus que des questions sociales, techniques et économiques à
traiter rationnellement. Depuis 2001 c’est un jet quasi continu de pseudos
innovations, travaux et systèmes complexes qui envahissent les rues de la
capitale : tramway des Maréchaux, Velib’, voies de bus dilatées, places
(notamment celle de la République) sens dessus dessous, potelets, bitognos et
séparateurs omniprésents…
À chaque
fois, le paraître et l’affichage l’emportent sur toute autre considération.
Ainsi en est-il de l’énorme et inutile terre-plein engazonné et surélevé, au
milieu des Maréchaux, sur lequel roule le tramway. Il empêche la circulation de
tout autre véhicule 95 % du temps. Mais il se voit, l’herbe est verte, les
journalistes sont contents et c’est cela qui compte.
Dans le domaine des systèmes de transport, Vélib’ ou Autolib’, la
question du rapport coût-bénéfice pour la ville et les usagers est
systématiquement négligée au profit des campagnes de presse et d’animation
urbaine. On a ainsi appris que chaque Vélib’ coûte à la ville près de 4 000
euros par an : de quoi payer plusieurs engins à ses utilisateurs ! JC
Decaux, grâce à la multiplication d’avenants, a réussi à faire supporter à
ladite ville la majeure partie de la charge financière du système.
Gaspillage et trou budgétaire
Pourtant,
Autolib’ est en passe de ravir à la bicyclette delanoïste la palme du
gaspillage et du trou budgétaire. Même la presse de gauche s’en émeut. Il faut
dire que Bolloré est mal vu, depuis qu’il a décidé d’équarrir les gauchistes de
Canal+.
On a
d’abord appris, ce dont on pouvait se douter, que le bilan énergétique de ce
joujou était désastreux car il faut maintenir les batteries au lithium en état
de fonctionnement à grand coût d’électricité. On a vu aussi se désespérer les
usagers de la chaussée auxquels des places de stationnement étaient à nouveau
ôtées alors que les stations Autolib’ sont souvent vides.
Puis ce
sont les usagers d’Autolib’ eux-mêmes qui se sont plaints : voitures
crasseuses, souvent difficiles à réserver. Les kiosques installés à côté de
certaines bornes ont été tellement vandalisés que certains ont disparu.
Mais le
pire est du ressort du bilan financier. D’après les chiffres communiqués au
syndicat « Autolib’ Métropole », le compte d’exploitation
prévisionnel pour la durée de la délégation de service public à Bolloré, de
2011 à 2023, est déjà déficitaire de 179 millions d’euros. Naturellement ce
trou n’est qu’anticipé et rien n’empêche de le creuser davantage ! Comme
Bolloré n’assurera les pertes qu’à hauteur de 60 millions ce sont d’ores et
déjà 119 millions de déficit que les communes supporteront, au prorata du
nombre de places de stationnement, c’est-à-dire essentiellement au détriment
des contribuables parisiens.
Gadget pour bobos
Là où le
bât blesse encore plus, c’est que ce déficit est dû pour partie à des dépenses
troubles et des dérapages curieux dont Bolloré aurait été le bénéficiaire.
Ainsi, selon Le Canard enchaîné,
l’informatique du système a coûté approximativement 60 millions au lieu des 11
prévus et cette somme a été facturée par une filiale de Bolloré. D’une poche à
l’autre …
Bref, nous voilà en présence d’un gadget pour bobos
financé par le contribuable, mal conçu et mal géré et qui va se transformer en
patate chaude. Et ce d’autant plus que le succès confirmé d’Uber et des VTC tient à un cœur de cible qui est précisément
celui qu’ambitionnait Vélib’ : les jeunes urbains.
Comme souvent, les usines à gaz vendues par des
capitalistes de connivence roués à des politiciens
mus uniquement par la com’ virent au désastre financier.
« Autolib’ ne sera jamais rentable »,
a même conclu le bureau d’études 6T qui s’est penché sur ce sujet…
Source contrepoints.org
Photo By: Francisco Gonzalez – CC BY 2.0
Par Serge Federbusch.
Serge Federbusch est président du Parti des Libertés,
élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de
Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité
politique parisienne. Serge Federbusch a été successivement conseiller
commercial en Asie, conseiller du maire du Paris pour l'urbanisme et les
transports, directeur général de la Société d'économie mixte du Centre de Paris
(Halles). Il est diplômé de l'IEP de Paris, Maître en droit public, titulaire d'un
DEA d'Histoire et ancien élève de l'ENA.
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