Chirac, Sarkozy, Hollande : comparons
leur efficacité !
Et si on
comparaît les performances économiques de ces trois derniers présidents ? L’un
d’entre eux se distingue par sa médiocrité particulière…
N’oublions jamais ceci : 70% des exportations françaises sont
écoulées en Europe. De même que 69% des importations françaises en
proviennent (INSEE 2009). L’économie française est donc fortement tributaire de
celle de nos voisins européens.
Ainsi, pour juger de l’efficacité de la politique des
gouvernements français successifs, ne pas comparer les résultats de notre pays
au reste de l’Europe serait une grossière erreur de jugement. Comment en effet
se prononcer en valeur absolue alors que nos économies sont imbriquées ?
Comment se satisfaire de chiffres bruts alors que croissance et taux de chômage
dépendent avant tout :
- de la santé économique de nos principaux clients : plus nos clients sont en forme et plus ils tirent notre économie,
- des cours des matières premières (surtout pour des pays importateurs nets comme le nôtre),
- du taux de change (qui détermine de façon significative les échanges entre pays de monnaies différentes),
- de la stabilité politique.
Il faut garder en mémoire Lionel Jospin se targuant d’avoir
relancé la croissance en France, lorsqu’il était Premier ministre. Alors que la
forte hausse du dollar avait réveillé l’ensemble des économies européennes, et
que la France avait moins su profiter de cette aubaine que la moyenne de nos
voisins ! Comparer la croissance de son mandat avec la croissance des
années précédentes était certes valorisant.
Mais cela ne résistait pas à une analyse comparée de la France et
de son contexte européen et mondial. La première comparaison, en valeur
absolue, uniquement par rapport au passé, constituait une erreur
méthodologique. À l’inverse, la seconde comparaison, en valeur relative, était
réellement révélatrice de la réalité, parce qu’établie selon la formule
consacrée « toutes choses étant égales par ailleurs ».
Quatre ans se sont écoulés depuis l’élection de François Hollande.
Les premières comparaisons effectuées ici même en janvier 2014 sur le taux de
chômage ne lui étaient pas favorables mais la brièveté de l’historique ne
permettait pas de se prononcer de façon définitive. La mise à jour de ces
données début 2015 confirmait l’échec du gouvernement socialiste sur ce point.
La comparaison effectuée en matière de croissance et de dette publique était
également défavorable. Qu’en est-il aujourd’hui, avec les données mises à jour
fin 2015 ?
Taux de chômage
comparé entre Hollande, Sarkozy et Chirac
Ainsi que le mentionne le graphique ci-dessous,
l’écart positif qui avait été généré par Sarkozy (en vert) a non seulement
disparu, mais il est devenu négatif (en jaune) et a continué de s’accroître
jusqu’à août 2015 (dernière donnée disponible source Statistiques Mondiales).
Il s’est encore détérioré jusqu’à décembre 2015 (chiffres Eurostat) avec un
taux de chômage français à 10,2% contre seulement 9,0% en Europe (UE 26). Le
différentiel négatif s’est donc considérablement accru depuis la présidence Hollande,
et ne s’améliore toujours pas.
Croissance économique comparée
Le taux de croissance du Produit Intérieur Brut est une donnée
tout aussi essentielle. Car ce taux ne peut pas se dégrader indéfiniment sans
que le taux de chômage ne finisse à son tour par monter. Inversement, un taux
de croissance élevé facilite la réduction du chômage : les entreprises
produisent de plus en plus de biens et de services, et (sauf décalage total
entre la demande et l’offre de main d’œuvre ou sauf nouvelles contraintes
fiscales ou juridiques) embauchent plus.
Le graphique ci-dessous est basé sur les chiffres Statistiques mondiales à la fin 2015. Ce
graphique fait apparaître les constats suivants :
- Le mandat de Chirac s’est terminé sur un écart négatif de croissance.
- Au-delà du changement ponctuel généré pendant la crise bancaire, le mandat de Sarkozy a supprimé cet écart négatif et a rétabli un léger écart positif (en vert), ce qui constitue une amélioration significative.
- À l’inverse, le gouvernement actuel a détruit cet avantage puis a accru le retard (en jaune). Ce retard a atteint son maximum en 2014 et s’est légèrement réduit depuis. Mais il reste conséquent, avec une croissance annuelle de l’UE26 à +1,8% contre +1,1% dans l’Hexagone à la fin 2015. Ainsi, depuis 2013, en matière de progression du PIB, la France accuse un retard important par rapport à l’Union Européenne.
Dette en pourcentage du Produit
Intérieur Brut
Après avoir comparé le taux de chômage et le taux de
croissance, une troisième analyse permet de compléter le tableau : celle
du taux d’endettement public1 en
pourcentage du PIB. Comme chacun sait, lorsque le niveau de la dette devient
trop important, il impose au gouvernement un coût qui limite considérablement
ses marges de manœuvres et qui se répercute sur les agents économiques. Cette
double comparaison est intéressante pour les raisons suivantes :
- C’est une très bonne façon de juger du niveau d’une dette et de la ramener au PIB de l’année correspondante. Ainsi, lorsque la dette atteint par exemple 100% du PIB de l’année en cours, cela signifie que cette dette nécessite une année de production du pays pour la rembourser.
- Comparer la France et la zone euro en termes de niveau d’endettement permet de comparer le niveau de rigueur ou de laxisme de chacun, toutes choses étant égales par ailleurs. Lorsque le contexte mondial l’exige (par exemple lors de la crise bancaire), le niveau d’endettement s’élève sur l’ensemble des pays et la comparaison tient compte de cet effet systémique. Par contre, quand un écart apparaît sur un pays par rapport au reste, cet écart lui est imputable.
Sur le graphique ci-dessous (source INSEE pour la dette française
et Union Européenne pour la zone euro), force est de constater que :
- Avec Sarkozy, la France a perdu son avantage par rapport à la zone euro (couleur verte), sur la fin de son mandat, la dette de l’Hexagone s’est accrue plus vite.
- Sous Hollande, l’écart à peine positif s’est transformé en un écart négatif important qui s’est aggravé à partir de la fin 2014 du fait de la poursuite de la courbe française et de l’amélioration de la dette européenne. Tandis que la dette de la zone euro diminue nettement (en pourcentage du PIB) depuis fin 2012, la France n’est toujours pas parvenue à maîtriser son augmentation. Tout au plus réussit-elle à en ralentir la progression dans un contexte pourtant favorable à sa réduction. Actuellement, elle représente 95,7% du PIB, celle de la zone euro étant revenue à 91,6%.
Conclusion
L’évolution comparée du taux de chômage, de la croissance et de la
dette publique de la France et de l’Europe (ou de la zone euro pour ce dernier
indicateur) permet de se prononcer d’une manière autrement plus fiable que par
le biais de jugements à l’emporte-pièce tirés de chiffres en valeur absolue.
Or, ces comparaisons démontrent maintenant de façon formelle,
parce que continue, le décrochage français. Du fait que ces comparaisons
intègrent les données de l’environnement économique direct de notre pays, elles
confirment la cause de ce décrochage. Celui-ci ne peut être imputable qu’à la
politique de la présidence actuelle.
La Présidence
Hollande, un bilan très mauvais sur tous les plans
Très mauvais parce qu’il combine hausses d’impôts et absence de
résultats. Ce qui est particulièrement un comble, de la part d’une équipe
gouvernementale, c’est d’avoir en effet fortement accru la pression fiscale
tout en étant à la fois incapable :
- de relancer la croissance,
- de diminuer le taux de chômage,
- d’empêcher l’endettement d’augmenter !
La tant décriée présidence Sarkozy avait certes gonflé la dette de
l’État, mais au moins l’avait-elle fait à bon escient. Cet endettement s’était
opéré au bénéfice de la croissance et du taux de chômage (puisque ces
indicateurs avaient évolué plus favorablement que chez nos voisins européens).
À l’inverse, depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir, la France semble avoir
été victime d’un trou noir financier considérable. Un trou noir qui a
volatilisé les sommes gigantesques qui étaient censées nous aider à diminuer
notre dette ou au minimum notre taux de chômage. Il n’y a hélas aucun domaine
où le gouvernement actuel a obtenu le moindre résultat. Les contraintes
engendrées par l’accroissement des impôts n’ont servi strictement à rien.
Un tel ratage, de par son aspect systématique, constitue même un
mystère. Comment avoir réussi une telle gageure sans l’avoir fait exprès,
c’est-à-dire en essayant d’obtenir l’effet contraire ? Plusieurs hypothèses,
qui hélas ne s’excluent aucunement l’une l’autre, sont régulièrement
avancées.
D’une part, la pression fiscale est allée au-delà de l’effet
positif : ainsi que l’a démontré Laffer, il arrive un moment où la
contrainte fait fuir les agents économiques les plus capables et dissuade la
prise de risque et l’investissement, et ce de façon d’autant plus violente
dans les contextes économiques difficiles. D’autre part, l’argent récolté a été
alloué de façon inefficiente, pour des recrutements de fonctionnaires et des
aides sans retour. Les mauvaises langues diront que ce sont des dépenses de
confort, dont la seule fonction est de permettre au gouvernement de durer…
Très mauvais parce qu’aucune réforme d’envergure n’a été engagée
pendant ces quatre années socialistes. Il semble d’ailleurs que le gouvernement
se soit tout d’abord caché derrière le rideau de fumée sécuritaire pour finir
par se noyer dans la réforme (pourtant très édulcorée) du droit du travail et
les blocages qu’elle a générés. Il est à se demander si la nomination d’un
Premier ministre et d’un ministre de l’Économie
« relativement libéraux » n’aura été qu’un trompe-l’œil à
l’usage de l’UE et des marchés financiers. N’est-il pas troublant de voir un
Premier ministre et un ministre de l’Économie minoritaires voire marginalisés
dans leur propre gouvernement ?
Pendant combien de temps encore l’Hexagone va-t-il reculer par
rapport à ses voisins, dans une économie européenne qui a repris des couleurs
depuis maintenant près de trois ans ? Jusqu’aux présidentielles de
2017 ?
Source contrepoints.org
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