Modification du génome humain
Une nouvelle technique de modification du
génome se répand dans les laboratoires du monde entier, facilitant la
suppression ou l’insertion de gènes. Une équipe de chercheurs chinois vient de
prouver qu’elle peut être appliquée aux embryons humains, et permettre de
corriger des défauts génétiques. Et même pourquoi pas de céder à la tentation
eugéniste…
Considérée comme l’une
des plus importantes révolutions médicales de ces dernières années, la
technique CRISPR-Cas9 donne la possibilité aux chercheurs de modifier le génome
avec précision, en employant des « ciseaux
moléculaires » capables de cibler des gènes spécifiques dans les
cellules.
Pour ce faire, les
scientifiques fabriquent tout d’abord un ARN artificiel (une méthode désormais
éprouvée et maîtrisée) correspondant à la séquence d’ADN à découper, puis se
servent d’une protéine bactérienne pour lier l’ARN à l’endroit voulu et retirer
la séquence problématique. Dans la majorité des cas, cela se traduit par
l’inactivation du gène « défectueux ».
Il est également possible d’incorporer dans la cellule un ADN similaire à celui
qui a été coupé contenant cette fois la « bonne »
séquence.
Depuis sa découverte,
des équipes du monde entier se sont approprié cette technique simple et peu
coûteuse de modification du génome en la testant sur des bactéries, sur des
cellules de plantes et d’animaux ainsi que sur des cellules humaines somatiques
en culture. En quelques mois, elle a fait l’objet de plusieurs centaines
d’articles dans des revues scientifiques !
Une équipe chinoise
appartenant à l’université de Sun Yat-sen à Guangzhou vient de franchir une
nouvelle étape dans cette course technologique en prouvant qu’il est également
possible de modifier le génome d’un embryon humain, ce qui ouvre un champ vertigineux
de possibilités.
En utilisant des
embryons humains non viables (pour éviter les critiques), les chercheurs ont
supprimé un gène responsable de la thassalémie bêta, une maladie héréditaire
provoquant une anémie. Sur les 86 embryons utilisés pour l’expérience, le
retrait de la séquence d’ADN problématique a fonctionné sur 28 d’entre eux ! Et
quelques embryons ont su utiliser la séquence artificielle pour s’auto-réparer.
Si les essais
cliniques (qui requièrent un taux de réussite proche de 100%) sont encore loin,
nul doute que cette méthode va être considérablement améliorée dans les années
à venir. Et les visées thérapeutiques sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes
: la correction de gènes responsables de certaines afflictions héréditaires ou
encore de gènes connus pour favoriser l’apparition de cancers ou d’autres
maladies.
Cependant, faciliter à
ce point le génie génétique pourrait avoir d’autres applications bien plus
sensibles et délicates sur le plan éthique. Par exemple, en employant cette
technique sur les cellules germinales qui affectent la descendance, il est
théoriquement envisageable de créer dans un avenir proche des êtres humains
génétiquement « améliorés » dotés de meilleures capacités physiques
ou intellectuelles…
Wooden sculputre of
genetics science credits Epsos. de (CC BY 2.0)
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