Google et la commission européenne
Si vous faites partie de l’écrasante majorité
des Français qui utilisent Google de manière régulière, vous avez sûrement
entendu parler ces derniers jours de l’offensive que vient de déclarer la
Commission européenne contre le géant du web.
Concrètement, on
reproche à Google de privilégier certains sites dans ses résultats de
recherche, sites qui, pour certains, sont propriété de Google. Exemple, une
recherche vidéo renverra d’abord un lien vers Youtube, une recherche de
comparateur de prix renverra d’abord un lien vers Google Shopping, etc. Il n’en
fallait pas plus pour que la Commission Européenne pique une colère et, après
cinq ans d’enquête, vient tout juste d’accuser officiellement Google d’abus de
position dominante.
Cependant, il y a de
quoi rester hébété à la lecture du compte-rendu de Margrethe Vestager, nouvelle
commissaire à la Concurrence, qui a mené la charge dans ce dossier tant son
incompréhension flagrante du fonctionnement de l’internet est confondante pour
une personne dont les contribuables européens payent « l’expertise »
plus de 24 500 euros par mois. Tentons donc d’y voir plus clair.
À lire Mme Vestager,
on serait tenté de croire un instant que chacune de nos recherches sur
l’internet serait miraculeusement exécutée par quelque pouvoir divin avant de
voir son résultat livré sur un plateau au moteur de recherche qui se
contenterait de nous l’afficher sans grand effort dans notre navigateur
internet, le méchant Google en profitant évidemment pour triturer les résultats
à ce moment-là. N’en déplaise aux plus croyants, les moteurs de recherche sont
par défaut des outils de recherche subjectifs dans le sens où les résultats
qu’ils affichent dépendent intégralement d’algorithmes que leurs créateurs se
sont démenés à créer afin de fouiller de manière efficace l’immensité du net.
Alors bien sûr, les
résultats affichés ne peuvent qu’être partiaux, chacun peut s’en convaincre en
utilisant alternativement Yahoo, Bing et Google par exemple. Trois algorithmes
différents, donc trois résultats potentiellement différents avec chacun ses biais.
Et pour peu que les résultats des recherches ne vous conviennent pas, sachez
qu’il existe encore plus d’une centaine de moteurs de recherche, avec chacun
ses caractéristiques, afin de coller au mieux à vos attentes.
Pourtant, malgré cette
offre d’une diversité incroyable, et bien souvent gratuite au demeurant, Google
détient 90% du marché français et la situation n’est pas prête de changer.
Comment la compagnie californienne a-t-elle atteint une position aussi dominante
dans nos habitudes de navigation sur la toile ? En offrant des produits et
des services que ses utilisateurs français plébiscitent pardi ! Commençons
par le moteur de recherche Google, de loin le meilleur du monde en matière
d’innovation, de rapidité et de pertinence des résultats (ex : voir les
classements ici
ou ici).
On pourrait faire le même constat concernant sa plateforme vidéo, Youtube, ou
encore son système de messagerie, Gmail, ou bien encore son service de
cartographie, Google Maps, et j’en passe.
Alors oui, Google
utilise un algorithme qui privilégie les résultats qui appartiennent à son
écosystème. Est-ce son droit ? Absolument, de la même manière que chacun a
le droit absolu de choisir de ne pas utiliser les services de Google. Seulement
voilà, les Européens les utilisent en masse et de manière complètement
volontaire, plébiscitant de fait les résultats de recherche de son algorithme
par rapport à ceux de la concurrence.
En vérité, en voulant
remanier les résultats de nos recherches avec Google, la Commission européenne
bafoue éperdument le droit des internautes européens à un accès sans entrave
aux services de leur moteur de recherche préféré. Ainsi, à titre personnel, c’est
sans hésitation que je choisis un lien Youtube avant un lien Dailymotion, ou
encore un lien Google Maps avant un lien Bing Maps. Alors, au nom de tous les
Googlers satisfaits, que ceux qui n’aiment pas l’écosystème Google se
contentent d’utiliser la concurrence et cessent de vouloir repenser mon
expérience de navigation sur Google.
Source contrepoints.org
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