Médecins salariés de la Sécu… pour les nuls
La Sécu va détenir le
porte-monnaie et décidera ce qu’elle paye et sous combien de temps. Quelle
profession accepterait d’être soumise à ce point-là ? Même les fonctionnaires
ont une rémunération fixe et régulière, qui ne dépend pas du bon vouloir de leur
employeur. Rappelons à ceux qui font semblant de l’ignorer que la Sécu est
déficitaire, elle n’a plus d’argent. Vous accepteriez, vous, de signer un
contrat avec un employeur en faillite ?
Qu’arrive-t-il quand
il y a déficit ? Certains médicaments sont déjà moins remboursés, et un
jour, on dira aux médecins qu’il n’y a plus assez d’argent pour les payer. Il
sera d’autant plus facile de rejeter la responsabilité du « trou de la sécu » sur
eux. Quel moyen auront-ils pour faire valoir qu’ils ont fourni un travail qui
doit être payé ? Aucun. Ils seront soumis à celui qui les paye. Si celui-ci
décide qu’il « gèle » les rémunérations, il faudra s’y plier.
Le tout sans
bénéficier bien entendu du moindre avantage accordé habituellement au salarié :
35 heures hebdomadaires, congés payés, cotisations sociales et retraite du
salarié, arrêts maladie payés au bout de quelques jours. Non : le médecin sera
soumis à son employeur, au même titre qu’un salarié, mais comme un
professionnel libéral, il continuera à avoir les cotisations, les
montants d’assurances et de protection égale à zéro.
Pour faire passer la
totalité de cette loi stupide, les socialistes allument les contre-feux les
plus saugrenus.
Premier contre-feu : «
l’accès aux soins des plus pauvres » : c’est un beau contre-feu comme seuls les
socialistes savent en abuser. Les plus pauvres ont déjà accès à l’AME et à la
CMU ; les autres, donc, ne pourraient pas demander que le médecin attende pour
encaisser leur chèque ? Le méchant médecin refuserait de le faire ? Allons, qui
l’a demandé, et combien ont eu une réponse négative ? Des chiffres ! Les
opticiens, attendent souvent que le patient soit remboursé avant d’encaisser le
paiement. Il y a donc bien des arrangements pour que jamais le patient ne soit
gêné.
Quel patient se rend
chez le médecin libéral, en étant pauvre au point par exemple de ne pas avoir
de téléphone portable ? Cet accessoire devenu tellement vital que le budget
ménager qui lui est consacré est devenu incontournable, au détriment du budget de
la santé ? On ne pourrait pas avancer 23 euros remboursés en quelques jours,
mais on pourrait se payer un abonnement téléphonique ? Voire plusieurs dans la
famille ? Allons, les politiques, descendez un peu sur la planète des vrais
gens qui travaillent !
Deuxième contre-feu :
des amendements ont été déposés concernant
l’anorexie des mannequins (vous avez bien lu, c’est aussi dans la
loi), supposés tellement consensuels que la loi tout entière aura l’approbation
de la population. Une façon de valoriser celle-ci en bannissant les mauvaises
pratiques du monde de la mode et surtout en mettant à l’abri du danger des
milliers d’adolescentes fragiles. Qui n’adhérerait pas au projet ? C’est encore
une idée du député PS Olivier Véran, qui n’est jamais à court d’idées puisqu’il
vient aussi de suggérer que les médecins hospitaliers travaillent jusqu’à 72
ans.
Aux journalistes qui
soutiennent cette loi sans en voir le danger, imaginez votre situation si
l’État décidait de vous payer directement dorénavant. Chaque année, on vous
donnerait les consignes à suivre : moins de choix personnel de la part de votre
rédacteur en chef, mais une ligne éditoriale fixée par l’État. Qui paye si vous
la respectez. Aux cinéastes, aux chanteurs, si c’est l’État qui vous payait
directement en fonction de votre manière de filmer, des paroles de vos chansons
? Au boulanger, au boucher, fournissant un produit tout aussi vital que la
santé, si on vous demandait de ne vendre que des produits sans gras ou sans
sucre (pour respecter les consignes alimentaires de l’État), et si votre
rémunération dépendait uniquement du respect des consignes énoncées par le
gouvernement ? Vous seriez payés en fonction de votre degré d’obéissance à la
ligne édictée par l’État qui choisirait le contenu de votre travail, qui
choisirait vos clients, votre lieu de travail. Au nom du bien-être social.
Et ceux qui n’y
croient pas, qui continuent à penser que la Sécurité sociale est honnête et ne
ferait jamais ça, devraient demander à leur pharmacien comment se déroule le
paiement différé des médicaments, et aux artisans qui travaillent autour d’eux
si les organismes qui collectent les cotisations sociales fonctionnent sans
erreur grave.
Il ne faut pas
s’étonner que la colère gronde parmi ceux qui versent de faramineuses
cotisations sociales, pour des prestations sociales auxquelles eux-mêmes
n‘auront jamais droit : le financement de ce tiers-payant généralisé, dont
curieusement nul n’évoque le montant, n’est possible que parce que certains
paient plus que d’autres. Comment supporter de travailler plus, mais de ne plus
partir en vacances, ou de se restreindre sur ses loisirs afin de financer un
confort pour les autres ?
Les Français
comprendront peut-être mieux quand on touchera à leur porte-monnaie : la
Sécurité sociale, pour financer le tiers payant généralisé a besoin de
récupérer quand même la franchise, celle qu’on vous retient sur le prix d’une
consultation ou l’achat d’une boîte de médicaments (1€ et 0,5€) : il faudra que
vous donniez une autorisation de prélèvement à la Sécurité Sociale pour qu’elle
se serve directement sur votre compte.
Ça devient moins
drôle, tout à coup, de parler de solidarité ? Vous ignorez sans doute le nombre
d’erreurs effectuées par ces organismes de sécurité sociale, le temps passé au
téléphone pour récupérer des sommes dues, le nombre de courriers envoyés en recommandé
pour faire valoir votre bon droit.
Vous enlever
l’obligation de payer c’est vous enlever le droit de choisir. On vous aura
prévenus.
Source contrepoints.org
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