Tendinite de l’épaule
Les études montrent que deux tiers des seniors
présentent une usure des tendons de l’épaule. Il en est de même pour les
nageurs de haut niveau de 25 ans ! Imaginez le souci si vous avez plus de
50 ans et que vous pratiquez une activité à risque !
Par le docteur Stéphane CASCUA
Un
tendon est une cordelette fibreuse reliant un os à un muscle. Il transmet la
force de contraction de ce dernier et mobilise l’articulation. Cette
structure blanchâtre ne reçoit pas beaucoup de sang. Les vaisseaux qui le
nourrissent proviennent de l’os et du muscle situé à ses 2 extrémités. Avec les
années, ce réseau se raréfie. Le centre du tendon est particulièrement
défavorisé. La moindre blessure ne parvient plus à cicatriser. La nappe
tendineuse finit par se perforer …Si deux tiers des plus de 50 ans
présentent une altération des tendons de l’épaule, la moitié d’entre eux sont
victime d’une rupture partielle ou complète. Et le phénomène s’aggrave avec les
années : 50 % des plus de 60 ans et 80 % des plus de 70 ans ont des tendons
plus ou moins déchirés. Heureusement, seulement 25% s’en plaignent. A
moins qu’une pratique sportive à risque viennent décompenser ces épaules mal en
point !
Illustration : Mathieu PINET
Lors des mouvements de grandes amplitudes, les tendons de
l’épaule viennent se coincer et frotter sur les reliefs osseux de l’omoplate
- Impaction et tension : une coalition contre vos tendons !
Les
tendons sont écartelés lors de la phase de freinage des mouvements sportifs.
L’os part dans un sens alors que le muscle tire dans l’autre pour ralentir et
contrôler le geste. C’est ce qui se produit quand vous terminez une frappe au
tennis ou un swing au golf. Ce mécanisme dit « excentrique »
suffit parfois à léser le tendon d’Achille d’une cheville accumulant les
foulées et les sauts. Mais l’épaule ajoute aussi des frottements pour
abimer ses tendons. En effet, vous percevez au sommet de cette articulation,
une voute osseuse constituée de la clavicule et de l’extrémité supérieure de
l’omoplate. Les tendons de l’épaule sont situés juste en dessous. Ils
entourent la tête de l’humérus, la partie haute de l’os du bras.
Ils forment une grande nappe à la manière de cheveux bien tirés en
arrière. On parle de « coiffe des rotateurs ». Alors, quand le
bras s’élève au-dessus de l’horizontale, lorsque les mouvements sont de
trop grandes amplitudes, les reliefs osseux de l’omoplate cognent
et rabotent allègrement ces tendons en pleine action.
- Quels sont les sports à risque ?
Les
sports de lancer comme le tennis ou le volley associent violente mise en
tension et coincements des tendons. Le golf est moins agressif car le bras
opposé limite l’amplitude du mouvement et le coude ne monte pas plus haut que
l’épaule. En natation, l’usure par frottements prédomine sur les lésions
de freinage. A haut niveau, ce phénomène semble suffisant pour abîmer l’épaule
d’un jeune nageur de l’élite qui réalise environ 10 000 «cycles de bras»
par semaine ! La brasse se montre nettement moins nuisible que le crawl ou
le papillon. Son mouvement de plus faible amplitude s’effectue dans un secteur
anatomique plus physiologique où les frottements contre les reliefs osseux sont
bien moindre. Mais ne renoncez pas pour autant aux sports qui vous tiennent à
cœur ! Chez le sénior, la palme du danger revient probablement au jardinage et
au bricolage. Elagage, peinture et papiers peints achèvent la coiffe des
rotateurs du retraité souhaitant prendre soin de son logis !
- Technique et musculation adaptée : des points clés de la prévention.
Si
certains gestes sportifs se révèlent inévitablement agressifs, les
erreurs techniques vous font souvent basculer vers la blessure. En crawl, si
vous rentrez dans l’eau par le pouce, vous majorez les frottements.
Pénétrez les flots en faisant glisser simultanément tous vos doigts, gardez le
bras dans le prolongement de l’épaule, vos tendons préfèrent ! Au tennis,
si vous tentez d’augmenter l’efficacité de votre service en basculant plus
encore votre bras vers l’arrière, vous faites erreur et vous coincez vos
tendons. Pliez les genoux et smachez avec vos cuisses et vos abdominaux. De
surcroît des recherches récentes menées au sein du Team LAGARDERE montrent que
la vitesse du service ne dépend pas de la force de frappe. Alors privilégiez la
technique sur la puissance. Quel que soit votre sport, si vous commencez à
souffrir des épaules, revoyez votre geste, demandez l’avis d’un professeur. Au
besoin reprenez quelques cours. Une bonne préparation physique se révèle très
efficace pour éviter les tendinites de l’épaule. Un programme de
musculation adapté renforce les tendons grâce à des mouvements ne provoquant
pas de frottements. Les bons exercices insistent sur le freinage afin que
l’humérus reste stable en fin de frappe et que les tendons ne viennent
pas se cogner sur les reliefs osseux. En pratique, évitez les
mouvements incluant une élévation des coudes au-dessus des épaules, mettez
l’accent sur les «tirages horizontaux» et les «écartés » en
ralentissant la phase de retour.
Corrigez vos défauts techniques, faites du
renforcement en gardant les coudes sous les épaules, insistez sur le freinage.
- Rééducation : une préparation physique médicalisée !
Si les
améliorations techniques et un renforcement musculaire bien conçu ne vous
soulage pas et ne vous permettent pas de renouer avec votre sport préféré,
votre médecin vous prescrira probablement de la rééducation. Elle tient du même
esprit que la musculation et tente de rompre le cercle vicieux de
détérioration des tendons de l’épaule : plus la coiffe s’use, moins elle
parvient à stabiliser l’humérus ; moins l’humérus est stable, plus les
tendons qui s’y accrochent se cognent et s’abîment. Ainsi votre
kinésithérapeute sollicite en douceur votre coiffe des rotateurs afin qu’elle
retrouve un peu de force et surtout de coordination. On parle
de « travail de recentrage ». Il sollicite aussi les pectoraux
et les dorsaux qui tractent l’extrémité supérieure de l’humérus vers le
bas. Leur contraction lors de l’élévation du bras provoque un effet levier
efficace et évite l’impaction des tendons sur la voute osseuse de l’omoplate.
Cette technique n’est pas évidente à acquérir et il faut vous y entraîner en
rééducation. Avant ces séances intensives, votre kinésithérapeute peut
réaliser des massages sur les cicatrices tendineuses afin de les assouplir et
de les affiner. On parle de « massages transverses profonds » ou MTP.
Il vous propose aussi des mouvements de balanciers des bras, buste penché en
avant. On parle de «décoaptation» pour décrire ces exercices ouvrant l’espace
entre l’humérus et les reliefs osseux de l’omoplate. Si la rééducation
ne fait pas disparaitre vos douleurs. Votre médecin peut vous proposer une
infiltration.
- L’infiltration pour rompre le cercle vicieux.
Quand
les tendons frottent sur l’omoplate, ils gonflent et deviennent douloureux.
Plus ils gonflent, plus ils frottent ! Plus vous avez mal, plus vous
perturbez le fonctionnement de votre épaule et plus faites frotter vos
tendons ! Une infiltration d’un anti-inflammatoire vous soulage et fait
dégonfler vos tendons. L’injection peut se faire dans l’articulation pour
soigner la face profonde du tendon ou sous le relief osseux pour traiter sa
face superficielle. Il est possible de réaliser ce geste 1 à 2 fois, 3 fois
maximum, en alternant les sites mentionnés. Puisque vous avez moins mal, vous
pouvez désormais travailler plus intensément en rééducation. Vous initiez
le cercle vertueux, l’épaule ne frottent plus, les tendons ne gonflent plus.
Vous enchaînez avec une reprise très progressive de votre sport en améliorant
votre geste et en cognant moins fort ! Vous serez tout aussi
efficace !
- Parfois une opération s’impose
Un avis
chirurgical est nécessaire lorsque ces traitements ne vous soulagent pas !
On peut envisager une intervention plus précocement lorsque les examens
complémentaires mettent en évidence des lésions et des perforations
importantes. Les études montrent qu’une usure de plus de 50% de l’épaisseur du
tendon guérit rarement spontanément. Quand on ne prend pas en charge rapidement
une rupture complète, le tendon se rétracte et le muscle non sollicité dégénère
en tissu graisseux. Dans ces conditions, le chirurgien répare ou raccroche les
tendons. Il ponce les reliefs osseux afin qu’ils soient moins agressifs. Dans
les suites vous êtes immobilisés coude au corps 6 semaines pour laisser
cicatriser les tendons. Pendant cette période, vous commencez tout en douceur
la rééducation. La reprise des sports sollicitant l’épaule est envisageable
après 4 mois, plus souvent 6 mois ! Là encore, la correction des fautes
techniques et de la réduction de la charge de travail est obligatoire pour
éviter la récidive.
- Venez voir vos tendons
Afin de
confirmer le diagnostic et d’évaluer la gravité des lésions, des examens
complémentaires peuvent être prescrits. Une simple radiographie ne montre que
les os mais constate souvent la présence de « signes
indirects » : traces d’impaction sur les os, espace diminué entre le
haut de l’humérus et la voûte de l’omoplate caractérisant un amincissement du
tendon qui coulisse à cet endroit, etc. L’échographie visualise les tissus mous
… les bébés et les tendons. Elle est peu coûteuse et bien adaptée à l’analyse
simple de la coiffe. L’IRM étudie les structures tendineuses sur toute leur
épaisseur et évalue l’inflammation. L’arthroscanner consiste à observer
l’épaule dans ses 3 dimensions après y avoir injecté un liquide opaque
qui dessine les irrégularités des tendons et passe à travers les
perforations. Ces examens peuvent être l’occasion de réaliser une
infiltration tout en s’assurant que l’injection s’effectue parfaitement à
l’endroit souhaité.
- Quelle spécificité pour l’épaule de golfeur sénior
- Les tendons surtout !
Le
sénior a déjà abîmé ses tendons dans la vie quotidienne. Pendant des années, il
a levé les bras, bricolé, jardiné, parfois même il a fait d’autres sports de
lancer comme le tennis. En théorie, le golf est beaucoup moins agressif pour
la coiffe des rotateurs que les disciplines de raquettes. En effet,
l’élévation des coudes est limitée par la présence du bras opposé. Chez le
jeune golfeur les tendons souffrent rarement. En revanche, la situation du
sénior peut « décompenser » à la moindre faute technique. Quand il
amplifie sa préparation, lorsqu’il se place en « over swing », les
tendons usés ne tiennent pas parfaitement la tête de l’humérus en place. Elle
s’ascensionne et vient écraser la coiffe des rotateurs contre le bec de
l’omoplate. Elle accroche et se déchire ! Le cercle vicieux
commence ! Un traitement médical et de la rééducation s’imposent. Des
conseils techniques sont indispensables ! En cas d’échec, une opération
peut se révéler salvatrice. Une étude a été menée sur 32 golfeurs de 60 ans en
moyenne. Ils ont bénéficié d’une suture de leur tendon et d’un polissage des
reliefs osseux agressifs. A 3 ans de l’intervention, tous ont repris le golf au
même niveau et leur distance de drive est identique.
- De l’arthrose rarement
Au cours
de ce « back swing » trop ample, la clavicule s’impacte sur
l’omoplate, l’articulation s’use et une arthrose peut se constituer. Une
infiltration bien guidée et une modification du geste peuvent soulager le
golfeur senior. L’usure de l’articulation principale entre la tête de l’humérus
et l’omoplate peut préexister et s’aggraver. Là encore rééducation et
infiltrations sont envisageables et se montrent souvent efficace. Cependant, si
une prothèse d’épaule finit par s’imposer, pas de drame ! Une étude
réalisée sur 24 séniors montre que le golf est à nouveau possible à 4,5 mois de
l’intervention. Pour la majorité d’entre eux, ils ont retrouvé leur niveau et
le nombre de parcours hebdomadaire n’est pas limité ! De surcroit, ce
sport n’accélère ni l’usure ni le descellement des prothèses.
- Les petits jeunes, c’est différent !
Les
tendons souffrent rarement. En cas de mouvement trop ample, c’est l’enveloppe
entourant l’articulation qui se distend. Le ménisque de l’épaule est écrasé et
se fissure. En forme de bouée, il tente, tant bien que mal, d’améliorer
l’emboitement entre sphère humérale sur la surface plate de l’omoplate.
On parle de laxité et d’instabilité ! Les lésions du ménisque forment
parfois des kystes qui compriment les nerfs. Ses derniers sont aussi étirés,
emmenés par l’omoplate qui effectue de grands balanciers lors des frappes.
Cette souffrance nerveuse provoque rapidement de vives douleurs et une fonte
musculaire. La puissance des jeunes golfeurs est telle que les swings
occasionnent une compression des côtes supérieures. Il en résulte parfois des
fractures de fatigue !
Source SantéSportMag
En musculation, les risques sont très important notamment avec les exercices explosifs comme l'épaulé jeté
RépondreSupprimertrès utile pour un golfeur avec douleur d'épaule comme moi. Mais je pense que la cause peut-être aussi le fait de m'enfiler un lourd sac à dos tout les jours pendant un voyage. On lève forcément le coude au niveau de l'épaule.
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