Pilules de 3ème et 4ème génération
La plainte d’une jeune femme lourdement
handicapée après un accident vasculaire lié à une pilule contraceptive a été
relayée dans les médias. Il s’agissait d’une pilule dite de troisième
génération. Ces contraceptifs oraux qui contiennent du gestodène ou du
désogestrel sont connus depuis longtemps pour augmenter le risque de cet
accident très rare.
Suite à l’agitation
médiatique et sanitaire autour du danger des pilules de troisième et quatrième
génération, voici quelques informations importantes. Les risques sont très
faibles :
- 1 "chance" sur 10000 tous les ans de faire un accident (phlébite le plus souvent) chez les non-utilisatrices de pilule.
- 2 sur 10000 pour les utilisatrices de pilule de 1 et 2ème génération.
- 4 sur 10000 pour les utilisatrices de pilule de 3ème et 4ème génération.
- 6 sur 10000 pour une femme pendant une grossesse.
Le tout sans
certitude : la probabilité pour que ce surcroît de risque soit lié à un
biais statistique (les utilisatrices de ces pilules n’auraient pas le même
risque de base) n’est pas nulle.
Notez que le surcroit
de risque pour une utilisatrice de pilule classique par rapport à une non
utilisatrice ou une femme qui a choisi le stérilet au cuivre n’est pas
supérieur à celui induit par le choix d’une pilule de 3ème génération par
rapport à une 1ère ou 2ème génération. Notez aussi que la grossesse à elle
seule augmente le risque considérablement [Cette comparaison avec la grossesse peut paraître fallacieuse. En
effet, la grossesse n’est pas un médicament et n’est pas prescrite. Si j’ai
indiqué ce chiffre, comme celui du risque d’accident en dehors de la prise de
tout contraceptif, c’est pour permettre à chaque femme de bien situer l’ordre
de grandeur du risque qu’elle encourt en prenant la pilule].
Ces probabilités
concernent des accidents sérieux comme des phlébites, mais qui se traitent bien
et guérissent le plus souvent sans séquelles. Ce dont on parle dans les médias
actuellement, c’est d’accidents vasculaires cérébraux ou d’embolies pulmonaires
graves. Ces deux complications sont beaucoup plus rares et je lis ou j’entends
des amalgames entre le risque de phlébite et celui d’un AVC. Une femme sans
facteurs de risque familiaux a autant de "chances" de faire un AVC
avec séquelles que de gagner le gros lot du loto en jouant 10 €.
En pratique, cela
permet de rappeler que la pilule n’est pas un médicament anodin, et que son
rapport bénéfice attendu/risques doit
être évalué avant prescription par le médecin et la patiente correctement
informée. Ce qui est surtout important, c’est le conseil de ne pas donner en
première intention les pilules de troisième génération, mais de les réserver
aux femmes qui auraient un problème de tolérance avec les deuxième génération.
Tout en sachant que la preuve que ces pilules donnent moins d’acné ou de maux
de tête n’est pas établie.
Un contraceptif oral
contient toujours une substance apparentée à la progestérone : un
progestatif. Il est le plus souvent associé à une autre hormone : un
estrogène.
Depuis 1960,
l’industrie pharmaceutique a cherché à inventer de nouveaux progestatifs qui
provoqueraient moins d’effets indésirables, et l’on décrit 4 générations de ces
substances apparues successivement sur le marché depuis 50 ans.
Les 1ère et 2ème génération présentent peu de
différences, ce sont :
La norethistérone
Le norgestrel
Le lévonorgestrel
La 3ème génération comporte
Le désogestrel
Le gestodène
Le norgestimate
La 4ème génération
La drospirénone. Elle
est parfois fusionnée avec la 3ème génération.
La prise d’un
contraceptif oral augmente le risque d’accident vasculaire, essentiellement par
formation d’un caillot dans une veine (phlébite, embolie), plus rarement par
obstruction d’une artère (infarctus).
En l’absence de
contraception, ce risque est en moyenne de 1/10000 chaque année. La majorité
des caillots ne provoquent pas de séquelles : phlébite nécessitant un
traitement anticoagulant prolongé.
Malheureusement, les
caillots qui touchent le cerveau ou qui se déplacent jusqu’aux vaisseaux
sanguins des poumons (embolie) peuvent avoir des conséquences redoutables. Je
n’ai pas trouvé la fréquence exacte de ces accidents graves qui sont encore
plus rares, sans doute compris entre 1/500 000 et 1/5 000 000 chaque année pour
une femme sous contraceptif oral.
Les pilules contenant
des progestatifs de 1ère et 2ème génération semblent augmenter le risque de
caillot d’un facteur 2 : il passe de 1/10 000 à 2/10 000 chaque année par
rapport aux non-utilisatrices de contraceptif oral. Ce risque est augmenté par
les autres facteurs de risque comme l’obésité ou le tabagisme.
Nous savons depuis
longtemps que les promesses des pilules de 3ème génération n’ont pas été
tenues : rien ne prouve qu’elles diminuent ce risque comme on a tenté de
nous le faire croire lors de leur lancement. Bien au contraire, elles semblent
le multiplier par deux, le faisant passer à 4/10 000 chaque année.
Je dis
"semblent" car nous n’avons pas de preuve formelle : lorsque
nous comparons la fréquence des accidents chez les femmes sous pilules de 2ème
ou 3ème génération [Je parle
de "pilule de 3ème génération par abus de langage et pour simplifier. Je
devrais écrire à chaque fois "Pilule contenant un progestatif dit de 3ème
génération"], nous ne pouvons pas être certains que ces femmes sont
comparables, et que la différence observée dans la fréquence des accidents est
uniquement due à la nature de la pilule. De même, les femmes qui prennent la
pilule en général ne sont pas forcément comparables à celles qui ne la prennent
pas.
Néanmoins, la
convergence des travaux scientifiques allant dans ce sens et les précautions
prises dans le traitement des résultats rendent cette augmentation de risque
très probable.
Il n’est donc pas
logique de prescrire en première intention une pilule contraceptive contenant
un progestatif de 3ème génération. Le surcroît de risque n’est justifié par
aucun élément scientifique en matière de meilleure tolérance attendue (prise de
poids, migraines, acné). La réaction d’une femme prenant une pilule donnée est
imprévisible.
La seule explication
de l’usage massif de ces pilules de 3ème génération est l’intensité du
marketing pharmaceutique auprès des médecins prescripteurs (visiteurs médicaux,
formation sponsorisée, presse sponsorisée, congrès payés).
Il semble néanmoins
possible de les essayer en deuxième intention, chez une femme qui tolère mal
les contraceptifs de 1ère et 2ème génération, et qui est informée du surcroît
de risque qui les accompagne. De la même façon, une femme qui démarre une contraception
orale, quelle qu’en soit la nature, doit être informée qu’elle augmente très
probablement son risque d’accident vasculaire.
Les médecins qui sont
habitués à se protéger de la désinformation entretenue par le marketing
pharmaceutique et ses "experts" prescrivent en première intention des
pilules de 1ère/2ème génération depuis 2001, date d’une alerte internationale
reprise par la revue Prescrire et les autres revues ou organismes de formation
indépendants.
Ce qui est étonnant,
c’est que ces pilules de 3ème génération soient encore remboursées 10 ans
après, et que la décision ministérielle récente repousse à septembre 2013
l’arrêt de leur remboursement.
Voici la liste des
contracteptifs oraux dits de 3ème génération et commercialisés en France. Ceux
au norgestimate sont mentionnés, mais nous n’avons pas de données scientifiques
sur les risques spécifiques liés à ce produit.
Contraceptifs contenant du désogestrel
- CERAZETTE
- DESOBEL générique
- DÉSOGESTREL RATIOPHARM générique
- DÉSOGESTREL/ÉTHINYLESTRADIOL BIOGARAN générique
- MERCILON
- VARNOLINE
- VARNOLINE CONTINU
Contraceptifs contenant du gestodène
- CARLIN générique
- EDENELLE générique
- EFEZIAL générique
- FELIXITA générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL ACTAVIS générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL ARROW générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL BIOGARAN 60 μg/15 μg générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL BIOGARAN 75 μg/20 μget 75 μg/30 μg générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL EG générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL RANBAXY générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL RATIOPHARM générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL SANDOZ générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL TEVA générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL WINTHROP générique
- GESTODÈNE/ÉTHINYLESTRADIOL ZYDUS générique
- HARMONET
- MELIANE
- MELODIA
- MINESSE
- MINULET
- MONEVA
- OPTINESSE générique
- PERLÉANE générique
- PHAEVA
- SYLVIANE générique
Contraceptifs oraux contenant du Norgestimate
- CILEST
- EFFIPREV
- TRIAFEMI
- TRICILEST
Enfin, les pilules
contenant de la drospirénone (4ème génération) semblent exposer à un risque
encore plus important que celle de 3ème génération. Il en est de même pour les
traitements de l’acné contenant de la cyprotérone (Diane 35 et génériques
souvent utilisés comme contraceptifs.). On parlait déjà de Diane 35 sur Atoute
en 2004.
Je ne parle dans ce
billet que des pilules associant un progestatif avec un estrogène de synthèse.
Les données sur les pilules contenant uniquement un progestatif ou associant un
progestatif avec de l’estrogène naturel sont insuffisantes pour apprécier le
risque auquel elles exposent.
En pratique, comme l’a
recommandé la Haute Autorité de Santé, il n’est pas nécessaire d’arrêter en
urgence une pilule de 3ème génération bien supportée, mais il peut être utile
d’en parler à son médecin lors de son renouvellement. En effet, les accidents
apparaissent généralement en début de traitement, et les accidents graves et
irréversibles sont rarissimes. À chaque femme de faire son choix, un choix
éclairé par ces informations et celles fournies par son médecin.
Source atoute.org
Il faut préciser que si Cérazette est composée de désogestrel, il s'agit d'un contraceptif uniquement progestatif qui n'augmente pas le risque de thrombose veineuse. Ce risque est présent uniquement avec les piluls ESTRO-PROGESTATIVES. Il est du à la composante estrogénique des pilules estro-progestatives(éthinyl estradiol). Du fait de l'absence d'estrogène dans la composition de Cérazette, cette pilule est particulièrement indiquée chez les femmes présentant une contre-indication aux estrogènes et notamment chez celles ayant des facteurs de risque de thrombose ou un antécédent de thrombose.
RépondreSupprimerBonjour, Je m'appelle flora et cela fait maintenant 5 ans bientôt que je la prends, et que j'allaite mes enfants, et n'ai aucun problème.
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