Gilets jaunes
saison 2 : le retour
Combien de temps il faudra à « la France d’en haut »,
aveuglée dans ses certitudes, pour entendre « la France d’en bas »
des Gilets jaunes?
La rumeur couve depuis plusieurs jours.
#GiletsJaunesSaison2 était en tendance. Plusieurs émissions de radio et
plusieurs journaux en ont fait leur sujet. Allons-nous revoir dans les jours
qui viennent un
mouvement de contestation trois ans après les premiers blocages de
ronds-points avec le passage du litre de gasoil au-dessus de 1,5 euro ?
Même cause, même effet ?
Pourtant, il s’en est passé des choses depuis :
l’opération de désamorçage gouvernemental, à base de grands
débats et de comités citoyens inutiles… la musique de fond de la crise
économique larvée qui dure maintenant depuis une douzaine d’années et qui ne
fait que s’amplifier… mais surtout la crise pandémique, qui a clairement
démontré pour une grande partie de la population l’absurdité de la situation
dans laquelle se trouve le pays. La crise
du système de santé et la gestion
sanitaire et économique catastrophique dont il faut aujourd’hui payer
le prix hallucinant.
Résultat : force est de constater que trois ans
après l’avertissement, le message n’a clairement pas été entendu, et encore
moins compris.
Ce message est pourtant très, très simple : pour toute
une partie de la population, le système social français est une véritable
calamité et il est indispensable de s’en échapper le plus rapidement possible.
La vraie fracture française se situe là : dans l’incompréhension
d’une partie de moins en moins nombreuse et de plus en plus isolée de la
population (pour faire court, des urbains riches et remplis de bonnes
intentions) pour l’autre partie et des problèmes qu’elle rencontre.
Malheureusement, il semble bien que les avertissements
successifs ne suffisent pas.
LA SOURCE DU MAL DES
GILETS JAUNES
Le socialisme à la française a été développé dans la
première moitié du XXe siècle par une petite élite qui a trouvé dans cette
mission de progrès populaire le moyen de se hisser au pouvoir.
Il a débouché sur ce que l’on connait : le modèle social
français basé sur les théories marxistes de redistribution et de mise en commun
de l’outil productif.
L’idée peut sembler de prime abord très juste et très
généreuse : prendre
aux riches pour donner aux pauvres.
Ce sophisme moral a eu un effet immédiat : museler toute
opposition libérale provenant des riches et obtenir les voix des pauvres en
échange d’argent magique.
La route vers le paradis social a effectué une étape
majeure il y a 70 ans, quand la France s’est figée dans un modèle issu des
négociations entre gaullistes et communistes, et que tout l’appareil d’État, en
quête de repentance après l’épisode peu glorieux de la collaboration, s’est
empressé d’adopter avec zèle pour faire oublier ses choix et ses actes.
Depuis 70 ans, la France vit dans l’illusion d’une grande fiction : celle de l’insouciance et du mythe du paradis des prolétaires.
UNE SITUATION CATASTROPHIQUE
Le résultat, on le connait : un État obèse, un marigot de
parasites situés partout et à tous les niveaux et un bilan économique qui
hisse la
France dans le dernier carré des pays socialistes :
62,8 % d’argent magique : production
nationalisée, monopoles publics…
44,5 % de prélèvements obligatoires : taxes,
impôts, cotisations sociales…
Entre dépense et recette, le compte n’y est évidemment
pas. Le résultat, ou plutôt le financement à crédit du déficit de résultat que
personne ne veut voir s’accumule depuis des années : deux mille sept cent
soixante-deux milliards d’euros de dette publique. 2762 milliards d’euros
de dette. 2762 et 9 zéros après.
Alors, on cherche depuis des lustres des solutions.
Toutes se heurtent au même constat : le système ne pourra jamais se réformer
de l’intérieur.
Et ce ne sont pas les solutions cosmétiques (et
passablement immorales) qui permettront de sauver le Léviathan asphyxié par son
propre poids. Ce n’est pas la chasse aux brebis galeuses, avec tout son lot de lynchages,
qui permettra de combler les fuites.
Ce ne sont que des promesses. Un simple et rapide calcul
permet de comprendre très rapidement que le compte n’y est pas. Une rapide
enquête de terrain permet également de se rendre compte immédiatement que cette
supposée manne d’argent détourné n’est que l’arbre qui cache la forêt : le
système tout entier n’est qu’un trou béant.
Ce n’est ni l’optimisation fiscale, ni les fainéants, ni les fraudeurs, ni les étrangers, ni la mondialisation, ni les extra-terrestres, ni les trolls et les gobelins qui sont responsables du déséquilibre des comptes. Celui-ci est simplement dû au poids de la bête qui étouffe la société et à l’idiotie crasse de l’analyse économique redistributive.
UNE SIMPLE ÉVIDENCE ÉCONOMIQUE
C’est pourtant si simple à comprendre : pour que
quelqu’un puisse s’enrichir, il faut qu’il soit entouré de riches, pas de
pauvres.
On ne vend rien à des pauvres. On ne produit rien pour
des pauvres. On ne peut pas s’enrichir si on est entouré de personnes avec
lesquelles on ne peut rien échanger, qui n’ont rien à donner et pas les moyens
de prendre.
Ce n’est pas en appauvrissant les riches que l’on enrichit
les pauvres, on ne fait que supprimer l’étape de la production. Au lieu de
produire de la valeur pour l’échanger, on met le producteur au chômage et on
remplace le revenu de la production par une simple transaction financière.
Alors oui, être
payé à ne rien faire, c’est plutôt tentant…
Comptablement, financièrement, le résultat est le même.
Économiquement, avec ce système on finit par totalement détruire l’outil
productif, à force de financer des revenus de remplacement qui, cerise sur le
gâteau, font concurrence aux revenus productifs.
L’erreur politique majeure de tous les gouvernements depuis la mise en place de ce système est de croire que les Français n’ont rien vu, qu’ils sont dupes ou pas suffisamment intelligents ou instruits pour comprendre cette logique élémentaire.
UN SYSTÈME TOTALEMENT EFFONDRÉ
Mais les Français ne sont pas idiots. S’ils ont toléré ce
système, tout en sachant très bien qu’il n’avait aucun sens, c’est que le prix
de leur calme reposait sur des bases qui sont aujourd’hui en train de
s’effondrer :
Tant que c’étaient effectivement les riches qui payaient
et que ceux-ci étaient tout fiers de leur générosité parce qu’elle leur permettait
de parader en exhibant leur supériorité morale, le deal était acceptable.
Peu à peu, l’arrogance de ceux que l’on a appelé l’élite
s’est mixée à une évidence de médiocrité et d’incompétence. Le niveau de
pression morale de ceux qui se sentent investis d’une mission salvatrice est
devenu d’autant plus inacceptable que ceux que l’on a baptisé le peuple se
sont rendu compte que c’était en fait bien eux qui payaient l’addition et que
ce système n’avait d’autre résultat que de les enfoncer de plus en plus dans
les difficultés.
Surtout, le voile s’est levé sur l’indigence d’un système
social supposé être le meilleur du monde et qui s’est révélé crise après crise
une réelle catastrophe. Le système de santé s’est complètement
effondré au premier virus, les retraites sont devenues des minima
sociaux, la fin de vie est devenue un cauchemar, l’accompagnement des plus
faibles est à la fois avilissant et misérable, le travail est dévalorisé, la
réussite professionnelle est synonyme de pression fiscale et sociale…
Pire, l’arrogance de certains donneurs de leçons va même jusqu’à rendre responsable «la France d’en bas» de tous les maux de l’humanité et le simple fait de prendre sa voiture pour aller travailler ou d’allumer le chauffage ont été quasiment promus au rang de crime contre l’humanité.
UN CHANGEMENT DE SOCIÉTÉ AVEC LES GILETS JAUNES
Les discours de ceux qui appellent à manifester ce
week-end sur les ronds-points ont changé. Il est plus audible, plus clair, plus
net. Bien plus radical également. Il suffit de les écouter pour s’en rendre
compte.
Ces Français veulent que l’État retourne à sa place.
Que l’on cesse de leur imposer un modèle social dont ils
ne veulent pas, que les dirigeants sont incapables de faire fonctionner et qui
ne leur apporte absolument pas les bénéfices qu’il promet. La seule question
est de savoir combien de temps il faudra à « la France d’en haut », aveuglée
dans ses certitudes, pour entendre «la
France d’en bas».
Le modèle social français, le modèle socialiste français, l’enfant difforme accouché par le Comité National de la Résistance et la France collaboratrice honteuse est-il en train de vivre ses dernières heures sur les ronds-points et dans les soulèvements populaires qui se succèdent sans discontinuer depuis maintenant trois bonnes années ?
Source
contrepoints.org
Par Olivier Maurice.
Olivier Maurice est
né en 1963. Après une première vie trépidante d’entrepreneur et de cadre
supérieur à travers le monde, un accident de la vie l’a fait atterrir dans la
campagne française d’où il redécouvre depuis quelques années avec curiosité et
une certaine dose d’agacement ses compatriotes et leurs drôles de certitudes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire