La gauche relance l’État-providence
Avec les élections en perspective,
l’État-providence est plus que jamais à la mode : le gouvernement distribue
largement l’argent des contribuables. C’est vous qui régalez.
L’État-providence demeure l’arme
préférée de la gauche de gouvernement pour acheter et préserver la paix
sociale (surtout à l’approche d’une année électorale cruciale). Le week-end
dernier vient d’en donner une nouvelle preuve, avec une petite odeur de
clientélisme.
L’État-providence pour calmer la jeunesse
Les médias subventionnés
adorent répéter en boucle toutes les vertus de la Nuit Debout. Pour le
gouvernement, ce mouvement pourrait constituer une menace dans la mesure où il
est partiellement nourri par la contestation contre la loi El-Khomri. Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement
relance l’expansion de l’État-providence.
Ainsi, le rapport Sirugue (du député par ailleurs
rapporteur de la loi El-Khomri) propose
d’ouvrir la perception des minima sociaux aux jeunes dès 18 ans. Face à la
contestation, l’allocation !
« Je propose tout d’abord de supprimer la
barrière d’âge pour les jeunes. Que toute personne puisse, dès
ses 18 ans, bénéficier de ces allocations sans attendre
ses 25 ans ».
Comme d’habitude, l’État préfère éviter les examens de
conscience, par exemple sur l’incapacité de l’Université à préparer les
jeunes au marché du travail. Au lieu d’améliorer la
performance des politiques publiques, il vaut mieux piocher dans la caisse et
pratiquer cette forme obsolète d’helicopter
money qu’on appelle État-providence.
J’en
profite pour glisser combien cette grosse ficelle n’a rien à voir avec le
revenu universel qu’évoque Libération.
La solution proposée par Christophe Sirugue, en service commandé manifeste, ne
bénéficiera qu’à un segment de population concerné par une problématique
particulière, alors que le revenu universel est supposé bénéficier à tous
(selon un principe limpide de solidarité).
L’État-providence pour calmer les intermittents du
spectacle
Pendant que le député Sirugue servait à Manuel Valls la
soupe que l’UNEF réclame, la ministre de la Culture Azoulay intervenait sur un
autre front : celui des intermittents du spectacle.
Dans le
cadre de la renégociation de la convention d’assurance-chômage, les partenaires
sociaux doivent en effet présenter un document de cadrage sur le financement du
régime. Sans véritable surprise, le MEDEF a proposé d’importantes économies
pour cette catégorie d’allocataires qui représente 3% des effectifs, mais 25%
du déficit de l’UNEDIC.
Dans une interview à Libération, qui confirme peu à peu
son rôle d’agence de presse du gouvernement, Audrey Azoulay, qui prend une
pose grotesque pour la photo, explique tout le mal
qu’elle pense de la « démocratie sociale » ainsi que de la libre
négociation entre partenaires sociaux, et entreprend de corriger les torts.
« Le soutien au spectacle vivant est au cœur de
la politique artistique. Nous avons la chance d’avoir en France un modèle de
soutien aux artistes envié à l’étranger, grâce au dynamisme de nos lieux de
création et de diffusion. Cela passe par le maintien d’un régime
spécifique d’assurance chômage, qui correspond à l’activité intermittente
de ces professions aujourd’hui inquiètes pour les négociations sur
l’avenir de l’Unédic. (…)
Le cadrage adressé au monde du spectacle est une
provocation, et il est clairement un appel explicite à ce que ce soit le
gouvernement qui finance une bonne part des économies. Tout le monde reconnaît
qu’une économie se situant autour de 100 millions, après ceux de la
précédente convention, constituera déjà un effort très important pour la
profession. Le Premier ministre l’a dit, l’État ne laissera pas tomber les
intermittents, il ne permettra pas que ce régime soit dans l’impasse. Mais la
demande des professionnels du secteur est bien de préserver dans la durée un
régime d’indemnisation du chômage dans le cadre de la solidarité
professionnelle. »
Rappelons évidemment ici que ce que la ministre appelle la
« solidarité professionnelle » s’appelle en réalité la
« solidarité interprofessionnelle ». Elle
consiste à demander aux petits patrons au bord de la faillite de financer la
précarité imposée par les magnats de l’industrie culturelle qui peuvent faire
ou défaire une campagne électorale par leur poids médiatique.
On l’aura noté, donc, la politique culturelle de
l’État en faveur du spectacle vivant (c’est-à-dire
de ces innombrables pièces de théâtre sans spectateurs où des comédiens
incertains raillent les petits bourgeois obscurantistes qui ne viennent pas
assister à leur délire fumeux) doit être financée par les cotisations des
employeurs. Et la ministre n’a aucune gêne à expliquer que l’État pèsera de
tout son poids pour maintenir cette perversion qui consiste à forcer des
entreprises à cotiser pour des politiques qui relèvent de la décadence
régalienne.
L’État-providence et les élections
On le
voit, tout cela respire la campagne électorale pour les présidentielles. Comme
l’avait annoncé François Hollande, le temps de la redistribution est venu. Ceux
qui pensaient en profiter seront déçus : la redistribution ne profite qu’à
l’électorat attendu par le Président de la République.
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