mercredi 19 septembre 2012

Billets-Escroc : un métier en or

Dessin de Chappatte, Suisse.

Escroc : un métier en or
L'employé d'UBS qui avait donné des informations aux autorités américaines sur les pratiques de sa banque a reçu une récompense de 104 millions de dollars. Scandaleux, dénonce un éditorialiste de Genève.

Bradley Birkenfeld est l’homme par qui le scandale est arrivé. L'ex-banquier d’UBS anciennement en poste à Genève est sorti de sa prison américaine le 1er août dernier. Après trois ans et quatre mois de détention, il a bénéficié d’une libération anticipée pour bonne conduite.

Un bon garçon en somme, ce Bradley Birkenfeld. Grâce à son témoignage sur les pratiques de la grande banque aux Etats-Unis, le fort créatif gestionnaire de fortune a permis aux autorités fiscales de récupérer des dizaines de milliards de dollars d’impôts impayés. En livrant les noms de ses clients et collègues, en dévoilant les techniques utilisées pour détourner de massives fortunes vers des coffres à Zurich ou à Genève, il a également créé la panique dans l’établissement suisse.

A genoux, UBS n’avait plus qu’à se plier aux exigences américaines. En plus du grand nettoyage de ses clients d’outre-Atlantique, la banque a payé une amende de 780 millions de dollars pour solde de tout compte. Grâce aux loyaux services de ce brave Birkenfeld, le fisc a récupéré des sommes faramineuses, fort bienvenues à l’heure des grands déficits. Birkenfeld ne bénéficiera pourtant pas de la grâce américaine et passera par la case prison. Ingrate Amérique ! Pas tant que cela, en vérité.

Hier, les avocats du banquier annonçaient qu’il avait obtenu 98,3 millions de francs suisses [104 millions de dollars, soit 80,8 millions d'euros] de récompense pour sa fructueuse collaboration. On sait peu de choses sur les conditions de détention du banquier. Quoi qu’il en soit, son séjour en cellule fut extrêmement lucratif : 80 000 francs suisses [66 000 euros] par jour, en comptant une (in)activité sept jours sur sept. Sans bonus, il est vrai.

Nous nous sommes indignés des pratiques bancaires honteuses qui ont jeté l’opprobre sur toute la Suisse. Mais avouons que cette façon de récompenser l’escroc, de l’adouber, mieux de le blanchir, comme on blanchissait l’argent sale, n’est pas moins scandaleuse. Le métier de banquier n’a plus vraiment d’avenir, dit-on. Essayez donc vendeur de CD en Allemagne [l'administration du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a acheté plusieurs CD contenant des informations bancaires en vue de faire la chasse aux évadés fiscaux] ou "balance" d’infos sensibles aux Etats-Unis ! L’Etat receleur offre toutes sortes de nouveaux business models.

Source Courrier International

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