lundi 13 février 2012

Billets-Dominique Souchier



Dominique Souchier  "C'est arrivé cette semaine" 

Mise à jour : dans un communiqué publié ce 4 février, la Société des Journalistes d'Europe 1 a apporté tout son soutien à Dominique Souchier. La SDJ écrit notamment : "priver Dominique Souchier d'invités politiques, c'est dévitaliser ses émissions, leur faire perdre leur sens le plus profond : celui de replacer le discours politique au cœur d'une réflexion et au cœur de la société, comme Dominique l’a toujours fait lors des précédentes campagnes électorales".

Samedi 4 févier, juste avant 10h, Dominique Souchier s'apprête à conclure l'une de ses deux émissions hebdomadaires, C'est arrivé cette semaine. Puis lance, d'une voix brisée : « Denis Olivennes et Arlette Chabot m'ont demandé de ne plus recevoir d'hommes et femmes politiques jusqu'à l'élection présidentielle, contrairement à ce que je fais chaque semaine depuis 15 ans. (...) Je ne comprends pas cette décision. Elle me meurtrit, parce que je me fixais précisément comme challenge de mêler dans la même émission ceux qui observent, ceux qui réfléchissent, ceux qui agissent et ceux qui font de la politique. Cet exercice là n'est plus possible, je décide donc de l'arrêter . » Le journaliste est au bord des larmes. Et tandis que le réalisateur envoie la musique du générique, il continue de parler, remerciant celles et ceux qui ont travaillé à ses côtés toutes ces années.

Aussitôt, la nouvelle se répand sur la Toile, et les messages de soutien affluent - de la part d'auditeurs anonymes, mais aussi de personnalités médiatiques comme Nicolas Demorand, Anne Sinclair ou Valérie Trierweiler. Du côté de la direction d'Europe 1, personne, visiblement, ne s'attendait à une telle réaction. Sur Twitter, Denis Olivennes se dit : « stupéfait et profondément attristé par la décision inattendue et incompréhensible de Dominique Souchier. Résolu à le faire changer d'avis. » Arlette Chabot, directrice de la rédaction que nous avons joint ce matin, assure être « tombée de l'armoire (...) Ce que nous lui avons demandé, c'est de ne plus recevoir de personnalités dont les propos sont décomptés par le CSA dans le cadre de la campagne électorale. Pour des raisons de lisibilité, ces invités seront reçus dans nos rendez-vous politiques stricto sensu. Cela ne durera que le temps de la campagne, et Dominique n'est pas le seul concerné : les émissions de Wendy Bouchard, Michel Field ou Olivier Duhamel le sont aussi. Avec eux, ça ne pose pas de problème ».

L'annonce du départ de Dominique Souchier tombe mal pour Europe 1, dont le climat social s'est sérieusement tendu ces dernières heures - menace de grève à l'appui. Elle rappelle aussi les déclarations fracassantes d'une autre grande voix de la station, Pierre-Louis Basse, qui assurait l'an dernier avoir été écarté de l'antenne pour des raisons politiques.

Nous avons pu joindre Dominique Souchier, alors que l'annonce de son départ n'en finissait plus de susciter des réactions sur les réseaux sociaux. Aude Dassonville a recueilli ses toutes premières explications.

Quand avez-vous pris la décision de jeter l’éponge ?
La semaine dernière (celle du 30 janvier au 5 février, NDLR). J’étais souffrant. On a indiqué à mon remplaçant qu’il n’était plus question que cette émission accueille des invités politiques. C’est mon assistante qui m’a fait part de cette décision, par SMS. Moi, personne ne m’a prévenu. Quand je suis revenu, lundi, j’ai envoyé un mail à Denis Olivennes pour lui dire que je ne comprenais pas, et que je ne saurais l’accepter. Que si cette demande demeurait, j’en serais meurtri. Ensuite, ma décision s’est imposée au fur et à mesure de la semaine. Il ne faut pas traîner ces trucs-là.

Arlette Chabot, la directrice de la rédaction, dit que la sentence est la même pour toutes les émissions de programmes, qu’il s’agisse de Mediapolis ou du Forum Citoyen
C’est se moquer du monde… Pour commencer, cela fait plus d’un an que Michel Field et Olivier Duhamel ne reçoivent plus de politiques dans leur émission. Ensuite, qu’est-ce ce que ça veut dire, « une émission de programmes » ? Moi, je fais une émission sur l’actualité, je fais de l’info, point. Enfin, depuis quinze ans que cette émission existe, je crois que j’ai montré que je savais ce que c’était, « respecter les équilibres ». Cette semaine, j’ai préparé mon émission comme d’habitude. Avec un invité politique. Elle m’a demandé de l’annuler, j’ai refusé, elle l’a fait elle-même.

Ce renoncement aux invités politiques n’aurait duré que deux mois…
Mais après la présidentielle, il y a les législatives ! Et puis après, on me dira quoi ? Qu’il y a trop d’intellectuels dans mon émission ? Quand ça commence comme ça, il n’y a plus d’émission possible. Et qu’on ne vienne pas me dire que je ne supporte pas une humiliation, ou que je fais ma cocotte…

Denis Olivennes est immédiatement venu vous voir, ce matin, après votre annonce… Que vous a-t-il dit ?
Que c’était absurde, que je devais réfléchir, revenir sur ma décision… Mais j’ai dit que l’émission s’arrêtait, elle ne recommencera pas. Je ne fais pas du music-hall. Si lui et Arlette Chabot tenaient tant à cette émission, ils n’avaient qu’à l’écouter avant.

Source Télérama Aude Dassonville et Valérie Lehoux

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