jeudi 18 janvier 2024

Infos santé : Sport et Santé-Cœur de sportive



Cœur de sportive

Mesdames, votre cœur n’est pas  celui d’un homme ! Ses maladies et ses performances ne sont pas identiques. Votre bilan médico-sportif  et votre entraînement doivent être différents ! Explications et conseils !

Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
Docteur Laurent UZAN, cardiologue du sport.

Votre mari, vos copains courent plus vite que vous … et sans effort particuliers ! Sur les stades comme dans les entreprises vous souffrez d’injustices ! Heureusement, cette supériorité apparente cache quelques faiblesses !

  • Le cœur des femmes est moins sensible !
Mesdames, vous présentez deux fois moins de «cardiomyopathie hypertrophique». Cette malformation  correspond à un épaississement du muscle  cardiaque. A l’effort, elle est parfois responsable de crampes du cœur gravissimes ! Vos valves, les soupapes qui séparent les différents compartiments du cœur, s’abîme 2 fois moins souvent.  Jusqu’à la ménopause, vous faites 3 à 4 fois moins de  crise cardiaque que les hommes. Il faut remercier vos hormones sexuelles qui assouplissent vos artères et limitent l’accumulation de mauvais cholestérol. De façon logique, pour 100 morts subites pendant le sport, on trouve 90 hommes et 10 femmes. Cependant, vous dilapidez vos privilèges quand vous fumez ! Votre risque redevient comparable à celui des hommes quand vous associez tabac et pilule ! Dommage ! Après la ménopause, vers 54 ans en moyenne, la production d’hormone féminine protectrice s’arrête et le risque d’infarctus augmente. Il rattrape rapidement celui des hommes. Une femme et un homme de 70 ans ont la même probabilité d’être victime de cet accident cardiaque grave. Ainsi, les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité féminine. Heureusement, tout au long de votre vie, comme chez l’homme, le sport divise par 2 à 3 le risque d’infarctus ! A partir de 4 heures par semaine d’entraînement, la fréquence des morts subites à l’exercice diminue. Selon une étude menée par le Docteur JOUVEN, elle est identique chez les sédentaires et celles qui pratiquent entre 2 et 4 heures chaque semaine. Elle augmente lorsque la durée de l’activité sportive hebdomadaire  est inférieure à 2 heures. Dans ces circonstances, il semble que, par manque d’habitude, la sollicitation cardiovasculaire stresse plus le cœur qu’elle ne le renforce !

Le cœur des femmes est protégé par leurs hormones. Une épreuve d’effort est conseillée après la ménopause.

  • Un bilan médico-sportif féminisé
Jusqu’à 50 ans, votre aptitude cardiovasculaire est confirmée par une visite médicale annuelle. Elle inclut notamment un interrogatoire rigoureux recherchant des symptômes évocateurs de maladies cardiaques. Les signes habituels sont les pertes de connaissance, les  malaises, les palpitations ou les douleurs dans la poitrine. Cependant, mesdames, vous  ressentez les choses parfois différemment : irradiations dans le cou  ou les bras, brûlures d’estomac,  nausées, vomissements, difficultés respiratoires, faiblesse musculaire. Ces manifestations survenant à l’effort sont également intrigantes pour le cardiologue du sport ! L’examen comprend un électrocardiogramme de repos lors du premier bilan puis tous les 2 ans en cas de compétition. Cet examen tente de détecter des malformations du cœur et des anomalies dans la transmission électrique de l’ordre de contraction. Alors que l’épreuve d’effort est conseillée après 40 ans chez le sportif, chez la femme, elle ne se révèle nécessaire qu’après la ménopause, au-delà de 55 ans. Elle consiste à monter sur un vélo immobile et à pédaler progressivement jusqu’au maximum de vos possibilités. Simultanément, un électrocardiogramme surveille l’activité électrique de votre cœur. Il recherche des indices de mauvaise oxygénation  par obstruction partielle des artères entourant le muscle cardiaque.

Parcours de l'onde électrique et phases de la contraction cardiaque - effets sur l'électrocardiogramme

  • Un moteur moins puissant …
La puissance de votre cœur, la fameuse « VO2 max » ou « consommation maximum d’oxygène »est plus faible que celle des hommes. En moyenne, vous atteignez votre fréquence cardiaque maximum en courant à des vitesses 10 à 15% inférieures. Chez les athlètes masculins de haut niveau cette allure correspond à 24 km/h contre 21 km/h pour leur homologue du «sexe lent». De surcroît, votre petit moteur est contraint de « tourner plus vite » ! Vous présentez un rythme cardiaque maximum un peu plus élevé, classiquement (225 – âge en années) contre (220 –âge en années) pour les hommes. Plusieurs paramètres justifient ces constatations. Votre cœur est plus petit et grossit moins avec l’entraînement. En effet, en l’absence d’hormones mâles anabolisantes,  la construction des protéines et des muscles est moins stimulé. Pour les mêmes raisons mais également à cause des règles, vous avez moins de globules rouges circulant dans votre sang : 14 grammes en moyenne pour 100 millilitres contre 15 chez un homme. Vous manquez de transporteurs d’oxygènes entre vos poumons et vos muscles ! Vous brûlez moins d’énergie !  Mesdames, vous sacrifiez aussi la performance à la beauté ! En effet, vos jolies courbes féminines s’expliquent par une adiposité un peu plus élevée que les celles des hommes. 25% de votre corps est constitué de graisse contre 15% en moyenne chez l’homme. Au final, en filant la métaphore automobile, j’aurai l’audace de vous expliquer que le poids de la carrosserie augmente alors que celui du petit moteur musculaire diminue d’autant ! Le rapport poids puissance en pâtit, la vitesse maximum aussi !


  • Un moteur plus résistant et plus économique !
Cette différence de niveau entre hommes et femmes s’émousse quand la distance augmente ! Les records mondiaux l’illustrent bien. L’écart est d’environ 12% pour le 1500 et le 10 000 mètres. Il tombe à 9% au marathon et s’effondre à 5% à l’occasion du 100 kilomètres. Mesdames vos hormones féminines vous confèrent une souplesse plus importante. Les membranes musculaires, les aponévroses, se laissent distendre plus aisément, vous faites moins de micro déchirures musculaires, vous êtes moins sensibles aux courbatures. Vos muscles s’abîment moins, ils fonctionnent plus longtemps correctement ! Votre climat hormonal favorise également l’utilisation des graisses. A intensité identique vous brûlez plus de lipides que les hommes. C’est à 52% de votre fréquence cardiaque maximum que votre consommation d’acide gras diminue au profit du glucose contre 45% chez les hommes. Vous économisez d’autant votre sucre musculaire ou « glycogène » et vous tenez plus longtemps ! Certains mentionnent aussi un meilleur contrôle de la déshydratation et de la température corporelle. Mesdames, vous évacuez la  chaleur produite par la contraction musculaire plus par ouverture des vaisseaux  situés dans la peau que par sudation. A l’effort, les femmes ont tendance à rougir rapidement alors que les hommes transpirent. Vous êtes moins trapu donc plus longiligne vos collègues masculin. De fait,  votre surface cutanée est plus importante et la « vasodilatation périphérique » est efficace pour vous refroidir ! Pour le même exercice, l’homme perd de l’eau et des minéraux. Sa température corporelle s’élève plus nettement. Voilà qui limite parfois sa tolérance aux activités très prolongées !


  • Adaptez votre entraînement
Avant la ménopause, votre cœur est protégé … sauf quand vous cumulez tabac et pilule ! Arrêtez de fumer !  Vos points faibles sont le manque de muscle, l’usure des cartilages, le risque d’ostéoporose et de chute l’âge venu !  Quitte à limiter un peu le travail cardiovasculaire, optez pour des entraînements variés sollicitant aussi votre squelette et votre équilibre. Ne vous contentez pas de natation, d’aquagym ou de vélo ! Courez, faites du tennis, dansez, participez à des cours collectifs où s’associent, travail du cœur, réceptions et renforcement musculaire ! Après la ménopause, augmentez un peu les sports d’endurance pour préserver votre cœur. L’idéal est de pratiquer plus de 4 heures par semaine. Les os et les articulations fragilisées doivent être plus subtilement sollicitées et entretenues. La randonnée, la marche active, le footing, la danse et le tennis sont encore les bienvenus. Pour limiter le risque de fracture de fatigue, la somme des activités à impact ne doit pas dépasser 6 heures hebdomadaire.  Afin d’éviter l’aggravation de votre arthrose, limitez-vous à 30 à 40 km de footing par semaine. Vélo, natation, aquagym et cardiotraining sur appareil complètent le travail cardiovasculaire. Tout au long de votre vie de sportive, optimisez encore votre thermorégulation. Puisque vous transpirez peu, pensez à vous asperger. Mouillez votre maillot, notamment en compétition ! L’eau versée s’évaporera en utilisant la chaleur du sang passant dans votre peau. Vous serez encore plus à l’aise ! Enfin, le suivi quotidien de sportives, m’amène à un dernier conseil ! Attention aux séances mixtes ou en couple. Vous cherchez à maintenir le rythme ! Vous êtes dans toujours un peu dans le « rouge » ! Insidieusement, vous surentraînez, vous vous épuisez ! Suivez monsieur lors de sa séance de récupération! Au cours des longues sorties, mettez-lui un sac à dos. Dosez le handicap jusqu’à ce qu’il reste à vos côtés sans trépigner !  Pendant les séances de fractionné, laissez le faire des « allers-retours» … un peu comme un épagneul breton ! Les amoureux passionnés de vélo peuvent investir dans un tandem, c’est très sympa ! Dans d’autres circonstances, entraînez-vous à votre rythme éventuellement accompagnée d’une copine de votre niveau !

 

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