dimanche 24 mars 2013

Billets-Les Affaires…


Les Affaires… Droite ou gauche, personne n'est épargné !

François Hollande a fait de la lutte contre la corruption l'un de ses chevaux de bataille. Pourtant, la gauche, tout comme la droite, est visée par la justice.

L'avènement de l'ère Hollande n'y aura rien fait : du ministre du Budget à Christine Lagarde, les affaires continuent d'éclabousser indifféremment droite et gauche à Paris. Comme au temps de Sarkozy.
Aujourd'hui la droite. Hier la gauche. Il en va ainsi : à Paris, les perquisitions au domicile de Christine Lagarde, l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, dans le cadre de l'affaire Tapie, sont une épine dans le pied de l'actuelle directrice générale du Fonds monétaire international. La veille [le 20 mars], on apprenait la démission du socialiste Jérôme Cahuzac, jusqu'alors ministre du Budget, soupçonné d'évasion fiscale [et de blanchiment de fraude fiscale] dans de bien commodes paradis offshore. Les "affaires*", comme on les appelle en France, ne font pas de distinction entre droite et gauche.
Pendant la campagne électorale de François Hollande, la gauche avait insisté lourdement sur ce point : avec nous, finie l'époque des manigances, de l'argent facile, du copinage. A dire vrai, les socialistes n'ont pas été épargnés par les affaires par le passé. A l'époque de l'opération "mains propres" à la française, voilà dix ans, celle qui était alors juge de choc, Eva Joly, s'en était pris tout particulièrement à Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères et jadis intime de François Mitterrand. Sans oublier l'affaire Strauss-Kahn.
A l'heure de la présidentielle, toutefois, François Hollande a pris ses distances avec ce dernier. Et si le chef de file socialiste a remporté l'élection, c'est aussi grâce à la "volonté de faire le ménage" qu'on lui prêtait après l'ère Sarkozy, l'ami des puissants - et notamment des patrons. L'affaire* qui aura le plus marqué l'imagination collective, en mal, est l'affaire Bettencourt.
Pendant des années, la vieille dame aurait été victime d'"abus de faiblesse" de la part de son entourage afin d'obtenir des financements destinés à Sarkozy, qu'elle connaissait depuis des années, et à sa formation politique. L'instruction est encore en cours mais, quelle qu'en soit l'issue, l'opinion publique française a été marquée par les écoutes téléphoniques relayées par les médias, qui montrent que, pendant des années, la milliardaire a été l'otage de personnages liés de près ou de loin à l'ancien président.

  • Pas de jaloux
Nous l'avons vu, Hollande a fait de la lutte contre la corruption l'un de ses chevaux de bataille. Or, avec le cas Cahuzac, les socialistes se trouvent à leur tour empêtrés dans les affaires*. L'influent ministre du Budget (mais aussi chirurgien esthétique, qui a fait fortune dans la greffe de cheveux, grâce aux clients de la bonne société parisienne), est accusé d'avoir détenu, au moins jusqu'en 2010, un compte bancaire en Suisse, où il aurait placé une partie de ses capitaux pour éviter de verser de lourds impôts dans son pays.
Le parquet de Paris vient d'ouvrir une information judiciaire. Si Cahuzac a toujours martelé qu'il était innocent, qu'il n'avait jamais ouvert de compte bancaire à l'étranger et qu'il démissionnait "pour mieux [se] défendre", les premiers éléments de l'enquête, publiés par les médias, écoutes téléphoniques comprises, sont à charge et pour le moins embarrassants.
Vingt-quatre heures ne s'étaient pas écoulées depuis sa démission (dans la série "on ne fait pas de jaloux") que resurgissait une vieille histoire (assez embarrassante elle aussi) impliquant cette fois un personnage de droite, Christine Lagarde. L'actuelle directrice du Fonds monétaire international était à la tête du ministère de l'économie en 2007 et ce fut elle qui confia le règlement de l'affaire Adidas à un tribunal arbitral en lieu et place de la justice ordinaire. Grâce à la décision de Christine Lagarde de passer la patate chaude à un tribunal arbitral, une instance juridique privée, (une décision déjà très controversée à l'époque, et peut-être liée à des pressions émanant de Nicolas Sarkozy), Bernard Tapie a obtenu une indemnité record de 403 millions d'euros. Si l'on soustrait ce qu'il devait au fisc, Bernard Tapie a empoché la coquette somme de 240 millions d'euros. Et voilà qu'aujourd'hui, dans le cadre d'une enquête sur l'affaire, le domicile de Christine Lagarde vient d'être perquisitionné par surprise. De quoi rappeler que le problème des affaires est transversal en France. Nul n'est épargné. Un jour à droite, un jour à gauche.

Dessin de Vlahovic 

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