Claquage du mollet
Vous souffrez d’un claquage du mollet. Votre
médecin a fait le diagnostic. Découvrez l’intérêt de l’auto-rééducation pour
compléter vos séances de kinésithérapie.
Avec la collaboration de Cédric DUPUIS,
kinésithérapeute du sport.
Bien
qu’une récupération rapide vous tienne à cœur, vous n’avez peut-être pas le
temps d’allez chez votre kinésithérapeute trois à quatre fois par semaine. Il
est possible de limiter la fréquence des séances en réalisant de
l’auto-rééducation à domicile. Ce programme vous aide à retrouver un bon
fonctionnement musculaire. Ainsi, en 6 à 8 semaines, votre mollet retrouve la
force, la souplesse et l’élasticité pour courir, accélérer, sauter et même
monter au filet !
- Adopté le GREC ! Glace, repos, élévation, compression.
Glace
Si votre
mollet est gonflé, glacez le au moins 3 fois 20 minutes par jour.
N’oubliez pas de protégez votre peau avec un linge, typiquement une serviette
éponge. Le froid ferme les vaisseaux et réduit les saignements.
Repos
Réduisez
vos activités pour éviter d’avoir mal. Afin de détendre le mollet, portez
des chaussures à talons. Les femmes sont avantagées ! Les hommes peuvent
choisir des «joggings» et même y ajouter des talonnettes. En cas de douleurs
très intense à la marche, vous pouvez, pendant quelques jours, vous déplacer en
«appui protégé». Vous posez le talon et vos deux cannes anglaises
simultanément. Vous déroulez le pas puis vous poussez à la fois avec les
béquilles et le pied. L’immobilisation et l’absence d’appui sont
contre-indiquées. Votre hématome pourrait former une croûte qui provoquerait
des adhérences musculaires anarchiques sources de raideur, de douleur et de
récidive. Sans compter que la stagnation du sang pourrait être à l’origine d’un
caillot dans une veine, la fameuse phlébite !
Elévation
La
rééducation ressemble à la plomberie ! Pour favoriser le drainage de
l’hématome, mettez dès que possible votre cheville plus haute que votre hanche.
La nuit, placez des livres sous les pieds de votre lit. Cette méthode est plus
efficace que les oreillers sous le talon car la grosse veine située en avant du
bassin ne fait pas de pli, elle ne perturbe le retour du sang.
Compression
Comprimez
avec une bande circulaire la zone gonflée limite l’expansion de l’hématome.
Néanmoins, il est plus efficace et moins dangereux pour la circulation
d’enfiler des chaussettes de contention ou de « récupération ». Les
premières exercent une pression décroissante de la cheville jusqu’à l’arrière
du genou, les secondes du bas vers le haut du mollet. Toutes deux
favorisent le drainage de l’hématome. Attention, ces chaussettes ne sont utiles
qu’en position debout car les veines sont dilatées par le poids du sang. Il
faut les enlever la nuit pour ne pas écraser les petits vaisseaux sanguins.
- Contractez, étirez votre muscle !
Le
travail progressif du muscle est indispensable pour obtenir une belle
cicatrice. Dans un premier temps, de simples contractions, pied dans le vide,
créent des variations de pression qui contribuent au drainage de l’hématome.
Plus tard, un travail contre résistance et des étirements doux sont les
bienvenus. Conformément aux exercices proposés, il faut petit à petit augmenter
la charge, l’amplitude et la vitesse du mouvement. Ces mises en tensions
éveillent les jeunes cellules musculaires situées en périphérie du tissu lésé.
Elles contribuent à la production de fibres élastiques au sein des nouvelles
enveloppes du muscle.
Une
sollicitation dosée et progressive contribue à la formation d’un tissu
musculaire de qualité.
En
l’absence de stimulation, peu de muscle se reconstitue, la cicatrice n’est que
la croute et la fibrose provenant de l’hématome. Elle colle et fait mal
lors de la reprise d’activité. Rigide et cassante, elle est à l’origine de
récidive. Attention néanmoins ! Si une activité croissante permet une
adaptation et une «mécanisation» de la cicatrice, des mises en tension
trop énergiques entretiennent la lésion. Allez-y peu à peu, aucun exercice ne
doit être douloureux !
Dès les premiers jours
Exercice 1 : Couché sur le ventre, pied dans le vide, étendez puis
ramenez la pointe du pied lentement. Profitez-en pour gagner en amplitude et
mettre le mollet légèrement en tension. A l’inverse, réalisez également de
petits mouvements plus rapides afin de stimuler le drainage de l’hématome.
Quelques jours plus tard, selon vos sensations
Exercice 2 : Assis, pied posés au sol. Montez et descendez lentement
les talons. Dans cette position, genoux fléchis, les mollets sont peu tendus,
on limite la mise en tension de la cicatrice. On travaille la force plus
sereinement.
Pour
accroitre les résistances, posez les mains ou un sac sur les cuisses. Vous
pouvez aussi croiser les jambes et placez votre pied opposé sur le genou du
côté blessé.
Pour
chacun de ces exercices, faites 6 à 30 mouvements plusieurs fois par jour. Dès
que vous y parvenez avec aisance augmentez la charge.
Exercice 3 : Allongez-vous sur le dos. Passez une écharpe sous votre
pointe de pied. Tirez doucement et ramenez vos orteils vers votre visage, juste
sous le seuil douloureux. Conservez la position 10 secondes puis réduisez la
tension quelques instants. Renouvelez l’opération 2 à 5 fois. Effectuez cet
enchaînement au moins 3 fois par jour.
Dessin Mathieu Pinet
Dans les semaines qui suivent, selon vos sensations
Exercice 4 : Debout, en appui sur les 2 jambes, montez sur la pointe
des pieds. Redescendez doucement. Commencez, en vous appuyant plus du coté
sain. Au fil des jours, basculez votre poids de plus en plus du coté blessé.
Deux à trois semaines plus tard, vous vous soulevez exclusivement avec le
membre lésé. Vous pouvez passer aux exercices 5 et 6.
Dessin Mathieu Pinet
Exercice 5 : Il s’agit d’un mouvement voisin de l’exercice 4 mais vos
mains sont en appui sur un mur et vos talons en sont écartés. De fait, vous
réalisez le geste sur une plus grande amplitude et la descente du talon
s’associe à un étirement de votre mollet. Restez en position basse une dizaine
de secondes puis remontez doucement. Pour progressez, appuyez vous de plus en
plus sur le membre blessé et éloignez peu à peu vos pieds du mur.
Exercice 6 : Assis en bord de chaise, réalisez un mouvement
«élastique». Effectuez des montées de genoux. Décollez puis reposez vos
pointes de pied. Travaillez l’amorti et la relance. Vous renouez en douceur
avec la mécanique du saut.
- Réentraînez votre muscle et gardez la forme !
Marchez : Abandonnez vos béquilles dès que possible. Réduisez
petit à petit la hauteur de vos talons. Limez un peu chaque jour vos
talonnettes en liège. Augmentez au fur et à mesure la durée et la vitesse de
vos trajets. Dans les escaliers, commencez par monter pied à plat puis laissez
progressivement votre talon dans le vide.
Pédalez. Sur vélo de salle, vous dosez très aisément votre
effort. Votre poids repose sur la selle. Votre cheville bouge très peu, le
mollet travaille de façon statique. L’absence de mise en tension permet
d’entretenir l’endurance de vos muscles et de votre cœur. Rapidement, vous
pouvez «écraser» le talon pour créer un peu en tension votre mollet. Plus tard,
pédalez en danseuse pour mettre du poids sur vos pieds et retrouver un geste
voisin de la course.
Nagez, faites de
l’aquajogging. Dès que vous pouvez déambuler
pied à plat, allez à la piscine. Nagez ! Le crawl ne tire pas sur le
mollet. La brasse permet un mouvement drainant sans la contrainte du poids de
corps. Au début, ne poussez pas lors du demi-tour sur le mur. Attention à la
crampe ! Ne forcez pas trop et prenez quelques gorgées de boisson de
l’effort toutes les 10 minutes. Accroché à deux frites d’aquagym, courez sans
appui dans l’eau. Plus tard, avec l’aide d’Archimède, sautillez dans l’eau.
Réduisez peu à peu la profondeur pour accroître la charge.
Trottinez, courez,
sautez. Un bon mois après le traumatisme,
chaussez vos joggings. Pour quelques entraînements, remettez une petite
talonnette … des deux côtés pour éviter les douleurs vertébrales.
Echauffez-vous au moins dix minutes en marchant de plus en plus vite, ne vous
étirez pas. Continuez en alternant marche et trottinement. Augmentez peu
à peu la durée et la vitesse de la course. Faites vos assouplissements en fin
de séance. Après 6 semaines, débutez les accélérations progressives. Intégrez
quelques déplacements latéraux plus toniques. A 2 mois environ, vous pouvez
souvent courir, sprinter, sauter ! La compétition est possible ! Vous
avez oublié votre mollet !
- Un claquage du mollet, c’est quoi ?
Un
claquage du mollet est une déchirure musculaire. Il porte également le nom de
«tennis -Leg». C’est une blessure typique du tennisman quadragénaire, mal
échauffé ou fatigué qui tente de récupérer un amorti ! En fait, elle
survient aussi lors de la course, des accélérations et des sauts. Dans ces
circonstances, le talon part vers le sol suivi du tendon d’Achille et des
membranes musculaires. Les fibres se contractent vigoureusement et remontent.
La zone de jonction se déchire ! Des vaisseaux sont déchiquetés et il se
produit un saignement souvent à l’origine d’un volumineux hématome.
Lors de
ce mouvement traumatique, le tendon d’Achille est lui aussi
écartelé ! Il peut rompre ! Attention, le traitement ne
passe pas par une rééducation précoce et comporte souvent une intervention
chirurgicale. Le diagnostic doit être précis !
Source SantéSportMag