Le PS coulé
Le deuxième tour des élections a vu la victoire
du Front national de Marine Le Pen dans 10 villes. Il a surtout confirmé le
désaveu du gouvernement de François Hollande. Qui va devoir réagir très vite.
François
Hollande et Jean-Marc Ayrault, le 27 mars 2014 - AFP/Michel Euler
“Défaite historique pour les socialistes”, annonce le
quotidien de centre-gauche El País au
lendemain du deuxième tour des élections municipales en France. “Le
mécontentement de l’électorat et l’impopularité de François Hollande se fait
encore plus net qu’au premier tour”, poursuit le journal qui juge que le PS
sort “coulé” de ces municipales et que le Premier ministre fera sans doute les
frais de cette défaite, “comme bouc émissaire”.
La défaite
socialiste est d’autant plus marquante que “le centre-droit n’est pas dans une
situation flamboyante : l’UMP est divisée et a traversé une série de scandales
ces dernières semaines”. Enfin, El Pais revient
sur le score du Front National, “un indubitable succès personnel pour Marine Le
Pen”.
Le quotidien El Mundo, quant
à lui, parle de “débâcle de la gauche”. Il souligne que “la majorité
parlementaire n’a pas su contrer la crise en ses 22 mois au pouvoir”. “Hollande
n’a pas d’autre solution que de remanier son gouvernement pour dire aux
électeurs qu’il a compris le résultat des urnes.” “Paris aura à partir du 5
avril une maire espagnole”, se félicite enfin El Mundo en faisant
référence aux origines d’Anne Hidalgo, victorieuse dans la capitale.
C'est aussi cette victoire que retient The Guardian : "La
victoire de la socialiste Anne Hidalgo était la seule bonne nouvelle pour le
président François Hollande et son parti dans la tourmente." Une tourmente
que retient également The Times, qui
analyse le choix des "électeurs français comme une colère contre le
président Hollande et son administration socialiste."
En Allemagne, le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung explique que "depuis longtemps, les Français
s'occupent à s'étriper, craignent pour l'avenir et méprisent leurs hommes
politiques." Mais cette fois-ci, c'est pire : le gouvernement de François
Hollande fait face à un "Super-GAU", un "plus grand accident
envisageable", expression que les Allemands réservent aux pires accidents
nucléaires. "Les conséquences seront énormes", prévient la FAZ.
"L'autorité du président est déjà au niveau zéro. On peut douter qu'un
remaniement suffira pour faire changer d'avis les Français à son sujet."
A Bruxelles, Le Soir prévient
que "Hollande devra reconstruire après la rupture". Le quotidien de
Bruxelles écrit qu'il faut changer de lecture face au vote Front national : “Un
tiers des Français se reconnaissent dans les idées de Marine Le Pen. Parmi
lesquels de nombreux jeunes. Ceux-là ne sont plus réceptifs aux codes anciens
du combat anti-fasciste. Ils n’ont connu ni Hitler ni Franco. Dresser devant
eux ces épouvantails n’a plus d’effet. C’est un travail, une place dans la
société qu’ils veulent. Et ce sont leurs peurs – celle de l’autre, de
l’étranger, de l’ouverture – qu’il faut d’urgence apaiser.” Un message de plus
que devra savoir décrypter François Hollande, qui doit envoyer un message à ses
électeurs déçus : “Ce week-end, une partie de la gauche a rompu avec son chef.
Pour reprendre le mot qu’il utilisait à propos de sa vie privée, Hollande va
devoir d’urgence "clarifier" sa situation.”
A Genève,
Le Temps revient
lui aussi sur la déroute de la gauche : “Malgré les appels pressants de la
majorité, les électeurs de gauche ne se sont pas rendus massivement aux urnes
pour sauver leur camp de la débâcle.” Le quotidien rappelle que les conditions
pour une victoire du gouvernement socialiste n'étaient pas vraiment réunies :
“La semaine écoulée n’a pas non plus incité les électeurs de gauche à se
mobiliser : elle a commencé par une réaction initiale de déni des résultats,
suivie d’un manque de sursaut ; elle s’est poursuivie par les mauvais chiffres
du chômage tombés [le 26 mars] (3,34 millions de personnes, un record) ; [...]
écœurée et en colère, la gauche de la gauche, enfin, n’a en rien été rassurée
par les déclarations de la porte-parole du gouvernement et de ministres
affirmant que le président de la République ne modifierait pas le cap de sa
politique sociale-démocrate.”
Source Courrier International