Quand et pourquoi consulter un ostéopathe ?
Le corps humain est composé de deux systèmes: un système externe et un système interne. Le système externe comprend les muscles, les articulations, les vertèbres, les ligaments, les os, etc. Le système interne comprend le système vasculaire, le système neurologique, le système digestif, les capteurs céphaliques, les aponévroses, les membranes et les fascias internes. Lorsque le problème se situe au niveau du système externe, la douleur est habituellement augmentée au moment de l'activité physique et diminuée par le repos. C'est une douleur mécanique souvent causée par un traumatisme direct, un mauvais mouvement, un effort inhabituel, une mauvaise posture, etc. La majorité des professionnels sont en mesure de corriger ce problème.
Lorsque le problème réside au niveau du système interne, la douleur se manifeste lors de position prolongée, au repos, la nuit ou tôt le matin. Cette douleur n'est habituellement pas soulagée par la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens. La douleur n'est généralement pas liée à une structure mécanique. Il n'y a généralement pas de facteurs traumatiques pouvant expliquer la cause de la douleur. Le système interne est énormément influencé par les différents conflits émotionnels et le stress que nous vivons.
Dans la majorité des problèmes fonctionnels de douleur chronique, la cause du problème réside souvent au niveau du système interne et c'est ce qui explique les plateaux de récupération que l'on rencontre avec les approches qui ne traitent que le système externe. Plusieurs professionnels, dont certains ostéopathes, ont une formation approfondie pour intervenir sur le système interne. Certains agents payeurs et organismes publics utilisent des expertises qui sont basées principalement sur le système externe. Alors, dans certains cas, le patient reste avec des séquelles de douleur chronique. Ces organismes auraient tout intérêt à intégrer dans leurs équipes multidisciplinaires des intervenants qui agissent sur le système interne pour optimiser leurs résultats. Ils auraient également tout intérêt à utiliser des formulaires spécialement conçus lors de l'évaluation initiale d'un patient par un professionnel afin de détecter rapidement les personnes à risque de devenir chroniques pour mieux les orienter vers la ressource appropriée.
D'une façon générale, lors d'un premier épisode de douleurs, les traitements du système externe sont généralement suffisants si la douleur est bien localisée. Par contre, dans le cas de problèmes chroniques ou récidivants, d'échecs thérapeutiques ou de douleurs diffuses, les traitements du système interne sont nécessaires. À ce moment, il faut questionner le patient sur tous ses antécédents et conditions associées depuis le premier épisode de douleur afin de mieux comprendre les adaptations qui ont eu lieu par la suite. Il faut évidemment s'assurer que le maximum d'éléments perturbateurs ait été enlevé.
Lorsqu'un patient consulte en ostéopathie, il se peut qu'il soit confronté à des explications et des propos moins familiers. C'est une école de pensée relativement nouvelle et certains ostéopathes et étudiants en ostéopathie ont parfois de la difficulté à expliquer au patient la complexité de l'origine de ses douleurs. Leurs propos ne sont pas toujours tout à fait justes et faciles à comprendre. De plus, les traitements semblent parfois inhabituels puisqu'ils agissent sur le système interne. Les gens peu familiers avec cette approche ou septiques en ressortent parfois avec une impression qu'il s'agit d'une médecine un peu ésotérique, alors que ce n'est pas du tout le cas. Il ne faut jamais juger une profession en se basant uniquement sur les propos ou les actes d'un seul individu. L'ostéopathie gagne beaucoup à être connue lorsqu'elle est bien pratiquée.
Il arrive parfois que le problème du patient soit expliqué par une cause viscérale ou crânienne puisque l'ostéopathie est une discipline qui aborde et traite les aspects viscéral et crânien. Ces deux termes font parti du système interne. Pour les personnes qui connaissent moins les problèmes viscéraux, je vais essayer de vulgariser et de simplifier la notion pour vous aider à mieux comprendre. Les différents viscères du corps (foie, rein, intestin, duodénum, estomac, etc.) sont en mouvement continuel à l'intérieur du corps et sont influencés surtout par la respiration. Normalement, un abdomen en santé doit être souple à la palpation. Si une région est indurée lors de la palpation, c'est qu'il existe des tensions tissulaires internes sous cette région, qui peuvent être source de problèmes. Les viscères sont tous reliés les uns aux autres par une membrane de tissu conjonctif (péritoine) qui est en continuité avec l'intérieur de la cage thoracique et avec la colonne vertébrale. Il existe un mouvement continuel des viscères à l'intérieur des cavités abdominale et thoracique. Ceux-ci étant tous reliés les uns aux autres, si un viscère est fixé pour une raison quelconque (après une chirurgie, une ptose, des adhérences, …), cela entraînera une mise en tension dans la membrane de tissu conjonctif qui le relie aux différents viscères et au squelette osseux. À moyen et long terme, cela engendrera des douleurs à distance. De plus, chaque viscère est innervé par une région de la colonne vertébrale (le système neuro-végétatif), y compris le crâne. Il peut y avoir formation de boucles réflexes indésirables somato-viscérales (système neuro-végétatif) avec des possibilités de douleurs dorsales, alors que la cause vient du viscère. Il faudra donc traiter ces points de fixité qui gênent le mouvement libre d'un viscère si on veut un résultat efficace et durable. Autrement, nous traiterons continuellement un même muscle ou une même vertèbre qui reviendra toujours en lésion et nous n'obtiendrons pas de résultats durables.
La perception du mouvement d'un organe peut être biaisée par la schématisation enregistrée au niveau du cortex cérébral lors de l'apprentissage. Cependant, même si l'interprétation de la perception par les mains de ce mouvement viscéral demeure discutable, il n'en reste pas moins que l'ostéopathe, comme d'autres professionnels, peut percevoir différentes densités tissulaires à la palpation et ainsi déceler un viscère ou une zone à traiter. Reconnaître la cause exacte n'est pas toujours une tâche facile mais, si l'on traite la bonne région, on augmente de beaucoup les chances d'aider le patient. Certains pensent à tort que l'on corrige le mouvement mécanique alors qu'en réalité, les effets vasculaire, proprioceptif, énergétique et neurologique imposés par les mains sont beaucoup plus importants que l'effet mécanique. Les résultats d'un traitement viscéral sont souvent impressionnants.
Le principe est semblable pour le crâne. À la naissance, le crâne d'un bébé est très malléable et est soumis à plusieurs contraintes lorsqu'il s'engage dans les voies vaginales de la mère; sans mentionner les interventions par forceps ou ventouse qui augmentent les contraintes et les compressions sur le crâne du bébé. Or, il arrive lors de naissances compliquées, qu'un os du crâne puisse être resté comprimé ou qu'une suture crânienne puisse être restée imbriquée. Cela pourra éventuellement mener à diverses complications. Dans ce cas, il est fortement recommandé de consulter un médecin et un ostéopathe spécialiste auprès des enfants pour vérifier l'intégrité du crâne et la motilité des os du crâne. Le terme motilité signifie « capacité d'une structure ou d'un organe à se mouvoir par lui-même ». La motilité représente la vitalité dans cette structure ou organe. Elle peut être perçue lors du ressenti palpatoire par l'ostéopathe. De plus, il faut s'assurer que les fonctions oraux-faciales de base soient adéquates. Il y a beaucoup de nerfs et de vaisseaux sanguins qui émergent par les différents trous de la base du crâne et qui sont responsables de l'innervation et de la vascularisation de la tête, du visage, du cou, des membres supérieurs, du thorax et des viscères. Même si les os du crâne se fusionnent à l'âge adulte, il persiste tout de même une certaine malléabilité que l'ostéopathe nomme motilité. Tout comme l'explication au niveau viscéral, même si l'interprétation de cette perception de motilité des os du crâne reste discutable, l'ostéopathe peut percevoir différentes densités ou certains ralentissements qui le guideront vers une région à traiter. Il ne fait maintenant aucun doute qu'en libérant certaines sutures et orifices crâniens, l'ostéopathe parvient à soulager et enrayer plusieurs symptômes et douleurs chroniques au niveau de la tête, du cou, du dos, des membres supérieurs et des viscères. Ces manoeuvres crâniennes provoquent un effet vasculaire, neurologique et énergétique très important dont les bienfaits sont incontestables. Voici donc les indications d'une possibilité d'une cause crânienne ou viscérale (système interne):
-Douleurs au repos, non influencées ou diminuées par l'activité physique. Douleur la nuit ou au réveil qui diminue lorsqu'on s'active. Lorsqu'aucun mouvement ne reproduit la douleur et lorsqu'il n'y a pas de position qui soulage la douleur.
-Douleurs persistantes suivant un traumatisme crânien, un coup au visage ou un accident de voiture, même si cela survient à l'âge adulte.
-Lors de cicatrices abdominales ou thoraciques, il y a souvent une implication du système interne. Comme les césariennes sont de plus en plus fréquentes, n'oubliez surtout pas, mesdames, de travailler votre cicatrice.
-Une dysfonction crânienne peut survenir après un coup direct sur la tête, à cause de l'utilisation de forceps à la naissance, à cause d'un casque ou un chapeau trop serré, lorsque quelqu'un serre les dents la nuit, lors de problèmes dento-manducateurs ou lors d'une chute sur le coccyx non traitée. Les signes et symptômes sont multiples et méritent une attention particulière (maux de tête, étourdissements, vertiges, acouphènes, problème de gorge, paresthésies au visage, douleurs cervicales chroniques alors que l'amplitude articulaire est complète, tensions des trapèzes supérieurs qui persistent car l'innervation du trapèze vient du 11 e nerf crânien, etc.).
Pour tout problème du système interne, consultez toujours votre médecin et, parallèlement, vous pouvez consulter un professionnel qui traite le système interne.
Source Sébastien Plante, ostéopathe