mardi 30 mai 2023

Billets-Oser prendre des risques

 

Oser prendre des risques 


Comment puis-je atteindre la confiance en moi si je veux toujours une main supérieure qui me soutient ?

La confiance en soi peut souvent être d’une grande aide pour atteindre le bien-être. Elle permet d’éprouver moins d’inquiétude, d’envisager davantage de solutions aux problèmes que nous rencontrons, puisque nous nous faisons alors confiance pour les expérimenter, et même de mieux réussir dans les tentatives que nous choisissons. Avec elle, nous passons moins de temps à nous en faire, et davantage à nous attaquer aux causes mêmes de nos soucis.

Ainsi, s’il est vrai qu’il ne s’agit pas tant de stress d’origine externe que de nos propres réactions internes, alors la confiance en soi est l’un de nos meilleurs outils anti-stress. Or le stress, et son hormone le cortisol, présents de façon chronique,  sont mauvais pour la santé, et donc à éviter.

Plus facile à dire qu’à faire car, si je manque de confiance en moi, alors, à l’inverse, je ressens davantage le stress et j’ai moins de capacité à régler facilement mes problèmes, ce qui alimente ma faible confiance en moi, générant ainsi un cercle vicieux, ou, comme le diraient les anglophones, de catch 22 (ou situation de double contrainte).

Difficile de prétendre pouvoir, en un court billet, donner la recette miracle pour acquérir de la confiance en soi. Toutefois, il semble qu’elle puisse être approchée par divers chemins, comme par exemple :

  • voir dans toute situation une opportunité d’apprendre, comme le propose Dr Carol Dweck

  • la niaque, addition de la passion et de la persévérance, comme le propose le Dr Angela Duckworth


  • appréhender le monde dans son abondance plutôt que dans sa rareté, comme le propose Raj Raghunathan.

Ce ne sont là bien entendu que quelques pistes n’ayant point vocation à être La Voie de La Solution.

Il semble aussi illusoire d’espérer atteindre la confiance en soi en faisant l’économie d’une question centrale : puis-je y parvenir entièrement si je souhaite toujours une main supérieure qui me soutient ?

LE VÉLO SANS LES PETITES ROULETTES LATÉRALES
Pour comprendre la question, prenons un exemple qui nous est à tous familiers,  l’apprentissage du vélo pour un petit enfant. D’abord, on commence avec des roulettes latérales qui nous empêchent de tomber. Plus on va vite, plus l’effet gyroscopique des grandes roues permet au vélo de se tenir droit, sans l’aide des roulettes qui, alors, parfois, ne touchent même plus le sol. Vient alors le grand moment.

Papa ou maman enlève les roulettes latérales et nous voici face à l’un de nos moments à la fois le plus angoissant et le plus excitant, la perspective de jouir de la vitesse et de la joie de la bicyclette sans ces roulettes qui la restreignent. Se lance-t-on d’abord seul ? Non, rendons-nous dans n’importe quel jardin public, et nous assisterons, avec le sourire aux lèvres, à cette belle scène si familière, les premiers tours de pédale d’un enfant sans les roulettes de sécurité. Plus souvent qu’à son tour, on remarque, sur l’épaule de cet enfant, une main forte et rassurante, celle du parent qui encourage cette tentative.

Pensons-y quelques secondes, le petit cycliste est alors face à un dilemme : soit il ne va pas trop vite et cette main peut rester sur son épaule, et il ne risque rien, soit il pédale pour de bon, et atteint la vitesse qui rend le vélo si marrant ; mais alors la main sur son épaule ne peut plus suivre, et il risque de tomber et de s’écorcher non seulement le genou et le coude mais, pire encore, son amour propre. Ce risque est même garanti : c’est à peu près sûr que, tôt ou tard, il va se ramasser. Et alors il se relèvera et recommencera. À la fin, il saura faire du vélo, et peu de sensations sont plus agréables que celle là.

Derrière cette scénette, nous avons vu le petit bond en avant qui se produit quand nous laissons la confiance en soi prendre les commandes.

Or, dans nos vies actuelles, nous acceptons, et en fait nous appelons souvent de nos voeux, d’avoir toujours une main supérieure sur notre épaule supposée nous empêcher de tomber : dans la maladie, le chômage, l’ignorance, la vieillesse, et fondamentalement, pour nous protéger de tout risque. Notre société a évolué jusqu’au point où, pour faire face à toute incertitude, nous n’enlevons plus jamais les petites roulettes latérales. Plutôt que de le faire, nous exigeons que le pouvoir, les autorités, c’est-à-dire une administration, des politiciens, nous soutiennent en toutes circonstances, contre tout risque.

C’est parfois dommage, car dans chaque domaine, si l’on comptait avant tout sur nous-mêmes, nous trouverions souvent de meilleures solutions, nous offrant davantage de plénitude.
Pourquoi envisager sa santé ponctuellement, via un médecin ou un médicament, alors qu’avec un bon gros effort de recherche personnelle, nous pouvons prévenir la plupart des maux ?

Pourquoi vivre dans la crainte de l’inactivité alors que, si nous apprenons chaque jour de nouveaux savoir-faire, et nouons de nouveaux contacts de qualité, nous pouvons franchement parvenir à avoir toujours quelque chose à faire ? Pourquoi dépendre d’un monopole centralisé, un rien inhumain, pour l’école de nos enfants, alors que nous pouvons la créer, ou explorer toutes les options de la scolarité hors contrat ; alors que les ressources dans ce domaine, sur le web, déjà riches, vont exploser sous peu ? Pourquoi souhaiter une retraite qui menace de fondre comme neige au soleil et une maison de repos, alors que les possibilités de partage, avec la famille, des amis, des inconnus partageant nos passions, et une activité plus longue, que l’on adore, ont la possibilité de rendre nos vieux jours bien plus excitants qu’on ne le pense ?

Nous pourrions continuer sans fin ce questionnement, mais c’est sans intérêt, car ce sont là en fait une infinité de questions entièrement personnelles, sur la façon dont chacun, comme bon lui semble, pourrait être le meilleur, tout en ayant une vie la plus satisfaisante possible.

À chaque instant de notre vie nous revivons ce dilemme des petites roues latérales : est-ce que je veux garder la main des autorités sur mon épaule, et ne pas atteindre la plénitude de ce que je suis en train de vivre, ou bien est-ce que je veux laisser s’épanouir mon assurance, même s’il doit m’en coûter des écorchures ?

Si je veux pleinement atteindre ma confiance en moi, alors dois-je laisser un État-providence être impliqué dans chaque aspect de ma vie ? La réponse s’impose d’elle même.

Source contrepoints.org
Par Charles Boyer.

Ancien président de l'association liberaux.org et membre de l'équipe Contrepoints, C. Boyer est aussi un coureur de fond fin diététicien, amateur de bonnes bières et de gros cubes (automobiles).

Billets-Le jury de l'ENA décrit des candidats moutonniers, incapables de penser par eux-mêmes

 


Le jury de l'ENA décrit des candidats moutonniers, incapables de penser par eux-mêmes

Dans son rapport sur le concours d'entrée 2017, la prestigieuse ENA, école des haut fonctionnaires régulièrement critiquée pour perpétuer une forme de pensée unique, s'inquiète de manière particulièrement appuyée de l'incapacité des aspirants énarques à produire une réflexion originale, voire à penser par eux-même…

En 1967, Jean-Pierre Chevènement pointait dans un essai offensif les membres de "l'énarchie" comme des "mandarins de la société bourgeoise". Un-demis siècle plus tard, sans aller jusque-là, l'Ecole nationale d'administration - la fameuse ENA - se préoccupe enfin de la question du conformisme de ses étudiants. Ses craintes transpirent du rapport publié par l'école faisant le bilan de son concours d'entrée 2017.
Coordonné par la préfète Michèle Kirry, le jury y dresse sans langue de bois un bilan des épreuves écrites et orales sur lesquelles ont planché les 1.368 candidats aux différents concours d’entrée à l'ENA. Et le bilan n'est pas rose, malgré le haut degré d'exigence requis pour intégrer l'institution qui donne accès aux postes les plus prestigieux de la haute fonction publique.
Uniformité et références hors-sol
Concernant l'épreuve de droit, le jury pointe ainsi "une certaine unicité de vues entre les candidats", et même une "frilosité" qui empêcherait les aspirants énarques de "proposer une réflexion, une vision personnelle du sujet". Les correcteurs relèvent l'uniformité des candidats, qui préparent quasiment tous les concours dans les mêmes établissements, utilisent les mêmes références… et régurgitent donc les mêmes connaissances lors des épreuves. En clair : des clones ânonnant une pensée unique. "D’une manière générale et très regrettable, les candidats ont fortement tendance à construire leur devoir à partir de fiches toutes préparées par thèmes", regrette le jury, qui se désespère de "traquer l'originalité comme une denrée rare", alors que les candidats ambitionnent de devenir l'élite administrative de la nation
Parfois, les correcteurs s'amusent même du caractère monochrome des copies : ils croient parfois trouver une référence sortant du lot… "jusqu'au moment où elle apparaît dans les mêmes termes sous la plume de plusieurs candidats, trahissant la fiche de lecture". Lors de l'épreuve de questions européennes, pas moins de cinq individus ont ainsi utilisé l'interrogation de Henry Kissinger : "L'Europe, quel numéro de téléphone ?". Sauf que plusieurs se sont montrés "ensuite incapables d'expliquer et de justifier leur affirmation" !
Peut-être craintifs à l'idée de froisser le jury d'une école déjà réputée pour son conformisme, les candidats à l'ENA ont également été très prudents à l'heure de donner leur avis sur les sujets pourtant éminemment politiques qui leur ont été soumis. Jusqu'à totalement escamoter l'actualité lors de l'épreuve de questions contemporaines, qui portait pourtant sur un sujet tout chaud : la confiance envers les pouvoirs publics. Il en ressort l'impression que "le candidat [imagine] la copie idéale comme un texte éthéré, où n'apparaîtraient surtout pas les sujets délicats", poursuit la préfète, qui parle "d'autocensure".
CICE, Europe, voies sur berge... ils pensent tous pareil
Cela ne surprendra peut-être pas mais les candidats ont également fortement rechigné à critiquer le crédit d'impôt en faveur des entreprises mis en place par François Hollande… "Il est tout à fait possible de penser et d'écrire [...] que le bilan du CICE est très en deçà des ambitions d'origine ou même que l'accorder à toutes les entreprises sans s'assurer de son utilisation a été une erreur", se voient obligés d'insister les membres du jury ! Même tendance à l'uniformité au moment de traiter l'Union européenne, considérée par les candidats "comme un ordre établi qui ne pourrait être différent". Lors de l'oral consacré à des questions d'actualité, "la fermeture des voies sur berge a quasi systématiquement donné lieu à une réponse d'adhésion totale, sans prise en compte des inconvénients possibles", regrettent encore les examinateurs. Pas de quoi modifier l'image d'une technocratie hors-sol…
Pour remédier à ces problèmes, le jury indique qu'il a choisi de mettre en avant les critères d'authenticité, de sincérité et de sens critique dans sa sélection des 80 lauréats du concours. "Une tête bien faite valant mieux, dans tous les univers professionnels et sous tous les cieux, qu’une tête trop pleine", le jury explique avoir privilégié les individus capables de penser par eux-mêmes plutôt que des singes savants de la technocratie. Et Michèle Kirry d'exhorter les ambitieux voulant intégrer l'ENA à l'avenir au "courage qui consiste à faire une analyse personnelle", loin des "raisonnements formatés". Allez, les futurs énarques : courage, pensez !

Source marianne.org
Par Hadrien Mathoux


Billets-Shinkansen japonais contre TGV français

 


Shinkansen japonais contre TGV français

Intitulé « Excellence 2020 », le nouveau projet d'entreprise de la SNCF entend faire de la compagnie la « référence mondiale » par « l'excellence du service rendu » d'ici 5 ans. Pour mesurer le chemin à parcourir, nous nous sommes rendus dans un pays où les trains ont plutôt bonne réputation, le Japon.
Il y a des réseaux ferroviaires étrangers avec lesquels la SNCF ne demande qu'à être comparée. L’Espagne, par exemple. 79 morts dans l’accident d’un train grande vitesse le 24 juillet 2013 à Saint-Jacques-de-Compostelle... Ou bien le Royaume-Uni. Beaucoup de lignes vétustes, pas de réseau grande vitesse, une privatisation très mal menée dans les années 1980... Avec l’Allemagne, c'est moins flatteur, les ICE étant tout sauf ridicules face à nos TGV.
Et puis il y a la comparaison à éviter, le cas présumé « particulier » sur lesquels les dirigeants de la SNCF passent le plus rapidement possible : le Japon. Retour d’expérience lors du trajet Osaka-Hiroshima, et comparaison entre notre TGV et son homologue japonais, le Shinkansen.

  • Acheter les billets
Dans les deux pays, c’est réalisable en ligne, au guichet ou sur des automates. Pas de compostage obligatoire au Japon. Mais au fait, à quoi sert-il encore en France, quand tous les billets portent une date et un numéro de siège ?

  • En gare
Sur les axes les plus fréquentés, les Shinkansen se succèdent toutes les dix minutes. Comme les Osaka-Hiroshima (ou les Osaka-Tokyo, etc.) partent toujours du même quai, les voyageurs habitués se dirigent automatiquement vers le bon endroit. Il y a énormément de monde dans les gares Japan Railways, mais pas de cohue. Selon les voyageurs interrogés, les escalators ne sont jamais en panne.

  • Les tarifs
Le Japon a la réputation d’être un pays cher. Surprise, les tarifs du Shinkansen sont à peu près en ligne avec ceux du TGV. Le trajet Osaka-Hiroshima fait 280 km et prend 1 h 30 environ (quelques minutes en plus ou en moins en fonction de la génération de trains choisis : Sakura, Mizuho ou les Nozomi dernier cri). Cela correspondrait en France à un Paris-Nancy, soit 315 km et 1 h 30 environ. Pour le 7 mai 2014, réservation demandée la veille, la SNCF proposait des billets en seconde Paris-Nancy allant de 56 € à 75 €. Le Shinkansen Osaka-Hiroshima coûte 68 € sans réservation et 72 € avec réservation. Match nul.
Grande différence avec la SNCF, les prix au Japon ne varient jamais. Que vous preniez le train deux mois à l’avance ou au dernier moment, vous payez toujours le même tarif. Un peu comme en France… il y a vingt ans. La réservation, par ailleurs, est une vraie réservation : elle vous garantit un siège. Japan Railways ignore les concepts étranges de « surréservation » et de réservation avec « place non attribuée ». Des voyageurs ayant payé plein tarif assis dans le couloir ? Inimaginable dans un Shinkansen.

  • La ponctualité
Aïe… Sur une année, les retards cumulés des TGV français représentent 550 à 600 jours, sachant que seuls les retards supérieurs à 5 minutes sont comptabilisés. Les retards annuels cumulés de tous les Shinkansen se comptent en minutes, voire en secondes les très bonnes années (alors que les Shinkansen sont beaucoup plus nombreux que les TGV). Les Shinkansen sont toujours ponctuels. Quelques minutes avant le départ, les voyageurs japonais ont l'habitude de se ranger sur le quai en suivant des marques au sol qui indiquent l’endroit où se trouveront les portes. Au moment et à l’endroit prévu, à quelques secondes près, le train s’arrête et les portes s’ouvrent.

  • Les guides japonais de voyage en France mettent en garde leurs lecteurs, qui imaginent à peine qu’un train grande vitesse puisse être en retard.
La SNCF rappelle souvent que les Shinkansen roulent sur des lignes dédiées, ce qui les préserve des aléas du reste du réseau. Il est vrai que des TGV sont souvent bloqués par des Corail ou des trains de banlieue. Ils sont aussi régulièrement en panne, ou victimes de « cas de force majeure ». Précisons que le jour où Japan Railways devra se trouver des excuses, la compagnie n’aura pas à réfléchir longtemps. La terre tremble toutes les semaines au Japon et le pays essuie des typhons chaque été, à travers lesquels les Shinkansen passent sans heurt. Le violent séisme du 5 mai 2014, par exemple, n’a occasionné aucune perturbation. Depuis son entrée en service en 1964, même pendant les pires tremblements de terre, aucun Shinkansen n’a été gravement accidenté. Un seul a déraillé en 2004, sans faire de victime.
Les cheminots français présentent souvent la privatisation comme les prémices du chaos ferroviaire absolu. Il faut donc préciser que Japan Railways n’est pas une compagnie publique. C’est un ensemble de six sociétés privées subventionnées (plus une pour le fret). Elles ont créé en 1987, quand le gouvernement japonais a démantelé l’équivalent japonais de la SNCF, la Japanese National Railways.

  • Remboursement en cas de retard
Comme il n’y a pas de retard au Japon, il n’y a pas de remboursement. Le système français reste donc incomparable : remboursement partiel, au bout de trois mois, en bons de voyage, sauf en cas de force majeure, etc.


  • Le confort
Les Shinkansen sont des trains à un seul étage, de plain-pied avec le quai. L'accès à bord est plus facile que dans les TGV à un étage, qui ont des marches. Les voitures sont plus spacieuses que celles des TGV. Comme les Shinkansen roulent sur un réseau à part, les ingénieurs ont pu s'affranchir des contraintes des réseaux anciens. Ils ont vu grand. Les wagons comportent cinq rangées de sièges en seconde. Ils sont un peu moins larges que ceux des TGV (45 cm contre 43,5 cm en seconde), mais le confort est comparable. Du moins à l'arrêt ! Pendant le trajet, c'est une autre histoire. Le Shinkansen vibre et tangue nettement moins qu'un TGV, alors qu'il roule aussi vite. Le silence est impressionnant. Comme les lignes à grande vitesse traversent des zones densément peuplées, Japan Railways met tout en œuvre pour limiter le bruit au maximum, même à plus de 300 km/h.
Astuce appréciable, tous les sièges sont dotés de dossier réversible. Les passagers peuvent donc s'aménager des carrés à volonté, et voyager ou non dans le sens de la marche. Le couloir central est huit centimètres plus large : 48 cm contre 56 cm. Cela semble négligeable, mais on se croise plus facilement dans un Shinkansen que dans un TGV. Il y a un espace fumeur fermé et bien ventilé dans le couloir. Les toilettes sont environ 30 % plus spacieuses que celles du TGV (avec des éviers séparés). L'ensemble est d'une propreté irréprochable. Selon les Japonais interrogés – mais nos lecteurs français les croiront-ils tant c'est énorme ? – il y a toujours de l'eau au robinet ainsi que du papier dans les toilettes.

  • La restauration à bord
Il n’y a pas de wagon-restaurant dans les Shinkansen. Un petit chariot passe dans les voitures. Il a une offre limitée (café, biscuit) mais on trouve dans toutes les gares des boutiques qui vendent des plateaux-repas abordables et délicieux, les ekiben (4 € à 15 €). En France, la SNCF n’a jamais trouvé de formule satisfaisante pour son wagon-restaurant. Lourdement déficitaire, il tire les prix des billets vers le haut, dans la mesure où il prend la place d’une cinquantaine de sièges, au bas mot. Que vous vous résigniez ou non à faire la queue pour un sandwich dans un TGV, vous payez le restaurant en achetant un billet…

  • Relations avec les usagers
Le personnel de Japan Railways est réputé serviable, ce qui ne surprend guère dans un pays où la courtoisie est de règle. La ponctualité parfaite des trains et la simplicité des tarifs réduisent aussi les occasions de heurt avec les agents. Disons quand même que le spectacle, fréquent en France, de deux contrôleurs discutant sur un quai, indifférents aux voyageurs surchargés de bagages, est inconcevable au Japon.

  • Conclusion
Le TGV ne peut soutenir la comparaison avec le Shinkansen. C’est un autre train. Configuration du réseau, habitude de travail, tout n’est pas transposable. La SNCF pourrait néanmoins s’inspirer de Japan Railways sur certains points. Plus de simplicité dans les tarifs : les variations continuelles finissent par lasser les voyageurs. Davantage de boutiques de restauration en gare : la place ne manque pas et les besoins sont évidents. Faut-il maintenir le wagon-restaurant ? Les voyageurs des trains Corail s’en passent... Attribuer un quai à un train précis, pour faire gagner du temps aux habitués serait bienvenu. La SNCF y vient, mais très lentement.
La ponctualité est un chantier d’une toute autre ampleur, engageant des questions complexes de travaux, de planning, de budget, de relations sociales, etc. Elles ne peuvent se régler du jour au lendemain.  

Un premier pas serait, tout simplement, que la SNCF regarde la réalité en face. « Excellence 2020 » n’en prend pas le chemin. Par rapport aux standards japonais, la compagnie française délivre des prestations nettement inférieures. « La référence mondiale » par « l'excellence du service rendu » en 5 ans ? Comme disent les Japonais : « gambatte », bon courage.

Billets-Les trésors cachés des années argentiques

 


Les trésors cachés des années argentiques

L’AFP a dans ses entrailles des archives dignes d’un musée : plaques de verre, négatifs, anciennes planches bardées de commentaires à la plume… six millions de clichés argentiques, 15 millions de documents numériques. On y trouve de vrais regards d’auteur sur des décennies d’actualité. Une sélection des années argentiques, de 1944 à 1998, revit désormais hors les murs à travers trois expositions et bientôt chez les collectionneurs qui pourront acquérir des tirages uniques lors d’une première vente aux enchères, le 3 octobre. Voici le récit de la découverte de ces trésors cachés. 

C’est l’histoire d’un puits sans fond. Il se trouve dans un sous-sol de la Place de la Bourse à Paris. Pour s’y rendre, Il faut se couvrir, il y fait 18°C, hiver comme été. Dans un univers d’armoires carrousel métalliques, de boîtes grises ou noires bien rangées, sont entreposés des négatifs, des plaques en verre, des diapositives, des ektas, des planches contact. 

Des retrouvailles, des victoires, des pavés, des baisers volés, des baignades d’enfants en goguette, le fracas des armes, le souffle des canons, des roulements de tambour, un air de clarinette à Broadway. 





Ces fenêtres sur notre humanité remontent jusqu’au début du siècle, et particulièrement à 1944, date fondatrice de l’Agence France-Presse, héritière de l’agence Havas. Elles ont été rapportées par des photographes souvent restés anonymes. Beaucoup dorment encore, non numérisées, dans leur boîte. Car si ces boîtes sont bien organisées par thèmes, années, organisations, personnalités... ce qu’elles contiennent n’est encore que partiellement inventorié.

Pour l’équipe de documentalistes photo qui en ont la garde, elles ressemblent donc à s’y méprendre à des coffres aux trésors, recelant mille pépites à tirer le l’oubli, comme cette incroyable image de Salvador Dali au zoo de Vincennes, aussi surréaliste que le grand peintre espagnol, ou le baiser d’une parisienne à De Gaulle après la Libération.

Salvador Dali peignant un rhinocéros, le 30 avril 1955 au zoo de Vincennes (AFP / )

L’équipe veille à leur conservation et a entrepris depuis le début des années 2000 une tâche de numérisation sans fin. “Avant les outils n’existaient pas”, explique Marie Wolfrom, cheffe de la documentation multimédia. Et face à l’ampleur de la tâche il a fallu trouver des aides extérieures.

“Nous avons obtenu en 2013 une subvention du ministère de la Culture pour co-financer la numérisation de toutes les planches photo argentiques et réaliser une sorte de catalogue numérique de nos photos des années 1930 à 1977”. Ce travail s’est achevé fin 2020.

Non loin de l'oasis de Bou Saada, à 250 km au sud d'Alger, octobre 1946 (AFP / ) 

Comme l’AFP est une agence de presse, c’est la plupart du temps l’actualité qui structure ce travail de numérisation: un anniversaire, un événement historique à remettre en contexte, un portrait à préparer et voilà la recherche dans les boîtes  lancée. “Par exemple quand l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon a été annoncée, nous nous sommes replongés dans toutes nos collections pour numériser de nouvelles photos qui avaient pu être oubliées”. 

La chanteuse Joséphine Baker embrasse son époux Jo Bouillon juste après les noces, le 3 juin 1947 au château des Milandes, en Dordogne (AFP / )

Stéphanie Roger, adjointe du service documentation en charge de la photo explique la suite : “On commence à peine à mesurer tout ce que nos archives contiennent! Trouver la photo et la numériser prend une heure ou deux. Mais ensuite la rendre pertinente peut prendre énormément de temps, car les photos les plus anciennes ne sont pas légendées. Pour les Accords de Paris par exemple, je n’ai pas pris beaucoup de temps à les légender, l’info était partout. Mais j’ai face à moi une photo des 24 Heures du Mans de 1951, et je ne sais pas qui est le pilote”. Parfois les recherches sont semblables à celles des fact-checkers: croiser des images pour identifier des lieux, croiser les sources. 

C’est en allant à la pêche aux images sur la vie quotidienne des années 1940 à Paris, que la documentaliste Cécile Cadel a découvert l’un des grands trésors cachés de l’agence.  “J’ai eu envie de travailler sur un fonds qui traite les années 1944 à 1950, les toutes premières photos prises par les photographes de l’AFP en tant que tels. Il n’avait jamais été trop exploité parce qu’il était rébarbatif: il fallait décrypter des fiches cartonnées, écrites à la plume, dans une écriture assez illisible”.

Place de la Concorde à Paris, le 28 janvier 1947 (AFP / )

“Je me suis mise à regarder tout ce qu’il y avait dans les boîtes de négatifs. Et c’est comme ça que je suis tombée sur les photos de la libération de Paris, et beaucoup de photos de l’immédiat après-guerre. Toute la reprise de la vie après la guerre!”



Parmi ses découvertes, les images  d’Eric Schwab, un grand photographe ayant travaillé à l’AFP de 1944 à 1950, l’un des premiers à découvrir l’horreur nazie au moment de la libération des camps, avant de capturer dans son objectif New York, ses habitants, ses cabarets et ses jazzmen.  

Chinatown, Janvier 1947 (AFP / Eric Schwab)

Cecile Cadel a découvert des centaines de photos de Schwab, dont 400 ont été numérisées depuis. En fouillant encore, elle a débusqué un “tapuscrit” où il explique  sa démarche: remonter la grande avenue de Broadway et explorer la ville de quartier en quartier. Puis, “j’ai fait un énorme travail de recherche pour identifier les lieux, c’était tout un voyage”. 

Avenue de Broadway, Number One Broadway Building, 28 janvier 1947 (AFP / Eric Schwab)

A l’époque, on ne gaspillait pas les films et la photo était celle d’une agence d’information au quotidien: on attendait du photographe qu’il prenne sa photo et file transmettre, rien de plus. Mais il y a dans les archives de vrais auteurs, avec un regard, un art du cadrage, de la composition, de la lumière, comme Eric Schwab. 

Danseuse dans la loge du Bal Tabarin nightclub à New York, en novembre 1946 (AFP / Eric Schwab)

Pause de danseuses dans une loge du Bal Tabarin nightclub de New York, en novembre 1946 (AFP / Eric Schwab)

“Il a une démarche particulière. On sent l’âme du photographe, son envie de découvrir la ville, son émerveillement. Cela faisait peu de temps qu’il était aux Etats-Unis, et cela transparaît dans les photos”. 

Cabaret à Harlem, à la fin des années 1940 (AFP / Eric Schwab)

“Dans ce fonds il y a d’autres photos extraordinaires, qui rappellent Doisneau, ou Willy Ronis”, s’émerveille-t-elle.  

A Coney Island, New York, "l'attraction du parachute", juin 1946 (AFP / Eric Schwab)

“Les archives, c’est l’intérieur du moteur”, résume Christophe Calais, journaliste au service photo, qui a exploré pendant des semaines l’ensemble du stock déjà numérisé, année par année, pas moins de 3.000 images rien que pour 1944 et de plus en plus ensuite… des centaines de milliers en 1998.  

“L’espérance de vie d’une photo dans un quotidien c’est 24h00, dans un hebdo huit jours mais après ça reste dans les archives. C’est comme du vin, ça va mûrir, vieillir, et avec le temps, le document d’information peut se muer en document d’histoire”. 

Le président Charles de Gaulle fait le signe de la victoire en s'adressant à la foule lors d'un discours sur son projet de nouvelle Constitution, le 4 septembre 1958 à Paris (AFP / Staff)

“Sachant que chaque image a déjà une raison d’être là, je me suis laissé porter dans cette exploration juste par la dimension photographique: les cadres, les compositions, les lumières. J’y ai trouvé beaucoup de photos qui sont en écho à des grandes images de l’histoire du photojournalisme, des images qui font référence aujourd’hui, au travail de classiques comme Robert Capa et Henri Cartier-Bresson jusqu’aux plus modernes”, explique cet ancien rédacteur en chef de l’agence Magnum.

Après ces semaines d’exploration Christophe Calais, Marielle Eudes, la directrice photo et le rédacteur en chef photo Stéphane Arnaud, ont choisi ensemble une sélection des 200 clichés, qui seront vendus aux enchères le 3 octobre, une vente dont le produit servira à approfondir encore l’exploration et la préservation de ce patrimoine. 

“La difficulté était de porter un regard nouveau sur des photos que l'ont connaissait déjà pour la plupart et de déterminer parmi elles celles qui sorties de leur contexte d'actualité, toucherait un public de collectionneurs et au-delà”, explique Stéphane Arnaud

Des soldats viétnamiens aux abords du port de Kampong Som, au Cambodge, en plein processus de retrait des troupes vietnamiennes de ce pays, le 29 novembre 1987. (AFP / Kraipit Phanvut)

Mais avant d’en arriver là, un minutieux travail de restauration a été mené.  “A l’époque les photographes développaient dans des conditions de news pas possibles, y compris au fin fond de la brousse. La priorité était de vite transmettre pour alimenter la grande machine de l’information”, pas la préservation, explique Christophe Calais. Certains négatifs sont rayés, d’autres griffonnés.

Heureusement, l’agence dispose d’un labo photo maison, une expertise pointue et précieuse,  “qui peut faire revivre ces photos et donner des qualités d’images dignes des plus grandes galeries”, confie Marielle Eudes

Portrait de l'actrice grecque Irene Papa, en 1952 (AFP / INTERCONTINENTALE)

Les documents -- négatifs, diapos, duplis, belins, planches, tirages de l'époque -- passent par les mains de l’équipe de Philippe Driss, experts de l’image, maîtres es contrastes et températures de couleurs. Dans son labo, pas de “retouches”, c’est la règle d’or des agences de presse. “On repique”, autrement dit, après numérisation, on agrandit à l’extrême un vieux négatif pour bien voir tous ses détails et dégradations et le mettre en conformité “avec sa réalité de l’époque, sa lumière, son ambiance, ses contrastes”.

“Certains négatifs ont des champignons, des rayures, des poussières incrustées dans la gélatine”, explique-t-il. Avant, quand le labo avait des carrelages et les laborantins des blouses blanches, cela se réparait “avec un petit pinceau, du gris film et de l'affaiblisseur”. Désormais, le même travail est fait de manière numérique, mais on ne transforme rien, on révèle. 

Serge Gainsbourg brûlant un billet de 500 francs sur le plateau de l'émission 7 sur 7, le 11 mars 1984 (AFP / Philippe Wojazer)

L'acteur Jean-Paul Belmondo sur le ring, dans les années 1960 (AFP / )

Dans la sélection mise aux enchères, on trouve des images culte, des moments d'actualité emblématiques, des scoops, des faits divers, des scènes de la vie quotidienne et des célébrités. Elle s’arrête en 1998, année de la généralisation des boîtiers numériques à l’agence.

Des blindés britanniques pendant la première guerre d'Irak, le 7 janvier 1991 dans le désert d'Arabie saoudite, en pleine offensive pour prendre une position iraquienne à l'accès rendu difficile par des mines. L'offensive terrestre alliée en territoire irakien “Tempête du désert” avait été lancée dix jours plus tard, le 17 janvier. (AFP / Patrick Baz)

“C’est un patrimoine qu’il faut faire vivre. Et c’est un patrimoine qui ne peut vivre que dans une extrême qualité sur les marchés premiums, de galeristes et de collectionneurs. La photo intéresse de plus en plus les collectionneurs. Les montrer par ce biais va aussi donner à voir au grand public la grande qualité et la richesse de la production photo de l’AFP”, résume Marielle Eudes.

Le réalisateur Alfred Hitchcock, en mai 1972 à Cannes (AFP / Ralph Gatti) 


Source : https://making-of.afp.com/les-tresors-caches-des-annees-argentiques


Michaëla Cancela-Kieffer

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samedi 27 mai 2023

Recettes Soufflés-Soufflé aux framboises


 Soufflé aux framboises

Préparation : 20 mn
Cuisson : 35 mn
Pour 4 personnes
180 g de framboises
230 g de sucre en poudre + 20 g pour le moule
4 œufs entiers
2 blancs d’œufs
50 cl de lait
60 g de farine
20 g de beurre pour le moule
1. Préchauffez le four à 200 °C (th. 6-7).
2. Beurrez et sucrez un moule à soufflé d’environ 20 cm de diamètre (ou quatre ramequins individuels) ; Placez-le au réfrigérateur.
3. Dans un bol, mélangez les framboises avec 20 g de sucre et laissez macérer au frais pendant 10 minutes.
4. Cassez les œufs en séparant les blancs des jaunes.
5. Préparez la crème pâtissière. Dans une casserole, portez le lait à ébullition. Dans un saladier, fouettez les jaunes d’œufs avec 150 g de sucre, jusqu’à ce qu’ils blanchissent. Ajoutez la farine, mélangez, puis versez dessus le lait bouillant en fouettant. Reversez le tout dans la casserole. Faites cuire la crème à feu moyen 4 ou 5 minutes, en remuant. Hors du feu, ajoutez les framboises.
6. Montez les blancs d’œufs en neige ferme avec une pincée de sel. Lorsqu’ils commencent à prendre, versez 60 g de sucre en pluie et continuez de fouetter pour obtenir une meringue très épaisse. A l’aide d’une spatule, incorporez délicatement cette meringue à la crème.
7. Remplissez le moule (ou les ramequins) aux trois quarts de cette préparation. Enfournez pour 35 minutes et n’ouvrez pas la porte du four durant la cuisson. Servez aussitôt.

Variante
Vous pouvez remplacer les framboises par des fraises. Celles-ci étant plus délicates à la cuisson, choisissez-les légèrement fermes et surtout bien parfumées.