Qui est Mahomet ?
Prophète de l'Islam,
Abû l-Qâsim Muhammad ibn 'Abdallâh, connu en Occident sous le nom de Mahomet,
est né à La Mecque (actuelle Arabie saoudite) vers 570, mort à Médine le 8 juin
632.
La vie de Mahomet ne
nous est connue que par des sources islamiques, notamment la Vie du messager de Dieu d'Ibn Hishâm (mort
vers 834), ou les Campagnes militaires du
messager de Dieu d'al-Wâqidî (mort en 822), auxquels s'ajoutent les
recueils de Hadîth. Ces sources
fournissent des renseignements détaillés et abondants, mais dont
l'authentification et l'interprétation soulèvent d'importantes difficultés.
À la naissance de
Mahomet, La Mecque est, depuis plusieurs générations, sous le contrôle de la
tribu de Quraysh, qui tire sa richesse du commerce caravanier. Elle est
gouvernée par une assemblée des chefs de clans. Sur le plan religieux, la ville
reste massivement dominée par un polythéisme aux formes assez primitives, dont
le culte est centré sur la "Pierre noire" de la Ka'ba, autour de
laquelle un pèlerinage annuel attire les tribus de la région. Une situation
analogue prévaut dans le reste de la péninsule arabique, malgré la présence,
notamment au Yemen, de noyaux juifs et chrétiens.
La première partie de
la vie de Mahomet ne nous est connue que par des traditions où l'histoire est
difficile à distinguer de la légende. Issu du clan hâshimite de Quraysh, il se
serait trouvé orphelin de bonne heure, et aurait été recueilli par son oncle
paternel Abû Tâlib, le chef du clan. Il n'en aurait pas moins subi un certain
déclassement social, qui l'aurait obligé à travailler pour le compte d'autrui,
comme escorteur de caravanes, jusqu'à ce que son mariage avec Khadîja bint
Khuwaylid, une riche veuve dont il était devenu l'homme de confiance, lui
permette de retrouver son rang parmi les notables de la tribu.
Toutefois Mahomet
aurait, dès cette époque, pris l'habitude de se retirer dans les montagnes
entourant La Mecque pour y méditer et se livrer à des pratiques d'ascétisme.
C'est lors de l'une de ces retraites qu'il aurait reçu, probablement en 610, sa
première révèlation, qui déclencha en lui une crise spirituelle d'autant plus
violente qu'elle fut suivie d'une période de silence divin qui dura trois
années. Au cours de celle-ci, il ne s'ouvrit de son secret qu'à quelques
proches, parmi lesquels la tradition mentionne certaines des plus grandes
figures de l'Islam: son épouse Khadîja, qui fut la première à le reconnaître
pour prophète, son cousin 'Ali ibn Abî Tâlib, le futur auteur de La Voie de l'éloquence, qui devait plus tard
épouser sa fille Fâtima, ses amis et futurs beaux-pères (après la mort de
Khadîja, en 619) Abû Bakr et 'Uthmân, qui devaient diriger après lui la
communauté musulmane, et quelques autres.
Ce n'est qu'après sa
seconde révèlation (613 ?) que Mahomet aurait reçu l'ordre de faire
publiquement état de sa mission prophétique. Sa prédication se heurta tout
d'abord à l'ironie, puis à l'hostilité déclarée des Quraysh, d'autant plus
dangereuse que Mahomet ne réussit pas, en dépit de ses efforts, à convertir les
notables de la tribu ni même ceux de son clan. Ceux-ci ne lui apportaient par
conséquent qu'un soutien purement personnel, qui ne s'étendait pas aux nouveaux
convertis. Pis, après la mort d'Abû Tâlib, le chef des Hâshimites, Abû Lahab se
déclara ouvertement contre lui. Pour échapper à cette situation sans issue et
de plus en plus dangereuse, Mahomet profita de l'occasion que lui offraient
certains habitants de Yathrib (la future Médine), à la recherche d'alliés dans
la guerre de clans qui, depuis plusieurs années, divisait la ville. Il semble
également que la présence sur place d'une importante communauté juive ait
incité Mahomet à accepter cette proposition, dans l'espoir d'y trouver un terrain
d'accueil plus favorable à sa prédication monothéiste.
C'est dans un tel
contexte qu'en 622 il émigra avec soixante-dix de ses compagnons. Cet
évènement, l'Hégire, marque en fait l'apparition de la première communauté
musulmane religieusement et politiquement autonome, composée de deux groupes
alliés, et occasionnellement rivaux, celui des Mecquois émigrés (muhâjirûn) et
des "alliés" médinois (ansâr). Parallèlement, on observe une
évolution importante de la prédication de Mahomet: celle-ci ne s'adresse plus
aux seuls Quraysh, mais à l'ensemble des tribus d'Arabie. En outre, elle se
démarque beaucoup plus nettement des religions monothéistes établies, qu'elle
accuse d'avoir déformé et falsifié leur message originel.
Cette volonté
d'autonomie se renforce encore après la rupture de Mahomet avec les Juifs de
Médine, marquée par le changement de la direction de la prière musulmane, qui,
dorénavant ne serait plus tournée vers Jérusalem mais vers la Ka'ba de La
Mecque, dont la fondation est alors explicitement attribuée par Le Coran à Abraham. On note aussi dans les
sourates révélées à cette époque une présence importante de thèmes à portée
législative, reflétant le souci d'organisation matérielle et spirituelle de la
communauté. Celle-ci, au demeurant, se trouva dès l'origine en situation de
guerre ouverte avec les Quraysh de La Mecque, sur lesquels elle remporta la
victoire de Badr (623).
Menant une habile
politique d'alliances (marquée notamment par de nombreux mariages) avec les
tribus de toute l'Arabie, Mahomet réussit à isoler ses adversaires mecquois,
et, au terme d'une brève campagne militaire, à négocier un compromis avec Abû
Sufyân, le chef du puissant clan des Omayyades, qui se convertit à cette
occasion. Il put ainsi entrer presque sans coup férir à La Mecque en 630. Les
deux dernières années de sa vie furent consacrer à consolider la jeune
communauté musulmane qui, à sa mort, rassemblait la plus grande partie des
tribus de la Péninsule arabique. Cette oeuvre fut poursuivie après lui par le
califat d'Abû Bakr (622-624) et surtout de 'Umar (624-634), sous lequel
s'amplifia le mouvement de conquête orienté vers les empires byzantin et perse.
Mahomet, qui, selon la
tradition musulmane, était illetré, n'a laissé aucun écrit (Le Coran est évidemment considéré une
révélation divine, dont il n'était que le porte-parole). Ses propos et ses
actions, qui, pour la loi musulmane, ont une valeur normative, ont été
consignés dans les collections de Hadîth.