A l’origine, ils sont
quatre. Quatre à photographier les exactions commises en Afrique du Sud entre
1990 et 1994. Plongés dans l’enfer des townships livrés au feu et au sang,
Kevin Carter, Greg Marinovich, Ken Oosterbroek, tout trois Sud-africains, et João
Silva, Portugais installé en Afrique du Sud, affrontent la folie humaine.
Alors qu’ils couvrent
les émeutes dans les ghettos symboles de l’Apartheid, ils sont surnommés par le
journal sud-africain Living les « Bang Bang Paparazzi », référence à
la fois aux balles qui fusent et à un terme propre aux photographes de guerre.
Ce collectif informel préfère au terme paparazzi, qu’il trouve, si ce n’est
péjoratif, peu représentatif de son travail, celui de club. Le Bang Bang Club
est né.
Reconnu par leurs
pairs et le public, les quatre photographes sont rapidement récompensés par des
prix prestigieux. Ken Oosterbroek est ainsi désigné meilleur photographe de
l’année en Afrique du Sud en 1991. Mais surtout, parmi quatre de ces jeunes
photoreporters -aucun d’entre eux n’avait plus de 30 ans en 1990- deux ont
remporté le Pulitzer.
Photo Greg Marinovich Sweto le 15/09/1990 - Prix Pulitzer 1991
En 1991, Greg
Marinovich, alors employé par l’Associated Press, se voit décerner
le Pulitzer pour un reportage sur le meurtre d’un homme suspecté
d’être un espion zoulou par l’African National Congress (ANC, socialiste),
parti pour la défense des noirs aboli en 1960 et rétabli en 1990. En 1994,
Kevin Carter est à son tour désigné lauréat du plus célèbre des prix
journalistiques, pour son cliché, très controversé, nommé La Fillette et le Vautour.
Photo Kevin Carter La fillette et le vautour-Prix Pulitzer
1994
Année de la libération
de Nelson Mandela, 1994 marque paradoxalement le tournant dramatique du Bang
Bang Club. Ken Oosterbroek n’a pas la joie d’assister aux premières élections
libres en Afrique du Sud. Le 18 Avril 1994, quelques jours avant la ruée vers
les urnes, il est tué dans le township de Kotoza lors d’un échange de tirs
entre l’ANC et des miliciens, alors que Greg Marinovich est sérieusement
blessé.
Trois mois plus tard,
le 27 juillet 1994, Kevin Carter, hanté par les conflits et la misère côtoyés
depuis longtemps et sans doute touché par la polémique autour
de La Fillette et Le Vautour - le
photographe a été injustement accusé d’avoir laissé l’enfant mourir sous ses
yeux- met fin à ses jours. Le Bang Bang Club est à terre. Dès lors, Greg
Marinovich et João Silva laissent derrière eux l’Afrique du Sud en pleine
transition politique et couvrent les conflits à travers le monde.
João
Silva parcourt les terres ravagées par les guerres: Soudan, Balkans, Asie
Centrale ou encore Russie, Proche-Orient et Afghanistan. Toujours fermement
engagé, le photographe est plusieurs fois récompensé par le prix World
Press Photo. En octobre 2010, en reportage en Afghanistan pour le New York Times, il est grièvement blessé par
une mine et amputé des deux jambes.
Photo Joao Silva Attaque au mortier dans le village de Kahrizak, le
10/09/99
Greg
Marinovich couvre, pour les plus grands journaux mondiaux, parmi lesquels
le New York Times ou Newsweek, les événements en Russie, en Inde,
en Bosnie et dans de nombreux pays africains. Il devient photographe en chef de
l’Associated Press en Israël et Palestine en 1996 – 1997. En 2001, après avoir
été désigné lauréat de multiples prix, il abandonne le métier de photographe de
guerre.
Comme pour mieux
tourner la page, Greg Marinovich et João Silva ont raconté l’histoire du Bang
Bang Club, dans un livre éponyme adapté au cinéma par Steven Silver. Une
histoire qui, née de la tourmente, s’est achevée dans la douleur.
Kévin Carter 1960 –
27/07/1994
Greg Marinovitch
Ken Oosterbrock 1968 –
18/04/1994
Joao Silva
A voir également
http://monblog75.blogspot.fr/2011/01/photos-kevin-carter.html
Source : « Le Bang Bang Club: des photographes à l’épreuve des balles » de Constance Dubus
http://monblog75.blogspot.fr/2011/01/photos-kevin-carter.html
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