lundi 14 octobre 2013

Billets-La nudité masculine


La nudité masculine

La nudité masculine n’existe pas.
L'exposition "Masculin/Masculin" a ouvert ses portes au Musée d'Orsay, à Paris, le 4 octobre. Installée pour la première fois à Vienne en décembre 2012, elle avait fait couler beaucoup d'encre en Autriche, en bousculant l'ordre tacite d'une société encore patriarcale, estimait alors le journaliste.

Sur les affiches de l’exposition “Nackte Männer” (Hommes nus), un bandeau rouge dissimule finalement les pénis de trois hommes bien bâtis chaussés de crampons. C’est ainsi que le Leopold Museum de Vienne a répondu à l’indignation de citoyens scandalisés par ces pénis avachis. Les plaintes étaient venues essentiellement de chrétiens, de musulmans et, très souvent, de mères soucieuses de préserver leurs enfants de la vue de ces sexes d’hommes. La photographie Vive la France ! qui constitue l’affiche de l’exposition, visait pourtant un tout autre objectif. Datée d’il y a déjà six ans, elle appartient à une galerie parisienne. Les trois hommes nus, représentant des footballeurs d’origine africaine, maghrébine et française, étaient censés montrer la force de la diversité ethnique de la France, révélée par les succès [aux Coupes du monde de football] de 1998 et 2002. Mais en couvrant leurs parties intimes, l’exposition viennoise “Nackte Männer” est devenue un événement.
Le caractère grivois du sujet, susceptible d’aiguiser toutes les curiosités, y est bien sûr pour beaucoup. Mais au-delà de cette réalité se posent des questions beaucoup plus fondamentales. Pourquoi la nudité masculine offense-t-elle, alors que celle des femmes rapporte à coup sûr et reste très présente dans notre environnement, qu’il s’agisse de publicités ou de vitrines des magasins ? L’égalité entre les hommes et les femmes n’implique-t-elle pas l’égalité dans la représentation de la nudité ?
Les affiches des hommes nus n’avaient pas pour objectif de choquer les honnêtes Viennois. Le caractère même du Leopold Museum, où l’exposition est programmée jusqu’au 28 janvier, le garantit. Car il n’est pas géré par des provocateurs mais par des commissaires d’exposition expérimentés. Leur démarche professionnelle transparaît dans les titres des autres expositions ­proposées cette année : “Mélancolie et provocation dans l’œuvre d’Egon Schiele” ou encore “Japon, la fragilité de ­l’existence”. 

 L'affiche de l'exposition "Nude Men" - DR
Source Courrier International

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