La nudité masculine
La nudité masculine n’existe pas.
L'exposition "Masculin/Masculin" a
ouvert ses portes au Musée d'Orsay, à Paris, le 4 octobre. Installée pour la
première fois à Vienne en décembre 2012, elle avait fait couler beaucoup
d'encre en Autriche, en bousculant l'ordre tacite d'une société encore
patriarcale, estimait alors le journaliste.
Sur les affiches de
l’exposition “Nackte Männer” (Hommes nus), un bandeau rouge dissimule
finalement les pénis de trois hommes bien bâtis chaussés de crampons. C’est
ainsi que le Leopold Museum de Vienne a répondu à l’indignation de citoyens
scandalisés par ces pénis avachis. Les plaintes étaient venues essentiellement
de chrétiens, de musulmans et, très souvent, de mères soucieuses de préserver
leurs enfants de la vue de ces sexes d’hommes. La photographie Vive la France ! qui constitue l’affiche
de l’exposition, visait pourtant un tout autre objectif. Datée d’il y a déjà
six ans, elle appartient à une galerie parisienne. Les trois hommes nus,
représentant des footballeurs d’origine africaine, maghrébine et française,
étaient censés montrer la force de la diversité ethnique de la France, révélée
par les succès [aux Coupes du monde de football] de 1998 et 2002.
Mais en couvrant leurs parties intimes, l’exposition viennoise “Nackte Männer”
est devenue un événement.
Le caractère grivois
du sujet, susceptible d’aiguiser toutes les curiosités, y est bien sûr pour
beaucoup. Mais au-delà de cette réalité se posent des questions beaucoup plus
fondamentales. Pourquoi la nudité masculine offense-t-elle, alors que celle des
femmes rapporte à coup sûr et reste très présente dans notre environnement,
qu’il s’agisse de publicités ou de vitrines des magasins ? L’égalité entre
les hommes et les femmes n’implique-t-elle pas l’égalité dans la représentation
de la nudité ?
Les affiches des
hommes nus n’avaient pas pour objectif de choquer les honnêtes Viennois. Le
caractère même du Leopold Museum, où l’exposition est programmée jusqu’au
28 janvier, le garantit. Car il n’est pas géré par des provocateurs mais
par des commissaires d’exposition expérimentés. Leur démarche professionnelle
transparaît dans les titres des autres expositions proposées cette
année : “Mélancolie et provocation dans l’œuvre d’Egon Schiele” ou encore
“Japon, la fragilité de l’existence”.
L'affiche
de l'exposition "Nude Men" - DR
Source Courrier International
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