Claude Cahun, Autoportrait, vers 1929. Collection Neuflize Vie - Photo André Morin.
Claude Cahun
Sans ses autoportraits photographiques, réalisés entre 1913 et 1953, Claude Cahun serait sans doute tombée dans l'oubli. La gloire, cette artiste aux dons multiples s'en souciait peu. A ses yeux, la littérature dominait. Etre reconnue pour ses photos l'aurait surprise...
Née Lucy Schwob en 1894 au sein d'une famille de la bourgeoisie nantaise propriétaire du journal républicain Le Phare de la Loire, nièce de l'écrivain Marcel Schwob, la jeune fille était dotée d'une plume superbe. Sur les cimaises du Jeu de paume, qui lui a consacré une rétrospective érudite, quelques phrases extraites de ses livres servent intelligemment de guide à sa démarche de photographe : « Je vais jusqu'où je suis, je n'y suis pas encore. » Et c'est en effet une quête obstinée - se débusquer soi-même - qui se révèle ici, photo après photo.
Si ses clichés sont datés par la qualité du papier, les formats parfois minuscules, le noir et blanc, les métamorphoses auxquelles se livre sous nos yeux Claude Cahun stupéfient. On la voit en Ophélia, dans son lit, belle, sensuelle, les cheveux flottant à la surface des draps. Ou bien alors le crâne et les sourcils rasés, de profil, sans égard pour elle-même avec son nez qui évoque un bec de mouette. En 1929, cheveux courts, Cahun pose en Narcisse, sa silhouette masculine se reflétant dans un miroir.
Jouant sur l'ambivalence sexuelle, l'androgynie, le travestissement, la gravité ou le comique, Claude Cahun révèle une multitude d'identités. Poète, essayiste, comédienne, créatrice d'objets et de costumes, elle a partagé sa vie avec sa compagne d'enfance Suzanne Malherbe, plus connue sous le pseudonyme de Marcel Moore. Résistante sur l'île de Jersey, elle a échappé par miracle à son exécution par les nazis. Amie d'Henri Michaux et de Robert Desnos, Claude Cahun, morte en 1954, s'était définie comme une « surréaliste depuis l'enfance ». Cette étiquette reste bien en deçà de la modernité esthétique de son œuvre, qui inspire encore Cindy Sherman, star de la photographie contemporaine.
1930 Robert Desnos
1939
1929 autoportrait
1929 autoportrait
1929 autoportrait
1929-1930
Source Télérama
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire