mercredi 31 août 2016
samedi 27 août 2016
Billets-Le bilan caché de François Hollande
Le bilan caché de
François Hollande
Ces 5 points du
bilan de François Hollande qui sont passés sous silence pour ne pas le gêner
aux élections présidentielles prochaines.
On le sait, le bilan économique et sécuritaire de F.
Hollande est particulièrement sombre. La comparaison de l’évolution du taux
de chômage, du taux de croissance et du niveau
de la dette publique avec le reste de l’Europe
montre un décrochage exclusivement français.
Parce qu’il est unique et régulier depuis plus de
deux ans, et qu’il s’est donc produit malgré l’environnement immédiat, ce
décrochage constitue la signature incontestable des mauvais choix et des
entêtements idéologiques du gouvernement socialiste). Quant au domaine
sécuritaire, le résultat est effroyable, avec un nombre de victimes du
terrorisme sur le territoire national tout
simplement inimaginable.
Pour autant, les conséquences néfastes de cette parenthèse
socialiste ne s’arrêtent pas aux seuls constats chiffrés. C’est même
probablement dans le domaine symbolique et moral que les dégâts seront les plus
dramatiques, avec rien moins que :
- la décrédibilisation de la fonction présidentielle
- la déconsidération de l’action politique
- la dévalorisation de la justice, de la police et de l’éducation nationale
- le discrédit du libéralisme et la consolidation du mythe étatique
- l’essor du populisme
Décrédibilisation
de la fonction présidentielle
Outre cette incapacité à agir et à prendre des risques
(l’un ne va pas sans l’autre), F. Hollande aura saccagé le statut de la
fonction présidentielle sans doute encore plus violemment que ne l’aura fait
son prédécesseur. Contrairement à ce que l’on peut supposer de prime abord, l’épisode
des rendez-vous galants chez l’actrice Julie Gayet n’a rien d’anodin.
Comment justifier en effet qu’un Président qui, à l’Élysée,
passe ses journées à ne pas prendre de décisions efficaces, voire à ne pas
prendre de décisions tout court, puisse s’en aller discrètement le soir se
délasser à quelques pas de là avec une jeune et jolie actrice ? Passe
encore d’un Président efficace et consciencieux. Mais d’un Président qui
accumule les contre-performances ? Ne devrait-il pas travailler jour et nuit
jusqu’à ce qu’il soit digne de sa position ? Existe-t-il quelque chose de plus
important, lorsque l’on dirige un pays en recul, que de s’atteler à son
redressement ? Comment le Président trouve-t-il le temps de s’amuser ?
Pendant cet épisode affriolant, sur CNN (chaîne à l’audience
mondiale), F. Hollande a été tristement comparé à un « Berlusconi sans les compétences ». Bien évidemment,
la vie privée ne nous regarde pas. Sauf lorsque celle-ci se trouve en
incompatibilité avec la fonction et les circonstances publiques. Et dans ce
cas, c’est le bashing assuré !
Pourtant, certains agissements ayant trait à son métier
même de Président ont créé des torts encore plus gravissimes. Lorsque par
exemple à des journalistes qui lui demandaient si la mesure qu’il présentait
n’allait pas s’avérer ruineuse, il avait benoîtement répondu : « cela
ne coûte rien , c’est l’État qui paie ».
Tout d’un coup, une partie de la population s’est ainsi rendu compte que notre
pays avait à son sommet un personnage inconséquent. Une prise de conscience
encore plus terrible s’est alors imposée, douloureuse et même déprimante :
la France est une démocratie d’opérette puisque n’importe qui peut en devenir
le Président.
Le fait que F. Hollande court derrière les faits divers
et en devienne le porte-parole presque officiel (accident de la Germanwings,
sinistres en France ou à l’étranger, funérailles de personnages célèbres,
attentats, Coupe d’Europe de foot, Jeux
Olympiques…), comme s’il recherchait coûte que coûte des occasions pour se
mettre en avant, n’aura fait qu’accentuer cette étrange impression d’avoir au
sommet de l’État une espèce de pantin sans aptitude ni conviction. Forcément,
l’effet est désastreux sur le statut même de la fonction présidentielle.
Déconsidération
de l’action politique
Sans doute F. Hollande n’imaginait pas à quel point son
mensonge, lorsqu’il avait affirmé sur la chaîne télévisée d’État : « nous avons bien redressé le pays en
quatre ans », pouvait être dramatique sur les consciences. Chez les
Français en difficulté, cela a naturellement tourné à l’écœurement.
Les pressions visant à montrer des policiers sur les photos post
attentats de Nice sont du même genre, et trahissent un immense mépris du peuple
par nos élites actuelles. Pire encore, elles dissimulent très mal leur souci de
masquer leur impuissance. Alors, comment attribuer le moindre crédit à l’action
politique ? Faut-il s’étonner que de plus en plus d’électeurs soient
persuadés de l’inutilité du gouvernement, et pire encore, des élections ?
La classe politique est endogame. Elle s’est installée au pouvoir. Elle est
inopérante, mais indélogeable. Telles sont les croyances qui se sont calcifiées
dans l’esprit de bon nombre de Français. Du point de vue de la vie de la cité,
tout cela s’annonce délétère.
Dévalorisation
de la Justice, de la Police et de l’Éducation Nationale
Un gouvernement dont le premier réflexe, la première obsession
semble être de ne surtout pas stigmatiser les coupables, de masquer les fautifs
afin d’éviter tout amalgame, d’accuser les victimes (pour peu qu’elles
ressemblent à des blancs chrétiens français de souche de droite) plutôt que les
bourreaux (pour peu qu’ils appartiennent au clan opposé, celui du Bien)
décrédibilise totalement les institutions telles que la Justice et la Police.
D’ailleurs, en dépit d’un État d’Urgence décrété de façon
tonitruante, tout le monde s’est rendu à l’évidence : non seulement la
sécurité n’est pas assurée sur notre territoire, mais l’État n’a plus aucune
autorité. Les extrémistes de Nuit debout n’ont-ils
pas saccagé la place de la République à Paris pendant des semaines, en
toute impunité ? La CGT (qui ne représente que 3% des travailleurs,
majoritairement protégés) n’a-t-elle pas bloqué le pays plusieurs jours ?
Les manifestants contre l’aéroport de Notre Dame des Landes n’ont-ils pas bravé
les lois et les décisions politiques ? À l’inverse, la police
n’a-t-elle pas blessé des parents d’élèves pour
stopper net une manifestation pacifique (en présence des enfants) dans une
école primaire ?
Il en est de même lorsque l’Éducation Nationale, au nom pourtant
de l’égalitarisme, dilue les filières les plus élitistes. Ou pire encore,
lorsque notre Ministre de l’Éducation et notre Premier Ministre, dans un élan
commun de bigoterie gauchiste, érigent en exemple culturel un certain Jamel
Debouze… Avec de telles saillies, force est de constater que l’institution se
saborde de manière parfaitement efficace.
À tel point que les Français informés (ceux qui en particulier
nourrissent des ambitions pour leurs rejetons) se demandent quel est son
véritable objectif. Pourquoi s’acharner sur le latin, l’allemand et amputer les
cours les plus structurants pour des activités transverses tout à fait
approximatives ? S’agit-il de couler la culture française ? De
bêtifier (de concert avec les médias) un peu plus les Français pour les rendre
encore plus faciles à manipuler par la novlangue socialiste ?
Discrédit
du libéralisme et consolidation du mythe étatique
C’est dans ce domaine toutefois que l’action gouvernementale
aura atteint des records d’hypocrisie : dans cette façon de parler de
réformes libérales sans les appliquer, tout en soulevant l’ire de la rue et des
indignés pour les avoir mises en place !
Le résultat d’une telle mythomanie est tout simplement
incroyable : la presse de gauche (très majoritaire en France) et le corps
électoral socialiste n’ont pas de mots assez durs contre un gouvernement
socialiste qu’ils accusent d’avoir trahi ses engagements pour mener une
politique ultra libérale (sic !).
Outre notre pays, qui continue de régresser, le grand perdant,
dans cette scandaleuse méprise, se trouve être le libéralisme, qui
paradoxalement, aura été sali auprès des électeurs étatistes alors qu’il
n’a même pas été appliqué, et que ce sont encore et toujours des mesures
étatistes inefficaces qui nous sont servies ! Les électeurs socialistes
fulminent contre une réforme Khomri dont il ne reste quasiment rien de libéral.
Ce qui est le comble de la duplicité.
A côté de cela, les indignés, et des postulants plus ou moins
illuminés (ou cyniques ?) comme Montebourg, Hamon, Mélenchon, Le Pen, font
perdurer des racontars dignes de contes de fées communistes. Ces personnages là
entretiennent des lubies frappadingues, qui n’ont fonctionné nulle part
ailleurs, mais auxquelles ils s’accrochent avec émotion, du style
« nationaliser les entreprises en difficultés », « faire du
social sans contrepartie », s’adonner à la « préférence nationale »,
« recruter toujours plus de fonctionnaires », etc… À croire que
l’économie planétaire est fermée, administrée, et non concurrentielle !
À croire que la France est une sorte d’îlot coupé du monde, si
ce n’est le nombril de l’univers ! Or, au lieu de décoder ces
escroqueries, la presse de gauche surenchérit sur ces lubies démentes et
entretient de ce fait la duperie. L’imposture est gigantesque, unique,
lamentable. Et durablement toxique.
Essor du
populisme
Un Président incompétent, un méli-mélo économico-politique
totalement fallacieux, des mesures politiques en trompe l’œil, des institutions
liquéfiées, il n’en faut pas plus pour rebuter les citoyens les moins armés
intellectuellement.
L’attirance pour les partis populistes, dont les leaders font
preuve chaque jour de leur non appartenance à l’élite (gage d’intégrité et
d’efficacité), est un réflexe tout à fait logique chez des électeurs qui n’ont
pas le savoir nécessaire pour dissocier le vrai du faux en matière d’économie
et de société… C’est une réaction parfaitement naturelle mais qui, hélas,
constitue l’un des plus gros dangers pour la démocratie.
Car le populisme conduit tout droit vers la dictature. Dictature
du Verbe pour commencer, comme ils semble que ce soit déjà le cas en France
depuis quelques années. Dictature pure et dure, ensuite, et ceci très
progressivement, très subrepticement…
Photo : By: Jean-Marc
Ayrault – CC BY 2.0
Source contrepoints.org
vendredi 26 août 2016
mercredi 24 août 2016
lundi 22 août 2016
jeudi 18 août 2016
mercredi 17 août 2016
Billets-Les burkinis de la discorde
Les burkinis de la discorde
Comme le faisait fort justement
remarquer Archimède, tout corps plongé dans un liquide en ressort mouillé. Ce
qui est vrai pour un physicien grec l’est tout autant pour des maillots de
bains, y compris pour les plus larges d’entre eux, les burkinis. Il n’en
fallait pas beaucoup plus pour déclencher une belle polémique humide à la
française.
Tout
indiquait que ce qui n’aurait pas même fait l’objet d’une ligne dans un pays
dignement policé allait en France immédiatement enfler hors de
proportion : jugeant probablement indispensable de ramener à la mode
l’accoutrement de bain amusant du début du vingtième siècle quitte à en
augmenter encore la superficie, des femmes ont récemment introduit le burkini,
vêtement « de bain » aux formes amples, couvrant à peu près tout leur
corps.
Afin de
pimenter l’affaire, l’ensemble de la démarche a été posée dans un cadre
religieux, alpha et oméga pratique pour déclencher l’urticaire d’un pays confit
de son anticléricalisme forcené : pour ces femmes, il semble indispensable
de se couvrir ainsi en allant barboter à la mer afin, non pas d’attirer sur soi
les regards des moqueurs, mais de respecter leur conception de leur foi.
Prétexte amusant qui, au passage, pousse à s’interroger sur l’avis de Mahomet,
Abraham ou Jésus sur des pratiques sociales ou des technologies parfaitement
anachroniques avec eux, et qui, surtout, permet à l’observateur extérieur de
voir les bienpensants s’emberlificoter gravement avec leurs dogmes
intellectuels.
Alors qu’un Edwy Plenel,
journaliste tendrement pétri de valeurs socialistes, semble tout joyeux de
rappeler que la liberté, la vraie, suppose de pouvoir s’habiller comme on le
souhaite, Laurence Rossignol, député elle
aussi tendrement pétrie de valeurs socialistes, juge « profondément archaïque » un tel accoutrement et entend le combattre, le tout sans
ces arrière-pensées qui seraient à la fois nauséabondes et de droite.
Personne
ne s’étonnera de la « cohérence » vibrante d’humanisme étalé à gros
rouleaux baveux de nos deux phares de la pensée moderne. Pourtant, Plenel sera
le premier à fustiger violemment ceux qui viendraient à utiliser leur liberté
d’expression pour se moquer des femmes en burkini (la liberté n’est belle que
dans le cadre défini par Edwy, n’est-ce pas). Quant à Rossignol, elle n’aura
aucun mal à chanter les louanges des vêtements (ou disons, leur absence) de
certains individus lors de Gay Pride endiablées, le projet de société qu’ils
représentent alors étant sans aucun doute plus souhaitable à ses yeux que tout
autre projet, pas estampillé Camp du Bien. Mais peu importe.
Au-delà de ces « intellectuels » bavards, la
France se retrouve scindée en deux par le truchement de médias à court de
nouvelles intéressantes. Bondissant d’un arrêté municipal interdisant
les burkinis à ces rixes tragiques dans une crique corse, la presse a transformé en affaire
nationale ce qui ressemble pourtant à un concours du plus ridicule. Le pompon
serait probablement l’intervention du Président François, la mine grave et le
verbe hésitant, pour calmer les esprits sur cette question ô combien
essentielle à la survie de la Nation.
Car
c’est bien de survie qu’on va nous faire croire qu’il s’agit : la
République est en danger, mes petits amis ! Les burkinis sont à nos portes
et seule une main ferme et des lois taillées au cordeau pourront bouter le
danger hors de nos frontières, par ailleurs passoires scandaleusement ouvertes
par des traités européens scélérats, et gnagnagna souveraineté nationale, et
gnagnagna envoyez le Charles De Gaulle en opex et bombardez la Syrie !
Pourtant,
ce n’est pas la première révolution vestimentaire que le pays aura dû subir. Ce
n’est pas le premier faux-pas en habillage que le peuple français aura commis,
et auquel il aura pourtant brillamment survécu. D’autant qu’en fait de peuple,
seule une frange est concernée.
On
m’objectera, à raison, que la taille de cette frange semble augmenter et que ce
serait là le principal problème. Si l’observation est probablement exacte, le
problème n’est pas là. De même qu’il n’est pas dans l’augmentation du nombre de
femmes en burquas se baladant dans nos rues. Le problème est, malheureusement,
bien plus profond puisqu’il se situe dans l’absence de possibilité de réponse sociale à cette dérive.
En
effet, sur les quarante dernières années, tout a été construit pour que soit
impossible la seule réponse possible du corps social à ce qu’il trouve incongru
(peu importe ici que ce soit à tort ou à raison) : en quatre décennies, on
a progressivement rendu tabou voire éventuellement illégal de se moquer de
certaines pratiques, de certaines pensées, de certaines religions. À force de
subventions et d’orientations politiques délétères, on a donné un pouvoir
quasi-illimité à des fourmillements d’associations lucratives sans autre but
que celui de policer la pensée des gens.
Il est devenu de facto impossible de
ridiculiser ce qu’on trouve ridicule : des ligues de vertu, du CRAN à la
LICRA en passant par tant d’autres acronymes grotesques, se sont érigées en
pourfendeurs d’oppressions fantasmées et sont toujours sur la brèche pour
lutter contre les mauvaises paroles ou les mauvaises pensées (pour les coups et
blessures effectives, elles se font plus timides, et deviennent
totalement inexistantes lorsque la victime n’est ni
de la bonne religion, ni de la bonne couleur).
Les
individus, finalement assez rationnels lorsqu’il s’agit de leurs propres
intérêts, ont vite compris qu’à ce petit jeu, se moquer ouvertement de ce
qu’ils trouvaient ridicule pouvait leur coûter cher. La pression sociale, celle
qui fit (heureusement) disparaître les habitudes vestimentaires les plus
abominables (depuis les coiffures à queue de rat jusqu’aux chemises
pelle-à-tarte en passant par les sous-pulls en tergal) et, plus important
encore, cette pression sociale qui permit à la société d’évoluer en relâchant
justement les contraintes qui existaient sur les habitudes et les ségrégations
de tous ordres, cette pression sociale n’est plus possible puisqu’elle est
maintenant juridiquement encadrée.
C’est
par exemple cette pression sociale qui faisait que, jadis, un petit con surpris
à faire des bêtises se prenait les rodomontades de la maréchaussée suivie d’une
déculottée de ses parents. Le petit con grandissait et devenait moins con. À
présent, la pression sociale ne joue plus, les parents, confits de l’idéologie
collectiviste, ayant abdiqué leurs prérogatives aux forces de l’ordre (on paye
l’État pour ça, après tout) qui n’ont plus le temps de les utiliser. Les petits
cons deviennent grands mais restent cons.
Maintenant,
si on a encore le droit de faire des blagues sur les blondes (pour combien de
temps encore ?), il est en pratique très risqué d’en faire sur d’autres
catégories de personnes. Or, s’il est impossible de se moquer, de ridiculiser
ou de simplement exprimer son opinion, la norme sociale n’est plus définie et
la frustration s’installe. Elle se traduit mécaniquement par une montée des
tensions entre les individus qui font alors tout pour marquer leurs
différences. Et là où la pression sociale aurait utilisé la moquerie pour
juguler les envies des uns et des autres de trop se différencier, la perte de
liberté d’expression entraîne une montée des comportements radicaux, destinés à
marquer la capacité des uns et des autres à bien se rebeller contre le pouvoir
en place.
Mieux
encore : les burkinis n’auraient pas été un
problème si la République avait pu garantir à ses citoyens le pouvoir de s’en
moquer sans craindre ni les ires des associations mouche-du-coche, ni, plus
incroyable encore, celles des coreligionnaires armés de harpons qu’un état
d’urgence devrait pourtant rendre fort improbable. S’il y a un problème
avec ces vêtements, ce n’est pas dans leur existence ou dans la volonté
farouche et ridicule de certaines de s’en accoutrer, mais dans le fait qu’on ne
puisse plus librement critiquer ces choix (ou tout autre, du reste) sans
risquer l’incident juridique ou la rixe punitive : une société saine peut
fort bien prôner la tolérance sans
s’imposer l’approbation.
En
France, on en est maintenant très loin, et à chaque consternante poussée
d’hystérie médiatique sur ce genre de sujet, on s’en éloigne encore en
polarisant les foules en deux groupes diamétralement opposés, irréconciliables
: celui de l’approbation niaiseuse et universelle au prétexte de valeurs
républicaines indéfinies, et celui de l’interdiction impraticable sous les
mêmes prétextes grandioses.
De
burquas en burkinis, de débats médiatiques idiots en prises de position
politique consternante, que croyez-vous donc qu’il va bien pouvoir se
passer ?
Source contrepoints.org
lundi 15 août 2016
samedi 13 août 2016
mercredi 10 août 2016
samedi 6 août 2016
vendredi 5 août 2016
jeudi 4 août 2016
mardi 2 août 2016
lundi 1 août 2016
Billets-La censure chinoise, comment ça marche ?
La censure chinoise, comment ça marche ?
Un professeur américain d'Harvard a ouvert un
réseau social en Chine pour tester les mécanismes de la censure. Il a découvert
que les entreprises privées ne manquent pas d'idées pour aider les autorités et
s'octroyer un marché juteux.
Neuf ans après Mark
Zuckerberg, qui a quitté Harvard pour fonder Facebook, un professeur de
sciences politiques de la même université, Gary King, a décidé qu'il était
temps de lancer son propre réseau social.
Il ne l'a pas fait
pour gagner de l'argent, mais pour voir le système de censure chinois de
l'intérieur, un système où les fournisseurs d'accès à Internet acceptent de
s'autocensurer conformément aux directives gouvernementales. Pour ne pas mettre
en danger les personnes impliquées dans son projet, Gary King ne divulguera pas
l'URL de son site.
Les études antérieures
ont surtout observé les réseaux sociaux chinois pour déterminer quelles
informations y étaient censurées. Certaines reposaient sur des interviews de
personnes impliquées dans le système de censure, qui acceptaient de parler du
rôle qu'ils y jouaient. Mais en s'adressant à un important fournisseur chinois
de logiciel en ligne pour l'aider à gérer son site, Gary King s'est trouvé aux
premières loges pour étudier les outils de censure et il a pu demander à
l'entreprise tout ce qu'il souhaitait savoir sur le mode d'utilisation de ces
outils. "Quand nous avions des questions, il nous suffisait d'appeler le
service clientèle", dit-il. "Ils étaient payés pour nous aider."
Comme d'autres
expériences menées parallèlement sur des réseaux sociaux connus, l'incursion de
ce professeur dans le monde des entreprises en ligne a montré que la censure
chinoise repose beaucoup plus qu'on ne le pensait sur un filtrage automatique
qui bloque des posts et les soumet au contrôle de censeurs avant leur
publication en ligne. L'équipe de Harvard a également découvert que le système
de censure chinois repose sur un marché capitaliste étonnamment dynamique, où
des entreprises se font concurrence pour offrir de meilleurs services et
technologies de censure.
La censure des sites
chinois est irrégulière et on sait qu'elle recourt souvent à un simple contrôle
manuel. Mais, selon Gary King, le logiciel chinois qui lui a été fourni pour
gérer son site disposait d'une panoplie d'outils de censure automatique assez
complexes et son fournisseur lui a même prodigué des conseils d'utilisation.
"Les options étaient vraiment stupéfiantes", observe-t-il.
Trois censeurs pour 50 000 utilisateurs
Non seulement les
posts pouvaient être automatiquement bloqués pour être contrôlés manuellement
par un censeur en fonction de certains mots-clés, mais ils pouvaient être
traités différemment en fonction de leur longueur, de l'endroit où ils
apparaissaient sur le site et du fait qu'ils entamaient une conversation ou la
poursuivaient. Certains internautes pouvaient être la cible d'une censure plus
agressive, en fonction de leur adresse IP, de la date de leur dernier message
et de leur réputation dans le cyberespace.
Les appels au service
clientèle du fournisseur du logiciel ont révélé qu'il était possible d'acquérir
une série de modules payants pour obtenir des options de filtrage plus
sophistiquées. Ces conversations ont également permis d'éclaircir le vieux
mystère du nombre de censeurs chinois contrôlant les posts publiés sur
Internet. King a été informé que pour être en mesure de répondre aux exigences
du gouvernement, un site doit employer deux ou trois censeurs pour 50 000
utilisateurs. Le professeur estime donc qu'il y a entre 50 000 et 75 000
censeurs travaillant pour des entreprises du Web en Chine [Selon le journal
pékinois Xinjingbao, deux millions de
personnes sont employées dans le pays à "analyser l'opinion sur
internet" sous la direction du ministère de la Propagande et des sites
internet. Ils observent les commentaires sur les informations qui font le buzz
du jour et font leurs rapports aux "décideurs", explique le journal].
Dans une expérience
menée parallèlement, l'équipe de Harvard a recruté des dizaines d'internautes
en Chine pour poster 1 200 messages sur 100 réseaux sociaux afin de voir
lesquels étaient censurés. Un peu plus de 40% ont été immédiatement bloqués par
des outils de censure automatique ; certains ont été publiés un ou deux
jours plus tard, d'autres jamais. A en juger par les sorts différents réservés
aux posts, ces sites utilisaient un large éventail de technologies et de
méthodes de censure.
Pour Gary King, ces
résultats et ceux de son propre site donnent à penser que la Chine a créé une
sorte de marché de la censure très compétitif, au sein duquel les entreprises
en ligne sont libres de gérer leur système de censure à leur guise tant qu'elles
ne laissent pas des opinions sensibles fleurir sur le Web. Ce dispositif incite
les entreprises à chercher des méthodes de censure plus efficaces en vue de
minimiser leur impact sur la rentabilité. "Il y a une grande diversité et
de nombreuses possibilités d'innovations techniques et commerciales dans la
censure", souligne le professeur. "Les entreprises peuvent faire des
essais et choisir parmi les sociétés qui cherchent à leur vendre des
technologies de censure."
Jason Q. Ng, un
étudiant de l'Université de Toronto spécialisé dans la censure chinoise, estime
que la perspective offerte par Gary King sur les différentes options qui
s'ouvrent à la censure est sans précédent. "Les autorités semblent
reconnaître que le gouvernement n'est pas le mieux placé pour exercer la
censure", dit-il. "Mieux vaut confier cette tâche à des entreprises
privées, non seulement pour des raisons d'innovation mais aussi de
ressources."
Ce marché fonctionne
sous la menace constante d'actions punitives du gouvernement, ajoute
l'étudiant. Après l'affaire [du dirigeant déchu de Chongqing] Bo Xilai l'an
dernier, Tencent Weibo et Sina Weibo, les Twitter chinois, ont été fermés
pendant trois jours et plusieurs entreprises plus modestes, définitivement.
"Un compte rendu de [l'agence officielle] Xinhua a expliqué que ces
mesures touchaient des entreprises qui ne faisaient pas leur travail
correctement."
Dessin
de Stephff Droits réservés
Source Courrier International