Entretien avec Henning Mankell
Peu avant la parution de son nouveau roman,
Tea-Bag, Henning Mankell était de passage à Paris pour assister à une
représentation de sa pièce de théâtre Ténèbres. L'écrivain suédois a accepté de
recevoir Lire en exclusivité, dans son hôtel des Champs-Elysées à la décoration
toute scandinave. L'occasion d'apprendre de sa bouche pourquoi il avait
interrompu les aventures du célèbre inspecteur Kurt Wallander, désormais
remplacé par sa fille Linda. Peu disert, méfiant à l'égard des médias, l'homme
venu du froid fait un peu figure d'ours polaire mal léché. Avec quarante
millions d'exemplaires vendus dans le monde, l'auteur d'Avant le gel et de La
lionne blanche ne court pas après la publicité. De prime abord, ce bourlingueur
pourrait paraître désabusé, mais son regard s'anime dès qu'il évoque l'Afrique
et les laissés-pour-compte. Il a le mérite de rester fidèle à ses convictions
humanitaires. Préoccupé par le sort des pays sous-développés et la corruption
politique du vieux continent, Henning Mankell se définit avant tout comme un
Européen mais séjourne sept mois par an au Mozambique. La gloire et la fortune
apportées par ses livres lui permettent de défendre sa terre d'adoption
africaine ainsi que les cultures de pays oubliés. Ce forçat de l'écriture n'oublie
pas la littérature pour autant. En évoquant la tragédie grecque et John le
Carré, il nous livre certaines de ses recettes d'auteur à succès et nous donne
des clés pour mieux comprendre une œuvre qui transcende le genre policier.
Comment êtes-vous devenu écrivain?
HENNING
MANKELL. Quand j'avais six ans, ma grand-mère m'a encouragé à lire et à écrire.
J'ai encore en mémoire la sensation d'être capable de mettre des mots les uns
après les autres pour faire une phrase, puis de faire une autre phrase et
soudain d'avoir une histoire. Cette sensation était fantastique. Honnêtement,
après cela je n'ai rêvé de rien d'autre. Je ne me souviens pas d'avoir rêvé de
conduire une locomotive ou ce genre de choses.
A quel âge avez-vous vraiment commencé à écrire des histoires?
H.M.
J'ai toujours écrit des histoires car j'ai toujours su que c'était cela que je
voulais faire. J'ai commencé par de petites histoires, à l'école. A quinze ans,
j'ai quitté la Suède. A l'époque, tous ceux qui voulaient devenir artistes
devaient se rendre à Paris. Alors je suis arrivé à la gare du Nord, en janvier
1964. Je n'avais que deux cents francs sur moi et une terrible rage de dents.
Je ne connaissais personne, je ne parlais pas la langue... Je suis pourtant
resté un an, en survivant grâce à des petits boulots payés au noir...
Quel genre de petits boulots?
H.M.
J'ai travaillé à Belleville, dans un petit atelier d'artisanat. Je réparais des
clarinettes. C'était assez absurde mais je prenais cela comme une université de
la vie. Le reste du temps, j'écrivais. A dix-neuf ans, j'ai écrit ma première
pièce de théâtre et à vingt-trois je publiais mon premier livre... Maintenant,
je le reconnais, j'ai beaucoup de privilèges. Mais le plus grand privilège que
j'ai, c'est de faire aujourd'hui ce que je rêvais de faire autrefois. Tout le
monde a des rêves mais pour la majorité des gens, ça reste des rêves. Moi, je
les vis.
Vous vivez sept mois par an en Afrique: un rêve d'enfant réalisé?
H.M.
C'était également un rêve. Je me suis rendu la première fois en Afrique à l'âge
de dix-neuf ans. J'avais le sentiment qu'il fallait prendre mes distances avec
l'Europe, avoir cette perspective sur le monde, en dehors de l'égocentrisme
européen. Ça a été l'Afrique, et je n'ai pas cessé d'y retourner et d'en
revenir depuis quarante ans. L'Afrique me rend encore plus européen grâce à
cette distance.
Il paraît que vous rêviez de crocodiles quand vous étiez enfant…
H.M.
C'est vrai. Dans la région de Suède où j'ai grandi, je voyais une montagne au
loin et une rivière coulait devant chez nous... Le rêve de me rendre en Afrique
vient peut-être de là. J'imaginais que le bout du monde était de l'autre côté.
Mais en grandissant un peu, mon idée de l'Afrique a changé et je ne suis pas
parti là-bas pour voir les crocodiles. Je voulais voir les Africains. Depuis,
j'ai l'impression que l'Afrique a fait de moi un meilleur Européen. C'est
pourquoi j'y retourne régulièrement depuis si longtemps...
Avez-vous une âme africaine, maintenant?
H.M.
Je le pense... J'ai l'habitude de dire que j'ai un pied dans la neige et
l'autre dans le sable. Je me sens chez moi ici et là-bas.
Vous aimez donc tout de même la Suède, votre pays?
H.M.
Oui. Je suis né européen et je mourrai européen, même si je passe le reste de
ma vie en Afrique, car l'Europe représente mes racines, ma langue, ma
conscience.
Votre but, à travers vos livres, est-il de véhiculer un message
politique?
H.M.
Je ne pense pas que l'on puisse écrire de la fiction si l'on a réellement
l'intention de délivrer un message politique. Ce que je fais, c'est raconter
des histoires. Après, chacun peut y trouver un message. Mais je préfère dire
que je cherche à me concentrer sur l'importance de l'histoire. Il se trouve que
celle-ci a toujours une dimension politique. C'est la voix que j'utilise. De
temps en temps, j'écris aussi des essais journalistiques. C'est le plus direct
des messages mais ce n'est pas la même chose.
Le roman policier est-il le meilleur moyen pour critiquer la société
contemporaine?
H.M.
Je ne dirai pas que c'est le meilleur moyen, car ce n'est pas le seul, mais
c'est un bon moyen. Nous savons que la plupart des gens ne lisent rien d'autre
que des thrillers. C'est donc un bon moyen de les atteindre. Mais le roman
policier peut aussi être une forme très efficace pour raconter une histoire. Il
ne faut pas oublier que la fiction criminelle est l'une des plus vieilles
formes de littérature. On peut remonter à la Grèce antique: de quoi nous parle
Médée? C'est une pièce de théâtre sur une femme qui assassine ses enfants par
jalousie, bref un roman policier écrit il y a deux mille cinq cents ans! Cette
donnée, le fait que les histoires de crimes soient parmi les plus anciennes,
est l'une de mes inspirations. Manifestement, nous aimons lire ces histoires,
comme il y a deux mille ans. En tant que genre, le drame, la tragédie, m'a
beaucoup influencé.
Shakespeare vous a également influencé?
H.M.
Et comment! J'estime que Macbeth est le crime dramatique absolu. Vous pouvez
enlever Macbeth et mettre à la place le président Nixon ou quelqu'un dans ce
genre. C'est toujours la même vieille histoire. Voici ce que j'essaye de faire
dans mon travail, je veux dire par là que je poursuis une vieille tradition en
écrivant ce genre de choses...
Vous citez souvent John le Carré parmi vos influences. Y en a-t-il
d'autres?
H.M.
Sur notre époque, John le Carré est très bon, oui! Sinon, en dehors des vieux
auteurs grecs de l'Antiquité qui m'ont beaucoup influencé, il y a des écrivains
du Nord. Josef Conrad beaucoup aussi. Et Dostoïevski, évidemment.
On vous a comparé à Simenon... A tort ou à raison?
H.M.
Oui, j'ai lu Simenon. Ce qu'il a écrit est remarquable. Mais ses histoires
étaient surtout concentrées sur le crime, il n'y avait rien sur la société.
C'est peut-être la différence par rapport à moi. Mais naturellement, les
histoires de Maigret continuent de vivre... Je suis flatté d'être parfois
comparé à Simenon mais je peux aussi souligner cette différence.
Per Walhoo et Maj Sjowall furent les premiers auteurs suédois à
réinventer le polar. Ont-ils compté pour vous?
H.M.
Ils écrivaient dans les années 1960-1970. A cette époque, je les ai lus, bien
sûr. Ils ont eu une grande influence mais ils ont eux-mêmes été influencés par
d'autres. Parce que nous écrivons toujours en vivant dans une tradition. Je
marche dans les pas de monsieur Simenon, qui lui-même suivait la voie ouverte
par Edgar Allan Poe. Et nous descendons tous des Grecs anciens.
Quant à Ingmar Bergman, qui n'est autre que votre beau-père, son
cinéma vous a-t-il inspiré?
H.M.
Oui, c'est un génie. Et il compte beaucoup dans ma vie actuellement. Nous
sommes devenus d'excellents amis. Nous nous voyons souvent, nous discutons
beaucoup de musique ensemble. C'est une part importante du processus créatif.
J'aime comme lui philosopher sur la musique, sur ces sensations qu'elle
véhicule et qu'un livre ne peut pas apporter. Nous avons des discussions de ce
genre, sur Bach notamment. Nous parlons essentiellement de musique classique.
Dans vos romans, vos descriptions de paysages font parfois penser à
des tableaux. Vous intéressez-vous à la peinture?
H.M.
Oui, surtout la peinture ancienne, le Caravage, par exemple. Mais je
m'intéresse aussi à des peintres plus récents, comme Edward Hopper. Si mes
paysages font penser à des tableaux, c'est parce que j'essaye d'écrire des
livres que j'aimerais lire moi-même. Le climat est très important aussi. C'est
la première question que l'on se pose le matin: va-t-il pleuvoir? En ce sens,
le climat et les paysages ont la même fonction. Ils permettent de créer une
atmosphère.
Un point commun rapproche tous vos livres: ils traitent de l'état du
monde depuis la chute du Mur...
H.M.
Oui, d'une certaine manière. Ce que j'ai essayé de faire, c'est utiliser le
miroir du crime pour parler du monde des quinze dernières années. En ce sens,
vous avez raison. Mais j'essaye aussi de parler de la relation entre la
démocratie et le système judiciaire. Car c'est aujourd'hui un problème commun à
toute l'Europe, que ce soit en France ou en Suède. Nous savons comment ça
fonctionne et nous ne pouvons accepter cela dans une démocratie. J'entends par
là ces scandales de corruption dans la police et chez les juges, ce genre de
choses... Si le peuple commence à croire que la justice est corrompue, alors il
perd confiance en la démocratie. C'est tout le problème. Nous devons nous
battre contre cela. C'est aussi une sorte de message caché de la part de
l'écrivain que je suis.
Quel est le principal problème, en Suède?
H.M.
Je pense que c'est pareil en France et en Suède. Il y a trop de gens maintenus
en marge de la société qui ne trouvent pas de travail, qui ne se sentent pas
acceptés, qui n'ont pas les mêmes droits alors que ça devrait être le cas.
C'est cela le vrai problème: la société est de plus en plus divisée, entre ceux
qui possèdent et ceux qui n'ont rien. Ce problème est en liaison directe avec
l'immigration, et c'est le même en France ou en Suède car ce sont des sociétés
de classes. Et la cassure est de plus en plus grande.
Est-ce la perte d'innocence de votre pays que vous décrivez à
travers vos romans?
H.M.
On peut le voir ainsi, oui...
Comment expliquez-vous votre immense succès?
H.M.
Je ne l'explique pas. [Rires] Je vais vous raconter une petite histoire... Il y
a douze ans, en Suède, nous avons eu une élection pour décider s'il fallait
dire oui ou non à l'Union européenne. Je marchais dans les rues de Stockholm et
un homme est venu vers moi... Cet homme m'a dit: «Excusez-moi, je reconnais
votre visage et je voudrais vous poser une question. Est-ce que monsieur
Wallander [héros des romans de Mankell, NDLR] va voter oui ou non à l'Union
européenne?» C'était une situation assez ridicule, je n'avais jamais réfléchi à
cela. J'ai alors compris que la plupart des gens imaginaient Wallander comme
une personne vivante, un peu comme Maigret. Mon héros peut faire des choses
bien ou mal, comme vous et moi. Ce n'est pas James Bond. C'est peut-être pour
cela que les gens peuvent se reconnaître en lui...
C'est un antihéros?
H.M.
Oui, un antihéros.
Vous n'avez pas dit si vous aviez voté oui ou non à l'Union
européenne...
H.M.
Je pense que mon héros vote le contraire de ce que je vote. Je peux vous le
dire maintenant: il aurait voté oui, car j'ai voté non. J'ai voté non pour une
raison simple: j'étais effrayé par le fait que l'Europe assiste de moins en
moins l'Afrique. Mais c'est ce que je pensais à l'époque. Aujourd'hui, j'essaye
d'être aussi positif que possible vis-à-vis de l'Union européenne.
Vous avez déclaré un jour que Wallander n'aurait jamais pu devenir
votre ami...
H.M.
Quand les gens me demandent si Wallander c'est moi, je réponds: non. Nous avons
seulement trois points communs: le même âge, l'amour de l'opéra italien et le
fait que nous travaillons beaucoup. C'est tout. Il est vraiment étrange, il a
mauvais caractère. Je me suis rendu compte que c'était plus facile d'écrire sur
une personne que je n'aimais pas trop.
Wallander est-il un symbole, un miroir, de votre pays?
H.M.
Je pense qu'il est typiquement européen. Il aurait pu être français. Il est
gros, un peu lent...
Pourquoi avoir interrompu la série des Kurt Wallander après lui
avoir consacré dix romans? Vous ne le supportiez plus?
H.M.
C'est une question de respect, pour mes lecteurs et pour moi-même. Je ne veux
pas que ça devienne une routine. J'ai préféré arrêter avant que ça devienne
ennuyeux.
Vous avez donc poursuivi vos romans policiers avec Linda Wallander.
Vous-même, avez-vous une fille?
H.M.
Non, je n'ai que des garçons. J'aurais voulu avoir une fille mais je n'en ai
pas. C'est la vie. Mais j'aime mes garçons.
Pourquoi vos héros sont-ils souvent atteints de maladie: dépression,
cancer ou diabète?
H.M.
Dans certains cas, ça facilite l'histoire. Si l'on prend l'exemple de Stefan
Lindman [le héros du Retour du professeur de danse, NDLR], il a un cancer de la
langue. C'est très rare et très dangereux. Il aurait dû en mourir et il
parvient à vivre. En plus, la langue est un symbole, bien sûr.
A propos, quelles langues pratiquez-vous?
H.M.
Je parle anglais et portugais, je comprends bien le français, mais en ce moment
je pense surtout en portugais [langue parlée au Mozambique, NDLR]... Ça crée
une confusion.
Vos personnages sont souvent dépressifs. Pourquoi?
H.M.
Vous trouvez? C'est plutôt une sorte de mélancolie. Il y en a beaucoup en
Europe de nos jours.
Et vous?
H.M.
Personnellement, je ne suis pas mélancolique. Mais il y a beaucoup de choses
qui m'ennuient dans la situation actuelle. Peut-être suis-je philosophiquement,
politiquement très fatigué. Nous vivons dans un monde terrible. Je vous donne
juste un exemple: en ce moment même, dix enfants meurent du paludisme. Nous
avons la logistique et les médicaments pour les sauver et nous ne le faisons
pas. Des enfants meurent ainsi chaque année. Cela me met en colère. Moi aussi,
j'ai eu le paludisme. Mais je ne suis pas mort car je viens d'un pays riche.
C'est le sujet de votre dernier livre (publié en Suède), dans lequel
vous évoquez les laboratoires pharmaceutiques?
H.M.
Ce livre s'intitule Kennedys hjärna (Le cerveau de Kennedy) et sera bientôt
traduit en français. Ça parle surtout du sida et de la manière dont les
laboratoires testent leurs médicaments mais j'aurais aussi bien pu parler du
paludisme. A propos du titre, j'ai utilisé Kennedy comme un symbole. En lisant
le rapport Warren sur son assassinat, j'ai appris qu'une partie de son cerveau
mitraillé avait disparu. Si le cerveau du président américain disparaît, cela
veut dire que tout ce qui concerne la vérité peut disparaître. Ce cerveau était
une preuve factuelle, il pouvait probablement prouver que Kennedy avait été tué
par un ou deux autres tireurs et non par Lee Harvey Oswald. Le problème, c'est
que nous ne le saurons jamais car une partie du cerveau a disparu.
Vous écrivez, à la fin du Retour du professeur de danse, que ce
livre est bien un roman mais qu'il comporte «un certain nombre de vérités
indubitables». Faites-vous allusion à l'histoire de votre pays?
H.M.
Nous ne voulions pas que le nazisme revienne. Mais l'idéologie des nazis est
encore vivante. Les idées des ultraconservateurs sont les idées basiques du
fascisme. Nous devons nous méfier de ces gens parce qu'ils sont encore très
puissants en Europe aujourd'hui, car ils fonctionnent en réseau. Je ne parle
pas des skinheads et de ces petites merdes de néonazis qui n'ont aucune
influence sérieuse et avec lesquels nous pouvons négocier. Je parle de ces gens
silencieux qui croient encore à ces vieilles idées. Ceux-là sont très
dangereux.
Pourquoi avez-vous créé votre propre maison d'édition, Leopard
förlag?
H.M.
J'avais le même éditeur depuis trente ans et je ne voulais plus que tout cet
argent continue à passer uniquement dans les poches des riches. Il faut que les
revenus des livres soient investis dans de nouveaux livres.
C'est pourquoi vous publiez des auteurs africains?
H.M.
J'ai essayé de publier des livres qui ne le sont généralement pas et qui sont
l'expression de cultures différentes. Qu'ils soient africains, arabes ou
asiatiques. C'est mon ambition d'utiliser l'argent que je gagne pour faire
connaître des auteurs du Mali, d'Algérie ou d'ailleurs car ils ne sont jamais
traduits. Et c'est ce que je fais.
Selon vous, la littérature africaine est promise à un bel avenir...
H.M.
Il y a quelques années, la littérature sud-américaine était très importante. Ça
a complètement changé. Je pense que c'est au tour de l'Afrique de nous raconter
à présent de nouvelles histoires. Une littérature qui permet de comprendre ce
qu'est la vie, ce qu'est le monde. Dans les années à venir, il va y avoir un
flot de livres africains, c'est ce que je souhaite sincèrement.
Votre nouveau roman, Tea-Bag, est-il un hommage au courage des
femmes?
H.M.
D'une certaine manière. On parle toujours des hommes qui quittent leur pays
pour trouver du travail mais il y a aussi beaucoup de jeunes femmes qui
arrivent en Europe, pas seulement pour se prostituer mais pour les mêmes
raisons que les hommes. J'ai voulu parler d'elles. J'en ai rencontré comme
celles dont je parle mais Tea-Bag, l'héroïne principale, n'existe pas vraiment.
L'un des personnages de ce roman est un écrivain.
H.M.
Il n'a rien à voir avec moi... [Rires]
Ce personnage n'arrive pas à écrire de roman policier, c'est de
l'autodérision?
H.M.
En Suède, tout le monde sait de qui il s'agit. C'est un personnage vaniteux.
Comment écrivez-vous? Utilisez-vous un ordinateur?
H.M.
Oui, mais quand j'écris une pièce de théâtre ou un scénario de film, j'écris à
la main. Pour les articles et les romans, j'écris sur ordinateur.
Combien d'heures par jour?
H.M.
Beaucoup.
Surtout le matin, le soir?
H.M.
J'ai écrit ce matin avant de venir. J'écris aussi le soir.
Et vous écoutez de la musique en écrivant?
H.M.
Non. J'écris dans le silence.
Piochez-vous des idées dans les livres? Dans les journaux?
H.M.
Je peux trouver des idées dans les livres, je peux trouver des idées en
observant votre photographe... Les idées viennent de partout. De ce que je
vois, de ce que je ressens, de ce que je pense, de ce que je rêve...
Vous prenez des notes?
H.M.
Parfois mais pas beaucoup. Je préfère compter sur ma mémoire. Si l'idée
s'envole, c'est qu'elle n'était pas importante.
Suivez-vous un plan précis?
H.M.
Oui. Je ne commence pas un livre sans savoir ce qu'il y aura dedans. Je connais
la fin d'avance. J'ai tout dans la tête.
Y a-t-il une recette pour réussir un bon polar?
H.M.
Je ne pense pas qu'il y ait un truc. Vous devez ressentir ce que vous écrivez.
C'est aussi compliqué d'écrire un thriller qu'un texte de n'importe quel autre
genre littéraire. C'est toujours le même problème pour écrire une bonne
histoire. Et c'est ridicule d'écrire dans l'intention de faire un best-seller.
Et votre prochain livre?
H.M.
C'est un thriller qui s'intitulera La Chinoise. Je me suis rendu plusieurs fois
en Chine, mais je n'en dis pas plus.
On dit que vous êtes l'exportation suédoise numéro deux après
Ikea...
H.M.
Que voulez-vous que je dise à cela? No comment. Mais je n'ai rien contre Ikea.
Source: Par Tristan Savin (Lire), publié le 01/04/2007