mercredi 31 janvier 2018

mardi 30 janvier 2018

lundi 29 janvier 2018

dimanche 28 janvier 2018

Billets-Peut-on être « libéral-conservateur » ?

Peut-on être « libéral-conservateur » ?

Quelle est la part de libéralisme dans le « libéral-conservateur » ?

Au détour des conversations que j’ai pu avoir avec différents membres de la famille libérale, il arrive souvent que mon interlocuteur me dise en substance : « Pour ma part, je suis libéral-conservateur, c’est-à-dire libéral en économie et conservateur sur le plan sociétal. » Et il me demande ensuite où je me situe selon cette variante particulière du libéralisme. 

LES LIBÉRAUX, UNE PETITE FAMILLE TOUT EN NUANCES
La famille libérale est certes petite en nombre, mais il est vrai qu’elle se rattrape largement quand on en vient à faire la liste extensive de ses mille et une nuances. À supposer que vous vous sentiez une petite inclination libérale, savez-vous si vous êtes anarcho-capitaliste, libéral-libertaire, minarchiste, libertarien, libéral classique, ordo-libéral… ?

La multiplication des étiquettes qualifiant les libéraux tient d’abord au fait que le mot anglais liberal a été progressivement préempté par la gauche américaine, rendant nécessaire l’adoption de nouveaux vocables, notamment celui de libertarian. Mais en règle générale, les différences entre ces termes s’expliquent par la place plus ou moins grande – quoique toujours limitée – accordée à L’État.

LIBÉRAL DANS UN DOMAINE SEULEMENT ?
Avec « libéral-conservateur », rien de tel. L’ampleur étatique n’est pas en cause. Elle est naturellement souhaitée la plus réduite possible, notamment dans le domaine économique, par opposition à l’interventionnisme et au dirigisme propres au socialisme ou même à la social-démocratie. Nombreuses sont les personnes qui souhaiteraient que l’État les laisse travailler en paix, sans les harasser de contraintes absurdes et sans leur prendre en impôt des portions confiscatoires de leurs revenus. Mais le terme renvoie plutôt à un tri effectué dans les activités humaines afin de voir quels domaines peuvent relever ou pas du libéralisme.

À la question posée ci-dessus, je réponds ainsi : « Je suis totalement libérale, donc sur le plan sociétal, je suis ravie que des personnes puissent bénéficier de la liberté de fumer, divorcer ou avorter (par exemple). Mais à titre personnel, je mène une vie des plus classiques ; je trouve que fumer est idiot car dangereux, et serais-je confrontée à une situation d’avortement ou de divorce, que je me trouverais face à un grave problème de conscience. »

LE CHOIX PERSONNEL DU LIBÉRAL
À titre personnel. Voilà le petit détail qui fait, je crois, que le terme « libéral-conservateur » associe deux qualificatifs qui ne sont pas situés au même niveau. « Libéral » renvoie au principe général de responsabilité et de liberté des personnes dans une société qui valorise les droits naturels, c’est-à-dire la liberté, la propriété et la sécurité, tandis que « conservateur » donne une indication sur les préférences spécifiques de la personne qui parle. Préférences que, dans un contexte libéral, elle est parfaitement en droit d’avoir, mais qui ne sauraient s’imposer à tout le monde.

Il est certain que nous vivons dans une société où s’épanouit tous les jours un peu plus un constructivisme progressiste rampant. Par exemple, il faut désormais se déclarer officiellement opposé au don d’organe pour ne pas être considéré comme donneur d’office, et il existe maintenant un délit d’entrave numérique à l’IVG qui consiste à pénaliser les sites internet coupables, aux yeux du gouvernement, de diffuser de « fausses informations » dans le but de décourager  les femmes d’avorter.

Si « conservateur » signifie qu’on refuse, à titre personnel, d’être entraîné à marche forcée par décision gouvernementale dans les valeurs obligatoires du progressisme et qu’on souhaite avoir le droit d’adopter un mode de vie qu’on pourrait qualifier de « classique » ou « traditionnel », tout en reconnaissant aux autres le droit de faire des choix différents, il devient inutile d’accoler ce mot à « libéral » dans la mesure où le libéralisme est justement l’environnement qui laisse la société évoluer par elle-même et permet à chacun de vivre à sa façon dès lors qu’il n’y a pas d’atteintes aux personnes et aux biens.

LE LIBÉRAL-CONSERVATEUR SELON HAYEK
Mais l’on peut songer à une autre définition du « conservateur ». Pour Friedrich Hayek dans son texte « Why I am not a conservative »il s’agit de quiconque se montre hostile aux changements radicaux. Dès lors, le « conservateur » sera enclin à protéger l’ordre établi, y compris en recourant à l’autorité de l’État, afin de ralentir la marche de la société et graver dans le marbre de la loi l’ordre ancien qui lui est cher contre le « déplorable relativisme » qu’il attribue à toute personne qui se déclare ouverte aux valeurs qui ne sont pas les siennes.

Cette attitude n’est pas libérale, mais le contexte socialiste (au sens large) dans lequel nous vivons depuis plusieurs décennies a contribué à créer une confusion et une forme d’assimilation erronée entre le libéralisme et le conservatisme.

Dans un précédent article, je notais que lorsque le gouvernement est de gauche, il pratique avec enthousiasme une politique typiquement socialiste selon la trilogie « lubies écolo-sociétales, dépenses, impôts », ce qui déclenche chez le blogueur libéral des réflexions peu amènes sur le sujet qui lui attirent la sympathie de personnes qui détestent les socialistes mais qui ne sont pas nécessairement très libérales.

De façon conjoncturelle, libéralisme et conservatisme se rejoignent dans leur opposition au progressisme à marche forcée dont je parlais plus haut, mais ces deux approches sont cependant à l’opposé dans leurs valeurs essentielles. Car dans cette configuration, le libéral refuse le terme « marche forcée » tandis que le conservateur refuse le terme « progressisme », quitte à imposer d’en haut son conservatisme.

Le libéral ayant des préférences personnelles conservatrices rejettera éventuellement l’avortement pour lui-même, mais il ne l’interdira pas aux autres. Dans la formulation de Hayek, que je partage totalement, cela donne :
Il y a maintes valeurs des conservateurs qui me conviennent mieux que celles des socialistes ; mais aux yeux d’un libéral, l’importance qu’il attache personnellement à certains objectifs n’est pas une justification suffisante pour obliger autrui à les poursuivre aussi.

À l’inverse, le conservateur tel que défini par Hayek n’aura de cesse de mettre en place un gouvernement qui l’interdira. Notre conservateur n’est certes pas progressiste, bien au contraire, mais il est néanmoins tout autant « constructiviste » que le socialiste et use des mêmes coercitions pour faire advenir, ou plutôt revenir l’ordre social auquel il aspire. Hayek à nouveau :
Comme le socialiste, il (le conservateur) est moins soucieux de la façon dont les pouvoirs du gouvernement devraient être limités, que du choix de qui les exercera, et comme le socialiste il se considère autorisé à imposer aux autres par la force les valeurs qu’il révère.

Dans cette seconde acception du terme « conservateur », il y a bien un mot de trop dans la formule « libéral-conservateur », mais contrairement à la première définition, c’est le mot « libéral », le mot le plus important, qui n’a plus sa place.

ALORS, PEUT-ON ÊTRE « LIBÉRAL-CONSERVATEUR » ?
Le mot composé « libéral-conservateur » a-t-il un sens ? J’ai tendance à répondre que non. Soit le conservateur est conservateur pour lui-même sans chercher à voir ses opinions prévaloir pour l’ensemble de la société, et dans ce cas il n’a pas besoin d’ajouter le terme conservateur à libéral dans la mesure où son cas est prévu dans le libéralisme.

Soit le conservateur ne sera satisfait dans ses convictions que si celles-ci s’imposent à tous. Pour ne pas être progressiste, il n’en est pas moins constructiviste selon ses propres valeurs. Cela l’écarte à tout jamais de la philosophie libérale qui appelle à la tolérance et à l’esprit de responsabilité des individus, dans l’unique limite du respect des personnes et des biens. Dans ce cas, le terme libéral est non seulement de trop : il est incompatible avec le conservatisme en question.
C’est pourquoi, comme Hayek avant moi, « I am not a conservative ».


Source contrepoints.org
Par Nathalie MP.


Nathalie MP est née en 1962. Depuis début 2015, elle tient un blog dont les thèmes centraux sont : politique, libéralisme, catholicisme. Quelques digressions vers le ski et la montagne sont possibles.

samedi 27 janvier 2018

jeudi 25 janvier 2018

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lundi 15 janvier 2018

samedi 13 janvier 2018

Infos santé-Toux de l’enfant


Toux de l’enfant

  • Quels sont les symptômes de la toux chez l'enfant ?
La toux est la réaction normale à une irritation des voies respiratoires de l’enfant, le plus souvent en lien avec une infection ou une allergie.
Il existe de nombreuses formes de toux qui peuvent être regroupées en deux familles : les toux sèches (sans production de glaires) et les toux grasses (avec production de glaires ou expectorations). Les toux grasses sont des toux utiles car elles dégagent les voies respiratoires et contribuent à la guérison. La toux peut être aigue (par exemple, en cas de rhinopharyngite) ou chronique (par exemple, en cas d’allergie).

  • Quelles sont les causes de la toux chez l'enfant ?
La toux n’est pas une maladie mais un symptôme provoqué par une irritation de la gorge, de la trachée, des bronches, ou parfois en réaction à un problème touchant les… oreilles. De nombreuses maladies s’accompagnent de toux (rhinopharyngite, laryngite, bronchiolite, pneumonie, asthme, coqueluche, rougeole, grippe, etc.). Dans le cas de l’asthme, la toux peut être le premier signe d’une crise qui se traduit alors par des difficultés respiratoires potentiellement graves.
Lorsqu’un corps étranger est inhalé, il provoque également des accès répétés de toux. Des substances irritantes (gaz, poussière, par exemple) sont de même à l’origine de toux.

  • Comment réagir en cas de toux chez l'enfant ?
Mettez votre bébé en position assise ou semi-assise.
Évitez de fumer dans la maison.
Veillez à bien humidifier l’air ambiant (récipients remplis d’eau ou humidificateur).
Faites inhaler à l’enfant de la vapeur d’eau en plaçant son visage au-dessus d’un bol d’eau chaude et en couvrant sa tête avec un torchon (à partir de l’âge de trois ans).
S’il le tolère, rincez-lui le nez et l’arrière-gorge avec du soluté physiologique en aérosol ou en dosettes.
En cas de toux rauque, enfermez-vous avec lui dans la salle de bains et bouchez l’évacuation d’air. Puis, projetez avec le pommeau de douche de l’eau chaude sur les parois de la baignoire, jusqu’à ce que l’atmosphère de la salle de bains soit bien humide. Prenez votre enfant sur vos genoux en position assise et bercez-le.
Donnez-lui à boire fréquemment.

  • Quand faut-il consulter un médecin en cas de toux chez l'enfant ?
Appelez immédiatement le service d’aide médicale d’urgence (SAMU) en composant le 15 ou le 112 :
Si, en plus de la toux, l’enfant éprouve des difficultés pour respirer ou pour avaler.
Si sa voix se modifie (voix éteinte).
Si son état général se détériore.
Si la toux est rauque (comme un aboiement).
Si l’on pense que la toux est due à un corps étranger dans les voies respiratoires (jouet, cacahuète, etc.).
Si l’enfant fait des efforts pour respirer (visibles au niveau du cou et des ailes du nez), il ne faut pas attendre un bleuissement pour appeler le 15.

Consultez un médecin dans la journée :
Si la toux s’accompagne d’une forte fièvre ou d’un mal de gorge.
Si des sifflements sont associés à la toux.
Si la toux ne diminue pas après quelques jours de traitement prescrit par un médecin.

Consultez un médecin dans les jours qui viennent :
Si la toux persiste et occasionne une gêne pour l’enfant et son entourage.

  • Ce que fait le médecin pour soigner la toux d'un enfant
Il examine le nourrisson ou l’enfant, recherche des signes de fièvre, inspecte sa gorge et ausculte ses poumons. Le cas échéant, il demande une analyse de sang et une radiographie des poumons.
Lorsque l’encombrement des bronches est important ou que le médecin suspecte une bronchiolite, ce dernier peut prescrire des séances de kinésithérapie respiratoire pour faciliter la remontée des glaires.

  • Les médicaments contre la toux de l'enfant
L’utilisation des sirops contre la toux (sèche ou grasse) n’est pas recommandée chez le nourrisson. Chez les enfants, un avis médical est toujours préférable, même si ces médicaments sont en vente libre.

  • Contre la toux sèche
Les médicaments utilisés pour calmer la toux sèche sont des antitussifs qui diminuent ce réflexe en agissant sur le système nerveux. Chez l'enfant de moins de deux ans, ces médicaments ne doivent en aucun cas être utilisés en automédication, sauf s’ils ont été préalablement prescrits par un médecin.
Leur usage doit se limiter au cas où l’enfant a du mal à supporter la toux, et la durée du traitement ne doit pas dépasser trois à cinq jours. Une toux persistante justifie une consultation médicale.

  • Contre la toux grasse
En cas de toux grasse, les fluidifiants bronchiques sont destinés à diminuer la viscosité des sécrétions et à faciliter leur remontée et leur élimination. Ils sont rarement indispensables. L'usage des médicaments contenant de la carbocistéine ou de l'acétylcystéine est contre-indiqué chez les enfants de moins de deux ans. Dans tous les cas, demandez conseil à votre médecin.
Lors de toux grasse, les antitussifs utilisés pour traiter la toux sèche sont bien sûr déconseillés car ils entraîneraient une accumulation des sécrétions dans les bronches.


Source : Vidal

Infos santé-Sommeil de l’enfant


Sommeil de l’enfant

Quand on parle de la rentrée on évoque les listes de fournitures scolaires mais un peu moins le besoin de resynchroniser le sommeil des enfants. Pourtant l’enjeu est de taille car il se passe des tonnes de choses pendant le sommeil.

C’est chaque année la même histoire : le combat de la dernière semaine de vacances pour obtenir des enfants qu’ils aillent se coucher avant 23 heures ! Oublier les habitudes prises l’été et revenir à un mode de fonctionnement plus ‘normal’ car le matin, durant l’année, le réveil sonne à heure fixe.

Plus les connaissances des chronobiologistes sur le sommeil progressent et plus on se rend compte de l’intérêt de permettre aux enfants de bénéficier d’un temps de repos satisfaisant et surtout efficace.

Car il se passe beaucoup de choses la nuit durant les divers cycles du sommeil.
On ne dort pas d’une seule traite, en effet. Le sommeil c’est un peu comme un programme de machine à laver, il est composé de plusieurs cycles répétitifs.
Il y a d’abord les signes d’endormissement bien connus, les yeux qui clignent, les bâillements, l’attention qui baisse, autant de signes annonciateurs du besoin d’aller se coucher et qui ne doivent pas être négligés.

Le risque, en laissant l’enfant résister à cette envie est qu’il laisse ainsi passer près de deux heures, jusqu’au moment où arrivera le cycle suivant.

Le sommeil, en effet, est composé d’une succession de cycles. On somnole puis on s’endort d’un sommeil d’abord léger, puis profond, périodes calmes. Tout va s’agiter ensuite avec la période du sommeil dite ‘paradoxale’.

Durant cette période il existe une activité parfois débordante avec des mouvements, des contractions musculaires, des mouvements rapides des yeux.

Au cours des phases de sommeil profond, l’organisme des enfants secrète une hormone de croissance et de la prolactine, cette dernière étant, semble t-il impliquée dans la maturation du système immunitaire.

C’est aussi un moment de récupération physique au cours de laquelle le cerveau reconstitue ses réserves énergétiques.

Le sommeil paradoxal est la période au cours de laquelle nous rêvons et, selon certains travaux, c’est à ce moment que nous nous reprogrammons face à notre environnement, que nous renforçons en quelque sorte notre personnalité propre.
C’est également à ce moment que se font la mémorisation et l’organisation des informations acquises au cours de la journée. C’est également le temps de la récupération nerveuse.

Chez l’enfant le cycle sommeil calme-sommeil paradoxal dure environ 90 mn, une vingtaine de minutes de moins que chez l’adulte. Il est entrecoupé de brèves périodes d’éveil et va se répéter 5 à 6 fois par nuit.

Il est important de bien observer le sommeil de l’enfant, de noter ses heures d’endormissement et de réveil afin de voir quelle est la quantité de sommeil dont il a besoin pour adapter ensuite l’heure du coucher en vue de l’année scolaire à venir.
C’est important parce que rien n’est plus préjudiciable qu’un mauvais sommeil en raison des risques de perturbations biologiques qu’il entraine. Il y a les sécrétions hormonales évoquées plus haut et surtout cette phase essentielle du sommeil paradoxal qu’il ne faut pas interrompre.

Le réveil idéal se situe donc soit dans les brèves périodes d’éveil, soit lors du sommeil léger.

Réveiller un enfant lors des autres périodes d’un cycle serait un peu comme vouloir sortir le linge d’une machine en plein milieu de la phase d’essorage !

Il faut donc vraiment tout faire pour aider l’enfant à bien dormir, lui apprendre à ne pas rater le coche quand il a sommeil sous peine d’attendre près de deux heures le cycle suivant. Lui retirer aussi toutes les sources de ce qui peut provoquer un état d’excitation ou d’énervement, en premier lieu le téléphone portable et les jeux vidéo.
Dormir n’est pas une perte de temps, bien au contraire. On récupère mais on apprend aussi. On se reprogramme, on affirme sa personnalité et quand on est un jeune enfant ce sont des moments essentiels pour la vie future.


Source : docteurjd.com

vendredi 12 janvier 2018

jeudi 11 janvier 2018

mardi 9 janvier 2018

Billets-Paternalisme de l’État : Macron n’a rien changé

Paternalisme de l’État : Macron n’a rien changé

Comme pour ses prédécesseurs, Emmanuel Macron n’envisage la place de la société civile que comme subordonnée à l’État tour à tour dirigiste, stratège ou encore organisateur de la vie quotidienne.

Dans un excellent papier publié dans L’Opinion le 26 décembreJean-Marc Daniel dressait un intéressant parallèle entre la politique de Kennedy et celle d’Emmanuel Macron, montrant les proximités entre le discours du président français et la doctrine des démocrates américains.

Dans son analyse, l’économiste reprend la célèbre citation du seul président catholique des États-Unis :

Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.

que le Président a d’ailleurs reprise à sa façon dans ses vœux. C’est par cette même phrase que Milton Friedman ouvre son livre majeur Capitalisme et liberté: dans un passage acéré, le Prix Nobel d’économie en critique vertement la philosophie « paternaliste » et holistique («  organismic  ») qui implique que « le gouvernement est le patron, le citoyen son sujet »« une vision en contradiction avec la foi que l’homme libre a en sa propre responsabilité pour forger son propre destin ».

FRIEDMAN CONTRE LA PENSÉE DOMINANTE
Le texte de Friedman est catégorique : il s’accommode probablement imparfaitement avec le nécessaire pragmatisme du quotidien ; mais il a le mérite de proposer une référence à l’aune de laquelle évaluer les politiques et débats publics ; une référence totalement absente du paysage français.

Sur l’ensemble de l’échiquier politique national, la même vision prévaut : l’État domine la société et l’économie, qu’il régule de façon nécessairement efficace et pertinente. Plus encore, il lui appartient de les façonner pour les améliorer : le rôle du politique est de changer le monde, non par la libre adhésion des individus, mais grâce à et par l’État.

Les majorités successives divergent, non sur le modèle de société mais sur le degré de coercition qu’elles estiment acceptables et la coloration politique qu’elles lui donnent : à des interventionnistes militants succèdent des interventionnistes plus discrets ; à des étatistes conservateurs succèdent des étatistes progressistes. Quelles que soient les ambitions, la société reste subordonnée aux objectifs que l’État lui assigne. Despotisme éclairé ou rétrograde, mais despotisme quand même.

L’OMNIPOTENCE DE L’ÉTAT
Hégémonie technocratique. Cette omnipotence se marque dans la vie quotidienne et dans le fonctionnement des institutions. Elle se matérialise par deux statistiques : la dépense publique, qui atteint 57 % du PIB, et les prélèvements obligatoires, à 47,6 % du PIB. On ne martèle pas assez ces chiffres, inquiétants pour notre économie mais surtout effrayants pour notre liberté.

L’élection d’Emmanuel Macron et de la majorité En Marche n’a pas changé structurellement ce logiciel. Leur action est plus nuancée, leur objectif plus réformiste, leur ambition plus progressiste.

Leurs opposants défendent des projets dramatiquement plus intrusifs, répressifs, parfois xénophobes et souvent asphyxiants. Mais les instruments restent les mêmes et la hiérarchie entre l’État et la société ne change pas : l’État commande, la société exécute.

BAISSER LA DÉPENSE PUBLIQUE
La France a une histoire centralisatrice. Elle a également une conception du pouvoir étatique hégémonique plus récente, consacrée depuis le milieu du XXe siècle par le triomphe de la technocratie. Elle ne deviendra jamais une société avec un État minimal (pas plus que les États-Unis d’ailleurs).

Pour autant, elle a des marges de manœuvre immenses pour progresser sur la voie d’une société plus libre, notamment en baissant la dépense publique. C’est une piste à explorer en 2018 pour le gouvernement, qui n’a encore rien fait en la matière.

Source contrepoints.org
Par Erwan Le Noan.

Erwan Le Noan

Diplômé de Sciences Po et des universités de Paris, avocat de formation, ancien rapporteur à l’Autorité de la concurrence, Erwan Le Noan est consultant, spécialiste de concurrence. Il enseigne à Sciences Po et est responsable de Trop Libre, le media de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).