lundi 30 janvier 2017

Billets-François Hollande…La tirade d'un président normal

Nous allons pouvoir vérifier !


François Hollande…La tirade d'un président normal

Nous avons 5 ans pour vérifier !

« Je veux être un président qui d’abord respecte les Français, qui les considère. Un président qui ne veut pas être président de tout, chef de tout et en définitive responsable de rien. »

  • Moi président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l'Élysée.
  • Moi président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur.
  • Moi président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti, dans un hôtel parisien.
  • Moi président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante, je ne nommerai pas les membres du parquet alors que l'avis du Conseil supérieur de la magistrature n'a pas été dans ce sens.
  • Moi président de la République, je n'aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserai ça à des instances indépendantes.
  • Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire.
  • Moi président de la République, j'aurai aussi à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l’État ; je le ferai réformer, de façon à ce que si des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés, je puisse dans certaines conditions me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m'expliquer devant un certain nombre d'instances.
  • Moi président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire, autant de femmes que d'hommes.
  • Moi président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres, qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d'intérêts.
  • Moi président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leur fonction avec un mandat local, parce que je considère qu'ils devraient se consacrer pleinement à leur tâche.
  • Moi président de la République, je ferai un acte de décentralisation, parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d'un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.
  • Moi président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats, et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation.
  • Moi président de la République, j'engagerai de grands débats, on a évoqué celui de l'énergie, et il est légitime qu'il puisse y avoir sur ces questions là de grands débats citoyens.
  • Moi président de la République, j'introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives, pour les élections non pas de 2012, mais celles de 2017, car je pense qu'il est bon que l'ensemble des sensibilités politiques soient représentées.
  • Moi président de la République, j'essaierai d'avoir de la hauteur de vue, pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m'occuperai pas de tout et j'aurai toujours le souci de la proximité avec les Français. »

« J'avais évoqué une présidence normale. Rien n'est normal quand on est président de la République, puisque les conditions sont exceptionnelles, le monde traverse une crise majeure, en tout cas l'Europe. Il y a des conflits dans le monde, sur la planète, les enjeux de l'environnement, du réchauffement climatique : bien sûr que le président doit être à la hauteur de ces sujets là, mais il doit aussi être proche du peuple, être capable de le comprendre. »

Billets-La crise vue par Pierre-Cyrille Hautcoeur



La crise vue par un historien...

“Face aux excès de la finance, il faut construire un véritable espace politique européen"


Propos recueillis par Olivier Pascal-Moussellard (Télérama)
L'Europe politique serait au bord de l'explosion, dynamitée par les problèmes financiers ? Pas si vite, répond Pierre-­Cyrille Hautcœur, directeur d'études à l'Ehess : l'histoire ancienne montre que l'affrontement entre les milieux financiers et les Etats ne date pas d'hier. Et nous donne des raisons d'y croire.


« La crise actuelle peut être éclairée par certaines expériences de construction étatique. Ainsi, dans la France (et l'Espagne) de la Renaissance et des débuts de l'époque moderne (XVIe et XVIIe siècles), les villes et les grands féodaux formaient des entités politiques puissantes très autonomes par rapport aux rois. Si elles ne peuvent plus battre leurs propres monnaies, puisque les rois de France ont centralisé la frappe dès le XIIIe siècle, elles sont des puissances financières : revenus indépendants, capacité d'endettement, au point que les rois ont parfois besoin de leur aval pour s'endetter eux-mêmes. Il n'y a donc pas d'unité nationale en termes de finances publiques, ou plutôt c'est une œuvre de longue haleine (à laquelle contribuent beaucoup Colbert et Louis XIV), qui repose d'abord sur l'extinction des velléités de guerre entre les féodaux ou entre eux et le roi.

« L'analogie avec l'Europe actuelle est grande : des féodaux plutôt impuissants individuellement (les Etats) ont renoncé à certains de leurs pouvoirs, soit au profit de l'Union, soit au profit du monde de la finance via la dérégulation. Ils ont encore le pouvoir de détruire l'Union, pas celui de mettre en œuvre un projet alternatif efficace. Il n'est donc pas impossible que l'on entre dans une longue période d'hésitation, mais très improbable que l'on détruise l'Union ou l'euro.

« La comparaison avec le krach de 1929 ne me paraît en revanche pas juste. Certes, en 1931, une crise bancaire terrible se produit en Autriche et provoque un effondrement des ­finances publiques, qui se répercute sur l'Allemagne. Les Allemands font alors défaut sur leur dette, et une ­série de crises financières conduit aux dévaluations successives de toutes les monnaies et à la montée des protectionnismes. Mais on n'est pas dans un espace comme l'Union européenne : plutôt dans des conflits interétatiques politiques anciens, dont les participants vont jusqu'à ­sacrifier leurs intérêts plutôt que de ­favoriser le voisin. Aujourd'hui, il n'y a pas de revanche militaire à prendre ; l'interdépendance est pleinement comprise, et l'agressivité entre Etats européens reste modérée.

« Une crise politique majeure pourrait certes résulter d'un blocage du système financier. Mais il est très ­improbable : il faudrait qu'un certain nombre d'Etats fassent vraiment ­défaut (cessent de payer leur dette), ce qui rendrait leurs banques insolvables et illiquides et pourrait bloquer leurs systèmes de paiement : plus aucun chèque n'est encaissé, aucun virement n'est fait, ­l'économie s'arrête. Ce scénario radical n'arrivera pas : si l'on a retenu une chose de la crise des années 1930, en effet, c'est que les banques centrales doivent assurer dans tous les cas la liquidité bancaire – ce qu'elles ont fait aux Etats-Unis en 2008.

« Le reste n'est qu'affaire de redistribution : des gens vont perdre de l'argent – ceux qui détiennent de la dette d'un pays qui fait défaut ; d'autres en gagner : ceux qui, parce que leur pays a fait défaut, n'ont plus à payer les impôts qui devaient assurer le remboursement de la dette. Mais quand on est membre d'une union politique, on essaie d'éviter que certains perdent tout et que d'autres gagnent beaucoup : on fait des compromis. C'est ce que les ­gouvernements négocient actuellement. Et même si la Grèce, le Portugal et l'Irlande refusaient totalement de payer leur dette – chose impensable –, les pertes occasionnées resteraient inférieures aux fonds propres des banques européennes. Les seules banques insolvables seraient celles de ces pays, qui devraient être restructurées, nationalisées et revendues. Les autres banques de la zone euro subiraient certes de grosses pertes, mais elles ont la capacité de les absorber.

« Dans un système démocratique, il est peu réaliste de penser qu'une région, parce qu'elle est plus riche que les autres, va durablement payer plus que sa part des dépenses communes. Ne nous étonnons pas de voir les Allemands dire : « On n'est pas des vaches à lait ! » L'Histoire nous vient encore en aide : sous l'Ancien Régime, la France s'est agrandie en annexant des territoires dont l'intégration était facilitée par des privilèges fiscaux. Alors que le cœur du royaume avait un système fiscal unifié (les « cinq grandes fermes »), les autres régions (les pays d'états) avaient chacune leurs spécificités et privilèges. Le maintien de ces particularités est vite apparu injuste, et la Révolution française est, en partie, une rébellion du centre, qui décide de réunifier le pays au cordeau, en supprimant les anciennes provinces et en créant des départements sur une base purement géographique et égalitaire.

« L'Union européenne doit donc cesser de compter sur un pays pour payer les factures. Elle doit négocier des compromis non entre pays mais entre groupes sociaux et politiques. En ce sens, Mme Merkel donne le bon exemple en proposant de faire payer en partie les créanciers ou les banques : d'une part c'est sans doute la bonne solution, mais surtout elle parle de groupes d'intérêt, non de pays. Malheureusement, la société civile européenne est peu ­organisée à l'échelle du continent : les partis politiques ne sont pas européens, et les élections ne sont pas synchronisées, ce qui serait la condition de l'émergence d'un débat politique européen.

« Forcément, les tensions sociales augmentent avec les tensions financières : qui va payer ? Les jeunes se plaignent d'être massivement au chômage pendant que les retraités font des croisières autour de la Méditerranée. Ils se sentent victimes et non responsables de la crise et revendiquent plus de formation ou de rémunération du travail ; les retraités les trouvent trop gourmands, tout en se rendant compte qu'il faut des jeunes au travail pour payer leurs retraites et les dépenses maladie ! Mais la tension principale n'est sans doute pas entre générations. Les classes moyennes acceptent mal que trente ans de politique libérale aient conduit partout à un accroissement des hauts revenus... mais non des leurs.

« Quant à la méfiance grandissante vis-à-vis des systèmes financiers, elle aussi responsable de la montée des populismes, elle est en partie justifiée : la finance est l'activité qui s'est le plus mondialisée ces dernières années, qui a le plus bénéficié de la mondialisation... et qui échappe le plus au contrôle des Etats et à l'impôt. Plus grave, elle exige des biens publics son propre salut en cas de crise, mais refuse de les financer ! A Bruxelles, Paris ou Washington, les instances de régulation financière peinent à imposer leurs décisions, parce que les circuits financiers sont trop rapides et aptes à les contourner. D'où la nécessité de ralentir la circulation financière et de la contrôler pour redonner aux politiques une autonomie par rapport aux marchés.

« Cette tension entre “princes” et “marchands” n'est pas nouvelle : depuis le Moyen Age, les princes essaient de contrôler la monnaie et la finance, et les marchands de se mettre à l'abri de toute régulation étatique : ils construisent des entités politiques fictives (Monaco, Jersey, Luxembourg) sur lesquelles ils s'appuient pour être indépendants, rôle qu'ont joué pendant des siècles les Républiques italiennes contrôlées par les multinationales financières de l'époque (les Médicis, par exemple). L'histoire est faite de mouvements de balancier favorisant un pouvoir ou l'autre, l'alternance montrant qu'ils sont complémentaires et interdépendants. Aujourd'hui, l'excès de libéralisation financière empêche les États de fonctionner. La construction d'un véritable espace politique européen débouchant sur un vrai pouvoir financier fédéral est la seule solution à ces ­difficultés. Elle progresse, mais elle doit être accélérée, renforcée et démocratisée. »



Billets-Pénelope Fillon : 8 autres fois où François Fillon a joué au Dalton avec l'argent du contribuable


Pénelope Fillon : 8 autres fois où François Fillon a joué au Dalton avec l'argent du contribuable

François Fillon, qui est pour l'instant toujours le candidat de la droite à la présidentielle, est accusé ce matin dans Le Canard d'avoir rémunéré sa femme à hauteur d'un demi-millions d'euros comme attachée parlementaire, alors que même son équipe n'était pas au courant. Emploi fictif ? De toute façon, comment oublier sa gestion catastrophique de l'argent public durant toute la période où il était le Premier ministre de Nicolas Sarkozy ? Petit retour en arrière.
1. Il a fait tripler la taille de son appartement de fonction aux frais du contribuable
François Fillon, lorsqu'il était Premier ministre de 2007 à 2012, était obnubilé par les déficits publics et les dépenses de l'Etat. Sauf que dans son édition du 3 juin 2009, le Canard Enchaîné avait révelé qu'il a agrandi son appartement de fonction pour loger son épouse et trois de ses enfants. De 78m² du temps de Raffarin, l'appartement du Premier ministre est ainsi passé à 309 m² dont 213 m² pour la partie privative.
2. Fillon partait week-end à Marrakech avec un Falcon 50 aux frais de l'Etat
En mai 2009, Fillon part en week-end privé à Marrakech avec un Falcon 50. Au Canard enchaîné, ses conseillers justifient l'utilisation de cet avion en expliquant qu'en tant que Premier ministre, il pouvait être susceptible de rentrer en France à tout moment. Matignon avait précisé que Fillon et ses proches allaient rembourser leur billet au tarif d'un vol commercial. Sauf qu'"au regard du tarif de l'heure de vol en Falcon 50 ou de son immobilisation sur un aéroport, l'Etec [l'escadron gouvernemental] facture l'heure 2601 euros. Soit, pour un week-end de trois jours : 182 272 euros". Aucune preuve du paiement du billet d'avion par l'ex-Premier ministre n'a de toute façon été publiée.
3. Quand Fillon inaugure une nouvelle ligne TGV ... en le survolant avec son jet
Même Nicolas Sarkozy a dû avoir du mal à croire l'exploit de son Premier ministre, en 2007. Pour l'inauguration officielle du TGV-Est, François Fillon s'est  déplacé ... en jet. Logique, pour promouvoir la rapidité du TGV Est.
Le Canard Enchaîné, dans son édition du mercredi 13 juin 2007, révèle l'information. Le 9 juin 2007, le Premier ministre se rend à l'inauguration officielle du TGV-Est qui doit relier Paris à Strasbourg en 2h20. A l'heure du départ, à 7h36 à la gare de l'Est, les journalistes qui couvrent l'événement apprennent le Premier ministre est déjà monté dans la voiture 11 du TGV pour travailler mais qu'il rejoindra les journalistes à l'arrivée du train.
Le convoi officiel arrive finalement avec 26 minutes de retard, tout simplement parce que le TGV a fait un arrêt imprévu en gare de Nancy-Metz, le temps qu'il a fallu pour faire monter dans le TGV François Fillon. Ce dernier n'était en réalité pas du tout dans la voiture 11 du train mais avait préféré faire l'essentiel du parcours à bord d'un jet, un Falcon. La supercherie est alors divulguée à la presse par la SNCF.
Le train trop prolétaire pour François Fillon ?
4. Les week-ends de Fillon en Falcon 7X coûtaient 1,3 million d'euros par an à l'Etat
C'est le magazine Capital du mois de décembre 2011 qui avait sorti l'information : "chaque week-end du Premier ministre dans son château de Solesmes (Sarthe) revient à 30 000 euros pour le contribuable". Comment expliquer un tel coût en pleine crise économique ? Selon le magazine, François Fillon utilisait un Falcon 7X pour parcourir les 230 kilomètres qui séparent Matignon et son domicile dans la Sarthe.
Une heure de vol à bord d'un Falcon revient à environ 7 800 euros, sans compter le cortège de voitures officielles qui attendait le Premier ministre à sa descente, "les retours au bercail du chef du gouvernement coûtent 1,3 million d'euros par an... alors qu'il irait plus vite en prenant le train", dénonçait Capital.
5. Il a fait payer ses employés par d'autres ministères pour faire croire qu'il avait baissé ses dépenses
L'ancien Premier ministre avait affirmé avoir baissé les dépenses de fonctionnement de Matignon. En réalité, les frais de personnels, dont les voyages, étaient assurés par d'autres administrations... Un certain sens de la transparence (Le Canard Enchaîné n°4623, 3 juin 2009)
Au 1er janvier 2008, 40 des 62 membres du cabinet de François Fillon étaient payés par des administrations extérieures : leurs salaires n'entrent donc pas dans le budget de Matignon, que le Premier ministre se vantait pourtant d'avoir diminué.
François Fillon a présenté un "budget de crise" pour 2008 sauf qu'en réalité, le nombre de fonctionnaires dont le salaire est pris en charge par des institutions extérieures a augmenté. Au 1er juillet 2008, 49 des 70 membres du cabinet ne sont pas payés par le budget de Matignon (contre 40/62 six mois plus tôt). Même constat pour les fonctionnaires en service à l'Hôtel de Matignon : 230 étaient rémunérés par d'autres (contre 185 six mois plus tôt).
6. Il a passé Noël avec le dictateur Moubarak aux frais des contribuables
En décembre 2010, François Fillon passe le réveillon en Egypte, chez le dictateur Moubarak. Pour y aller, il fait le voyage à bord d'un Falcon 900 dont l'heure de vol est facturée ... 9 400 euros. Comme en mai 2009, Matignon avait indiqué que le Premier ministre avait remboursé son billet au tarif d'un vol commercial, sans dire que l'Etat avait pris en charge "le prix du stationnement sur le tarmac d'Assouan, plus l'entretien et le séjour de tout l'équipage. Car l'avion est resté immobilisé pendant dix jours, et tout ce petit monde, remarqué par d'autres visiteurs pour sa bonne humeur, était logé non loin de la famille Fillon, à l'hôtel cinq étoiles Pyramisa", indiquait le Canard enchaîné.
7. L'Etat assure pour 86 000 € le train de vie Fillon, y compris l'essence de sa voiture
François Fillon est un ancien Premier ministre, à ce titre, il bénéficie de la prise en charge par l'Etat du coût d'une voiture de fonction, le salaire d'un chauffeur et celui d'un assistant. Pour l'année 2014, l'Etat a dépensé 54 717 euros pour rémunérer un assistant, 12 167 euros pour un chauffeur. Quant au frais d'entretien de sa voiture de fonction, l'Etat a déboursé 4 452 euros en 2014, ainsi que 14 263 euros de carburant et 541 euros pour l'assurance.
Au total, François Fillon a donc bénéficié d'une dotation publique de 86 140 euros... pour avoir été Premier ministre entre 2007 et 2012. Sachant qu'il bénéficie d'une indemnité de député, de frais de représentation et d'une enveloppe pour rémunérer ses collaborateurs parlementaires.
8. Pour une simple inauguration, sa femme utilise un Falcon à 10 000 € le trajet aux frais de l'Etat
Mercredi 7 mars 2009, la femme de François Fillon, qui est alors Premier ministre, se rend à Roscoff pour le baptême d'un navire de la flottille des Britanny Ferries qui fait le lien entre la France et l'Angleterre. Le service de communication de Matignon précise alors que Pénélope Fillon "représente son mari à l'inauguration."
L'histoire prend une tournure polémique quand l'information selon laquelle elle s'y est rendue aux frais du contribuable en Falcon 50, pour un trajet d'environ 10 000 euros, au cœur de la crise économique.
La femme du Premier ministre ne devait pas être à 3 heures près : "Elle aurait pu monter dans un train, environ 130 euros l'aller-retour, (...) Paris-Morlaix, soit 3h42" souligne alors Le Canard.

Source le100.fr

Billets-La presse étrangère consternée que Fillon n'abandonne pas sa campagne: "La fraude est habituelle dans ce pays !"


La presse étrangère consternée que Fillon n'abandonne pas sa campagne: "La fraude est habituelle dans ce pays !"

Vu de la Grande-Bretagne, il n'est pas surprenant que François Fillon n'ait pas arrêté sa campagne présidentielle - "la fraude est une affaire d'habitude dans la politique française" écrit même "The Independant". 
Le journal britannique souligne d'entrée de jeu qu'alors que les députés britanniques sont "occupés à faire baisser au maximum leurs dépenses, les Français n'ont même pas à produire de reçus. Au lieu de cela, ils reçoivent entre 80 000 et 100 000 euros par an sans qu'on leur pose aucune question."
"The Independant" ne joue pas de tendresse non plus avec la défense du candidat de la droite : "Il y avait quelque chose de surréaliste quand François Fillon a défendu la carrière mystérieuse de son épouse Penelope en direct à la télévision cette semaine. Il a quand même escroqué plus de 500.000 euros en prétendant que sa femme l'avait aidé comme attachée parlementaire..."
"Il a dit sur TF1 que sa femme avait en fait travaillé secrètement en tirant un salaire de 7,900 euros par mois - plus de trois fois et demi le salaire moyen en France..."
Dans toutes ses entrevues, Penelope Fillon n'a jamais mentionné un emploi à temps plein. Au lieu de cela, elle se décrivait comme une femme au foyer toujours plus heureuse de s'occuper de ses cinq enfants, chiens et chevaux au château familial.
"La vérité est que ce genre de scandale est tout à fait normal en France"
"De telles contradictions ont conduit l'équipe Fillon a sortir des excuses comiques, y compris que Mme Fillon avait 'toujours travaillé dans l'ombre' - comme si elle était une sorte d'agent secret, plutôt qu'un assistant personnel de haut niveau"
"Une deuxième allégation affirme que Mme Fillon a reçu 100 000 euros pour écrire deux critiques de livres pour un magazine culturel appartenant à un milliardaire ami de son mari. Tout cela pendant que M. Fillon - qui aime se présenter comme un réformateur radical moralement irréprochable dans le modèle de Margaret Thatcher - a été le champion des réductions massives d'emploi de fonction publique pour abaisser des dépenses de gouvernement."
Maintenant que les Fillon font l'objet d'une enquête par des procureurs financiers, il serait approprié de les voir se retirer temporairement de la vie publique, souligne "The Independent".
"Au lieu de cela, M. Fillon a tweeté aussi frénétiquement que Donald Trump, arguant qu'il n'y a 'pas le moindre doute' que sa femme ait travaillé pour lui. Au-delà de ses contradictions, il a également menacé de poursuivre 'Canard Enchaîné', le très respecté hebdomadaire d'investigation qui a sorti l'information."
"La vérité est que ce genre de scandale est tout à fait normal en France. C'est aussi une des principales raisons pour lesquelles sa classe politique est si inefficace."
"La facilité avec laquelle les représentants élus peuvent ignorer des accusations bien documentées selon lesquelles ils remplissent leurs poches de fonds publics n'a rien de fantastique en France." - "The Independent"



Source le100.fr

Billets-Bercy : Quand Macron dépensait 120 000 euros en 8 mois pour ses repas en bonne compagnie


Bercy : Quand Macron dépensait 120 000 euros en 8 mois pour ses repas en bonne compagnie
Le ministère de l'Économie et des Finances est l'un des plus puissants de la République, mais aussi l'un des plus secrets. Pendant deux ans, les auteurs sont partis en exploration dans ses 42 kilomètres de couloirs austères. Nourri d'une soixantaine d'entretiens confidentiels, leur livre révèle pour la première fois les coulisses de cette forteresse. Ils ont interrogé ministres, anciens ministres, hauts-fonctionnaires, acteurs de l'économie réelle et lobbyistes. Qui gouverne vraiment ? Le ministre, l'administration, l'Europe ou les lobbys ? Ils ont assisté à la genèse tourmentée de l'imposition à la source et révèlent celle, avortée, de la privatisation de la Française des jeux, bloquée par un seul fonctionnaire. Ils ont cherché la marge de manouvre réelle dont disposent les ministres face à une Europe tatillonne. Ils ont recueilli les récits des rivalités, des conflits, des ambitions et des petits (ou gros) arrangements fiscaux, tel cet écrivain célèbre souhaitant faire exonérer les dons à son amie et qui a obtenu que son dossier soit examiné directement par les conseillers du ministre.
Les conseillers du ministre se sont rassemblés une dernière fois. Une écrasante majorité d’hommes, dont quelques-uns, pour l’occasion, ont fait tomber la cravate. Au septième étage de l’hôtel des ministres, dans le salon Michel-Debré, ils devisent à voix basse. La vaste salle toute en boiseries accueille les grandes conférences de presse du ministère. Ce 30 août 2016, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, y annonce officiellement sa démission du gouvernement. Face à lui, sur un mur, une tapisserie des Gobelins qui a demandé dix ans de travail.
Le jeune ex-ministre, lui, est resté moins de deux ans dans les murs. Le temps de façonner sa cote de popularité, de renforcer ses réseaux, d’acquérir l’expérience de l’État, bref, de préparer l’offensive, dans le confort d’un ministère puissant. « Je souhaite aujourd’hui entamer une nouvelle étape de mon combat […]. Je suis déterminé à tout faire pour que nos valeurs, nos idées, notre action, puissent transformer la France dès l’année prochaine », lance le jeune loup devant les journalistes, avant de s’éclipser par une porte dérobée, au fond de la salle. Cette porte conduit à un ascenseur secret, qui permet au ministre de descendre dans ses appartements. Mais Emmanuel Macron a utilisé Bercy pour s’élever. Comme beaucoup avant lui, il en a fait une rampe de lancement pour sa carrière politique. « La dernière année, il a levé le pied (Entretien avec les auteurs, le 27 septembre 2016.) », soupire devant nous Michel Sapin, le ministre des Finances.
Emmanuel Macron recevait à tour de bras les personnalités influentes dans son bureau du troisième étage. Y compris des hiérarques religieux, des philosophes, des responsables associatifs, tous estimables, mais qui n’avaient pas grand-chose à voir avec les attributions officielles du ministre, économie, industrie et numérique. Exemple : le politologue Stéphane Rozès, consulté pendant deux heures un samedi matin, pour évoquer « l’imaginaire politique des Français ». À Bercy, Emmanuel Macron réunit également son « groupe informel », comme le raconte le journaliste Marc Endeweld : « L ’écrivain et ancien conseiller de François Mitterrand, Erik Orsenna, ancien membre de la commission Attali, en fait partie, tout comme le journaliste des Échos, Éric Le Boucher, […] ou le philosophe Olivier Mongin, de la revue Esprit, ou bien encore le communicant Gilles Finchelstein, qui détaille des enquêtes d’opinion réalisées pour l’occasion (Marc Endeweld, L’Ambigu Monsieur Macron, Flammarion, 2015, p. 316.)… » « Il multipliait les dîners, parfois deux par soir », raconte un autre membre du gouvernement installé à Bercy. Selon nos informations, en 2016, Emmanuel Macron a utilisé à lui seul 80 % de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère par le Budget. En seulement huit mois, jusqu’à sa démission en août. « S ’il était resté, on ne sait pas comment il aurait fini l’année », observe une source administrative. L’enveloppe annuelle des frais de représentation du ministère de l’Économie dépasse cent cinquante mille euros, soit au moins cent vingt mille euros utilisés en huit mois par le jeune ministre pour ses seuls déjeuners et dîners en bonne compagnie. « Pourtant, ici, il y a de quoi s’occuper. Le matin et le soir ! » s’indigne Michel Sapin. Il a eu vent de ces repas par les huissiers et les chauffeurs de Bercy. Dans les murs du ministère, Emmanuel Macron a aussi reçu des centaines d’« amis » Facebook. Par deux fois, il a organisé avec eux des soirées de discussion, dans le centre de conférences Pierre-Mendès-France, au cœur de Bercy. « Je ne suis pas un pro de la politique. J’ai ma trajectoire, expliquait alors le ministre à ses convives. Mais, j’ai toujours une frustration de ne pouvoir voir assez de gens normaux.
A posteriori, ces rendez-vous ressemblent davantage à un pré-meeting électoral qu’à une réunion Tupperware sur l’économie ou la compétitivité. Autant de signaux d’alerte. Après coup, Michel Sapin se reproche sa naïveté : « Avec Macron, nous avions une relation très simple, très fluide. C’est un esprit alerte, très léger, pas lourdingue. Je m’en veux de n’avoir pas vu assez vite qu’il avait une ambition cachée. Ce qu’il a fait, vis-à- vis du président, c’est une trahison, nous lâche-t-il peu après le départ d’Emmanuel Macron.
» Les autres locataires de Bercy ne se montrent pas plus tendres avec ce curieux trentenaire, ministre le jour, animateur de réseau le soir, puis dirigeant de son mouvement « E n Marche » le week-end, à partir d’avril 2016. « Je ne sais pas comment il trouve le temps de gérer un mouvement politique, grogne Christian Eckert, dans son bureau de style Empire. Moi je n’ai même plus le temps d’aller à la pêche, aux champignons, au cinéma, ni au théâtre ! On a un boulot à faire pour les gens, c’est vraiment engageant (Entretien avec les auteurs, le 1er juin 2016). » Il arrive que le président de la République lui-même, sentant son chouchou prêt à s’émanciper, se joigne aux critiques de ses ministres. Off the record, bien sûr. En mai 2016, lors d’un déjeuner avec quelques journalistes, le chef de l’État compare Emmanuel Macron à… Donald Trump ! « Trump est un milliardaire, donc les gens se disent : “Tiens, il ne va pas être corrompu car il est déjà riche.” » Cette observation s’appliquerait aussi à Macron, ancien banquier d’affaires chez Rothschild : « Comme il n’est pas politique, il a pour lui une présomption de sincérité et de vérité. Il n’est pas membre d’un parti, il n’est pas député, pas élu. Les gens se disent : celui-là, il doit être plus pur que les autres ! » Devant ses convives, le président de la République ajoute, l’air innocent : « Quand j’ai rencontré Macron, sa première volonté était d’être député au Touquet. » Une pique discrète, allusion aux déclarations du jeune ministre à l’automne 2015. Invité à un forum, il avait qualifié de « cursus d’un ancien temps » le fait de se présenter à la députation.

Extrait du livre "Dans l'enfer de Bercy" de Marion L'hour et Frédéric Says, publié chez Jc Lattès

Source atlantico.fr

vendredi 27 janvier 2017

jeudi 26 janvier 2017

mercredi 25 janvier 2017

mardi 24 janvier 2017

Billets-Décès du sociologue Zygmunt Bauman, théoricien de la “société liquide”


Décès du sociologue Zygmunt Bauman, théoricien de la “société liquide”

Auteur d'une oeuvre consacrée aux inégalités sociales, le sociologue d'origine polonaise est mort dimanche à Leeds.

Son concept de modernité « liquide » l'a rendu célèbre dans le monde entier. Marqué par l'expérience fondatrice de l'exil, le sociologue anglo-polonais Zygmunt Bauman, a éprouvé une dernière fois l'instabilité de la vie, en s'éteignant dans sa maison à Leeds en Angleterre, le 9 janvier 2017, à l'âge de 91 ans. De 1925 à aujourd'hui, il aura pu voir le monde changer...

Penseur très original, engagé dans son siècle, confronté aux totalitarismes aussi bien qu'à la futilité de son époque, Bauman a écrit autant sur la rationalité de la solution finale (Modernité et Holocauste) que sur la marchandisation du monde et du soi (S'acheter une vie).

Itinéraire inclassable
Attachée au départ à la philosophie, sa sociologie affiche une vaste ambition théorique, mais rétive à l'esprit de système et d'école. Ancêtre possible d'un Slavoj Zizek ou d'une Eva Illouz, volontiers narrative et attentive aux objets du quotidien, elle étonne et séduit par l'éclectisme de ses références : Karl Marx, Antonio Gramsci, Max Weber, Pierre Bourdieu, Hans Jonas, George Steiner ou Richard Sennett, et par la place de ses lectures littéraires, Jorge Luis Borgès et Italo Calvino en tête. Le parcours inclassable de Zygmunt Bauman fut d'ailleurs façonné par sa découverte de l'éthique d'Albert Camus, par « l'intériorisation du cogito de Camus “ je me rebelle donc je suis” » selon ses propres mots : « j'ai appris comment se rebeller en étant armé d'outils sociologiques et comment faire de la vocation sociologique une vie de rébellion ». Fidèle à ses convictions, il épinglera ainsi le « coût humain de la mondialisation », titre d'un livre paru en 1999, et dénoncera les inégalités sociales : Les riches font-ils le bonheur de tous ?, demandait-il encore dans son dernier essai traduit en 2014.

Le monde à l'état liquide
Pour Zygmunt Bauman, l'exclusion est inhérente à la société liquide. A partir des années 1990, le sociologue montre en effet comment, à une ère solide de la modernité – celle des institutions et des producteurs –, a succédé une ère liquide – celle des individus et des consommateurs. La vie de ces derniers s'est fluidifiée au point de devenir précaire, incertaine, changeante. Le monde liquide est ainsi tout à la fois marqué par une extrême liberté mais aussi par une insécurité fondamentale, comme en témoignent les relations amoureuses, analysées par le sociologue (L'Amour liquide. De la fragilité des liens entre les hommes). Attentif au phénomène du speed-dating (et son pragmatique adage « S'ils ne vous plaisent pas, vous en êtes vite débarrassés »...), Bauman en synthétise la portée sociale : « La question de la mise au rebut est résolue avant même qu'elle ne soit posée »... Tout ce qui est liquide devient ainsi aisément rebut, miette, comme l'analysent avec force La Vie en miettes. Expérience postmoderne et moralité et Vies perdues. La modernité et ses exclus.

Sagesse désabusée
En inscrivant sa réflexion du côté des exclus, Zygmunt Bauman mêle en définitive sa théorie à sa vie. Celle, diasporique, d'un intellectuel juif confronté aux persécutions antisémites et aux soubresauts de l'histoire. Né en Pologne à Poznan, le 19 novembre 1925, il se réfugie en URSS avec sa famille en 1939, l'année où Hitler envahit la Pologne. Il s'engage dans l'armée polonaise exilée et participe en 1945 à la prise de Berlin, aux côtés de l'Armée rouge... Le jeune communiste retourne alors dans son pays natal à Varsovie où il enseigne un temps la sociologie. Mais victime du régime antisémite, il rend sa carte du Parti communiste en 1968, et fuit une seconde fois, rejoignant l'Angleterre après une halte en Israël à Tel Aviv. En 1971, il est nommé professeur à l'université de Leeds où il enseigne la sociologie jusqu'à sa retraite en 1990. En 1998, il reçoit le prestigieux prix Adorno.

Son style, profond et léger, désabusé mais jamais cynique, reste gravé dans cette leçon de sagesse matérialiste glanée dans Vies perdues : « Les jours comptent autant, et pas un de plus, que la satisfaction que l'on peut en prélever. La récompense que l'on peut espérer et pour laquelle travailler, en étant réaliste, est un jour différent, et non pas un lendemain meilleur. L'avenir est au-delà de votre portée (et en l'occurrence de celle de n'importe qui), donc il faut cesser de chercher le sac d'or au bout de l'arc-en-ciel. Les soucis du “long terme” sont pour les crédules et les imprévoyants. Comme le disent les Français : le temps passe vite, il faut profiter de la vie... Donc il faut essayer de profiter de la vie autant que possible dans les intervalles entre deux voyages aux tas d'ordures »... Message reçu. 


Source telerama
Photo Portrait du sociologue britannique d'origine polonaise Zygmunt Bauman
© Leonardo Cendamo/Leemage

Par Juliette Cerf 

lundi 23 janvier 2017

dimanche 22 janvier 2017

dimanche 15 janvier 2017

mercredi 11 janvier 2017

Billets-Et si en 2017, l’État arrêtait « d’emmerder les Français » ?


Et si en 2017, l’État arrêtait « d’emmerder les Français » ?

L’année dernière a été particulièrement redoutable pour nos libertés : retrouvez la liste non exhaustive des interdictions nées en 2016.

Puisqu’il est de coutume de dresser le bilan de l’année passée, voyons un peu combien de libertés nous avons perdues en 2016. Je ne parle pas des grandes libertés civiles, déjà gravement mises à mal par la Loi renseignement ou l’état d’urgence. Mais des petites libertés quotidiennes qui font le charme de la vie en société.
Quelques interdictions nées en 2016
Nos sagaces représentants ont ainsi décidé de nous interdire, dans le désordre :

  • les vitres teintées pour les voitures (dès lors que le taux de transparence, précise le décret, est inférieur à 70%) ;

  • la fessée pour les enfants (et même « tout recours aux violences corporelles » : quid alors des emmaillotages de nouveaux-nés ?) ;

  • la moto sans gants (pour savoir quels gants sont homologués, prière de vous référer à la directive CE 89/686, sans quoi vous perdrez un point de permis) ;

  • les sacs de caisse en plastique (d’une épaisseur inférieure à 50 microns, merci de vérifier à l’aide d’un microscope) ;

  • les véhicules anciens dans les rues de Paris (immatriculés avant le 1er janvier 1997 : place aux Millennials) ;

  • la cigarette électronique sur le lieu de travail (car comprenez-vous, le geste « rappelle celui de fumer » et « pourrait devenir un point d’entrée vers le tabagisme », nous dit le législateur) ;

  • et last but not least, l’achat d’actes sexuels (mais pas leur vente : comprenne qui pourra).

Ce n’est plus l’État-Nounou, mais l’État-Folcoche, comme la marâtre de Vipère au poing.
Des interdictions insidieuses
Ce sont des détails, me direz-vous.

Justement. Ainsi que l’écrit Tocqueville dans les derniers chapitres fameux et hélas toujours aussi pertinents de la Démocratie en Amérique,

« On oublie que c’est surtout dans le détail qu’il est dangereux d’asservir les hommes. »
Ils perdent peu à peu la pratique de la liberté, et le goût de la défendre. C’est pour notre bien, me direz-vous : n’est-il pas préférable pour les enfants d’échapper à la baffe, pour la nature d’être préservée des plastiques et des pots d’échappement, pour les femmes (et les hommes) de ne pas être traité(e)s en objets sexuels, et pour la police de pouvoir observer les conducteurs de 4×4 suspects ?

Justement. Tocqueville voyait émerger avec frayeur au-dessus des citoyens ce « pouvoir immense et tutélaire » qui
« travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, (…) que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

Nous abandonnons année après année des libertés trop fatigantes, en nous rapprochant toujours davantage de ce « despotisme démocratique » redouté par le lumineux philosophe il y a près de deux siècles.

En dépit de nos badineries sur les moeurs et de nos prétentions progressistes, nous avons développé collectivement une forme de morale d’État plus répressive et ubiquiste que le clergé de jadis. Comme toute morale, elle génère une redoutable hypocrisie, qui pourchasse les vices des faibles plutôt que de dénoncer les crimes des forts.

On impose des paquets neutres aux fumeurs, mais on déploie des trésors de diplomatie pour vendre nos Rafales, sans images dissuasives d’enfants sous les bombes. On refuse aux vieilles guimbardes l’entrée de Paris, mais on continue à subventionner massivement les énergies fossiles. On invoque la dignité humaine, mais on dénie aux prostitué(e)s les garanties légales qui leur permettraient d’exercer correctement un métier difficile. Tartuffes !
Au lieu d’interdictions, mettre en oeuvre des politiques publiques
À la symbolique de la sanction, il serait pourtant possible de substituer une éthique de la responsabilité. En instaurant une taxe carbone pour protéger notre environnement. En faisant payer, via des mécanismes d’assurance, ceux qui viennent engorger les hôpitaux pour avoir conduit une moto sans protection adéquate. En légalisant et régulant les activités prostitutionnelles pour mieux sévir contre la traite et l’exploitation. En appliquant l’article du Code pénal qui condamne à juste titre la maltraitance à l’égard des enfants. Bref, en élaborant des politiques publiques qui nous traitent en adultes. Faute de quoi, les trois quarts des Français qui, selon l’institut Viavoice, estiment souffrir d’un trop grand nombre d’interdits, risquent bien de se rebeller.

Je propose donc une bonne résolution à nos responsables politiques pour 2017, facile à tenir, et inspirée de notre président-poète Georges Pompidou : arrêtez de nous emmerder !

Source contrepoints.org
Photo Liberty Broken by David Schnexnaydre(CC BY-NC 2.0)
Par Gaspard Koenig.


Gaspard Koenig est le président du think-tank Génération Libre. Auteur de romans et d’essais, il intervient régulièrement dans les médias. Son dernier livre Le révolutionnaire, l'expert et le geek est paru chez Plon cette année.

mardi 10 janvier 2017