jeudi 30 avril 2015
mercredi 29 avril 2015
Billets-Modification du génome humain
Modification du génome humain
Une nouvelle technique de modification du
génome se répand dans les laboratoires du monde entier, facilitant la
suppression ou l’insertion de gènes. Une équipe de chercheurs chinois vient de
prouver qu’elle peut être appliquée aux embryons humains, et permettre de
corriger des défauts génétiques. Et même pourquoi pas de céder à la tentation
eugéniste…
Considérée comme l’une
des plus importantes révolutions médicales de ces dernières années, la
technique CRISPR-Cas9 donne la possibilité aux chercheurs de modifier le génome
avec précision, en employant des « ciseaux
moléculaires » capables de cibler des gènes spécifiques dans les
cellules.
Pour ce faire, les
scientifiques fabriquent tout d’abord un ARN artificiel (une méthode désormais
éprouvée et maîtrisée) correspondant à la séquence d’ADN à découper, puis se
servent d’une protéine bactérienne pour lier l’ARN à l’endroit voulu et retirer
la séquence problématique. Dans la majorité des cas, cela se traduit par
l’inactivation du gène « défectueux ».
Il est également possible d’incorporer dans la cellule un ADN similaire à celui
qui a été coupé contenant cette fois la « bonne »
séquence.
Depuis sa découverte,
des équipes du monde entier se sont approprié cette technique simple et peu
coûteuse de modification du génome en la testant sur des bactéries, sur des
cellules de plantes et d’animaux ainsi que sur des cellules humaines somatiques
en culture. En quelques mois, elle a fait l’objet de plusieurs centaines
d’articles dans des revues scientifiques !
Une équipe chinoise
appartenant à l’université de Sun Yat-sen à Guangzhou vient de franchir une
nouvelle étape dans cette course technologique en prouvant qu’il est également
possible de modifier le génome d’un embryon humain, ce qui ouvre un champ vertigineux
de possibilités.
En utilisant des
embryons humains non viables (pour éviter les critiques), les chercheurs ont
supprimé un gène responsable de la thassalémie bêta, une maladie héréditaire
provoquant une anémie. Sur les 86 embryons utilisés pour l’expérience, le
retrait de la séquence d’ADN problématique a fonctionné sur 28 d’entre eux ! Et
quelques embryons ont su utiliser la séquence artificielle pour s’auto-réparer.
Si les essais
cliniques (qui requièrent un taux de réussite proche de 100%) sont encore loin,
nul doute que cette méthode va être considérablement améliorée dans les années
à venir. Et les visées thérapeutiques sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes
: la correction de gènes responsables de certaines afflictions héréditaires ou
encore de gènes connus pour favoriser l’apparition de cancers ou d’autres
maladies.
Cependant, faciliter à
ce point le génie génétique pourrait avoir d’autres applications bien plus
sensibles et délicates sur le plan éthique. Par exemple, en employant cette
technique sur les cellules germinales qui affectent la descendance, il est
théoriquement envisageable de créer dans un avenir proche des êtres humains
génétiquement « améliorés » dotés de meilleures capacités physiques
ou intellectuelles…
Wooden sculputre of
genetics science credits Epsos. de (CC BY 2.0)
mardi 28 avril 2015
lundi 27 avril 2015
dimanche 26 avril 2015
samedi 25 avril 2015
vendredi 24 avril 2015
mardi 21 avril 2015
Billets-Médias : que valent les « décodeurs » ?
Médias : que valent les « décodeurs » ?
Le décodage ou « Fact checking » est une forme
de journalisme qui s’est développée récemment et qui consiste à
traiter des sujets d’actualité à partir des faits. Comme tout le monde, sans
doute, j’avais eu connaissance de cette forme de journalisme mais avec une idée
assez imprécise de son contenu et sans lire d’articles s’y rapportant ou sans
les identifier. Ma curiosité a été excitée récemment par le traitement par
l’équipe des « Décodeurs » du Monde d’une information erronée malencontreusement
relayée par Contrepoints. Cela m’a amené à entreprendre une analyse d’un
échantillon d’articles des « décodeurs » du Monde parus entre le 18
et le 30 mars 2015 et à les commenter.
Analyse des articles des décodeurs
Ces articles peuvent
être regroupés en trois catégories principales.
Une première catégorie
d’articles fournit une information neutre sur un sujet, qu’il soit par ailleurs
polémique ou non. C’est le cas des articles sur les demandes d’asile, le tiers
payant, le crash aérien, le mariage musulman « interdit », les emprunts toxiques,
la pollution à Paris, l’éclipse de soleil, les librairies ou la loi SRU.
Une deuxième catégorie
réunit les articles présentant sur un sujet polémique une réponse aussi
factuelle et équilibrée que possible. Les sujets électoraux ont été
particulièrement représentatifs de cette tendance et notamment l’article « qui
a gagné les élections du premier tour ».
Ces articles
consistent déjà à prendre parti sur le fond mais la dernière catégorie est,
plus que les autres, susceptible de révéler un esprit partisan.
Ce sont des articles «
unilatéraux », prenant plus nettement parti sur une question. J’ai intégré à
cette catégorie un article présentant les raisons de la grève à Radio France. À
cette exception près les articles qui y sont regroupés consistent à prendre le
rebours d’une prise de position à partir des faits se rapportant à la question.
Ces cinq articles « en opposition à » réfutent des positions exprimées à droite
de l’échiquier politique. Ils présentent également la double particularité
d’être davantage des argumentaires que des réfutations d’erreurs factuelles et
de corriger des paroles de politiciens ou de partis politiques. Seul l’article
sur le parachute doré des élus fait exception sur ces deux plans.
Les décodeurs
retoquent ainsi Balkany pour des déclarations relatives à la demande de levée
de son immunité parlementaire, corrigent deux fois Sarkozy pour des
déclarations relatives au lien entre pouvoir socialiste et montée du Front
National et au rapprochement entre le Front de Gauche et le parti
d’extrême-droite et dénoncent enfin un tract trompeur du Front National (pour
cet article, j’ai fait une exception aux limites temporelles de l’étude).
Commentaire
La découverte des
articles des décodeurs a été associée pour moi à trois surprises correspondant
au décalage entre les attentes exprimées plus haut et le contenu du journal en
ligne. La première, péché véniel, est liée à la fois au contenu et à la sélection
du sujet de ces articles qui sont dans leur grande majorité, à une exception
près encore une fois, des argumentaires. Les deux autres sont liées à un biais
de sélection dans le sujet de l’article : comme je l’ai montré, les
articles de « réfutation » de la sélection restreinte portent tous
sur des thèses énoncées à droite ou à l’extrême-droite et, sauf dans un cas,
par des politiciens. Après avoir présenté plus en détail chacun de ces aspects,
nous montrerons ce qu’il peut y avoir de conservateur dans l’attitude des
décodeurs.
La prévalence des argumentaires
Avant toute découverte
du décodage, mon travail pour Contrepoints,
aussi bien la rédaction d’articles pour le journal que les discussions liées à
l’élaboration de son contenu, m’avait poussé à m’interroger sur les différents
genres d’articles possibles et sur ce que chacun d’eux permettaient.
Dans mon esprit, trois
types d’articles se distinguaient. Les articles d’information ne relatent que
les faits, les articles d’opinion (tribune, billet d’humeur, éditoriaux)
expriment une opinion sur la société, les argumentaires s’appuient sur les
faits pour soutenir une opinion sur la société. Cette typologie est basée sur
une distinction fondamentale entre les faits et les opinions qui ne correspond
pas à une séparation entre le vrai et le faux, ni entre ce qui est certain et
incertain (même si nous serions assez proche de la distinction que j’adopte),
mais entre ce qui est discuté et ce qui ne l’est pas. Un article vitupérant une
fiscalité excessive, la présentant comme un fait établi qu’il est inutile de
démontrer, serait malgré et même à cause de cela, un article d’opinion. Un
article intitulé « pourquoi nous payons trop d’impôts » serait un
argumentaire tentant de donner une analyse et une assise factuelle à une
opinion. Enfin, un article dont le titre serait : « Impôts :
combien payons nous ? » et détaillant la fiscalité française serait un
article d’information pure.
Du fait que les
articles de réfutation des décodeurs (et non pas l’ensemble de leurs articles)
sont davantage des argumentaires que de strictes réfutations factuelles, la
conclusion de l’article, quels que soient les soins apportées à l’élaboration
du raisonnement et à la sélection des faits qui y amènent, risque de ne jamais
pouvoir faire l’unanimité. De ma part, ce n’est nullement une critique car les
argumentaires sont la forme d’articles que j’ai eu tendance à privilégier pour Contrepoints. Cependant, il peut exister un
malentendu sur les conséquences du décodage qui consisterait à confondre avec
la réfutation d’une thèse la correction de maladresses et d’approximations dans
son énonciation par une partie de ceux qui l’adoptent. La marque
« décodage » peut alors conduire à surestimer les effets réels de
l’article publié sur les idées auxquelles il s’oppose. Alors qu’il montre que
certains arguments utilisés en faveur d’une politique sont de piètre qualité,
le lecteur paresseux pourra croire que l’utilité de la politique en question a
été entièrement démontée.
En lui-même ce défaut
me parait plutôt mineur mais je n’en dirai pas de même de son association à
ceux qui suivent (les biais de sélection) car comme s’ils entraient en
résonance, leurs effets ont tendance à se multiplier plus qu’à s’additionner.
Biais de sélection
Il y a peu Le Figaro a présenté une « une »
relative à la montée du vandalisme en France. La sélection élargie des
« décodeurs » présentée plus haut compte un article sur les communes
ne respectant pas la loi SRU. Dans les deux cas, les journaux fixent une ligne
éditoriale en fonction des faits dont la correction leur semble la plus
urgente. D’autres journaux nous informent des inégalités. Une forme
d’engagement peut dès lors être présente dans l’information sélectionnée même
lorsque l’article reste mesuré et factuel. Les préoccupations politiques d’un
journal sont également visibles au regard des espoirs de changement dont il se
fait l’écho. Choisir de relayer plutôt le mouvement Occupy Wall Street ou le
Tea party en dit beaucoup sur les idées dominantes dans un périodique.
Cette forme
d’engagement qui transparait dans le choix du sujet ne me semble pas blâmable
par elle-même. Le traitement différencié de l’actualité qui en résulte facilite
l’expression d’une variété de points de vue dont la confrontation est peut-être
plus riche d’enseignements que ne le serait une recherche de neutralité
partagée par l’ensemble des producteurs d’information. En revanche, cette
liberté dans le choix des faits à rapporter connait des limites dont l’une des
principales est la cohérence dans l’information sélectionnée. Un journal
d’opposition au gouvernement ne pourrait pas par exemple ne mentionner que les
hausses du chômage en négligeant d’informer ses lecteurs des baisses
correspondantes. Cette même obligation de cohérence est présente dans la
rédaction d’un argumentaire qui doit inclure les principaux faits pertinents
pour ou contre une thèse. Une autre obligation primordiale est d’informer d’une
manière ou d’une autre les lecteurs de la ligne éditoriale du journal pour
qu’il connaisse par avance « les conflits d’intérêts idéologiques »
que l’auteur de l’article est susceptible d’avoir plutôt que de se cacher
derrière une neutralité plus revendiquée que réelle.
Le dilemme consiste
alors à choisir entre un journalisme assumant clairement son engagement au
risque de se croire quitte de toute autre obligation éthique dans la production
d’informations et un journalisme prétendument neutre, à base d’articles factuels,
mais où les vues des journalistes ou du propriétaire entreraient peut-être dans
le choix des articles d’une manière aussi insidieuse que trompeuse pour le
lecteur.
Concernant les
« décodeurs », le biais dans la sélection des discours à réfuter
peut-il se défendre au vu de ces principes ?
L’obligation de
cohérence ne semble pas respectée puisque le manque de rigueur dans les énoncés
de gauche ne semble pas faire l’objet de la même attention de la part des
décodeurs que celui dont la droite est responsable. Il serait toutefois
possible de soutenir à la rigueur que le respect de la seconde obligation
dispense de celle-ci et qu’un journal clair sur sa démarche et son engagement
peut sélectionner l’information à réfuter. Toute la question est de savoir si
l’information laissée au lecteur est suffisante ici pour qu’il soit conscient
de la nature et des objectifs du journal qu’il lit. Mon sentiment est que les
décodeurs, héritier de la réputation du Monde,
profitent d’une forme d’ambiguïté dont ils ne sont probablement pas pleinement
conscients. La lecture de Marianne peut
agacer mais aucun lecteur ne peut affirmer qu’il a été trompé par le journal
sur les intentions des journalistes. Ici la question est plus difficile à
trancher. Tentons toutefois d’inverser le raisonnement : si les lecteurs
n’étaient pas dupes ? Si le vrai problème posé, miroir de celui que nous
venons de présenter, était la réputation que ses rédacteurs entendent donner à
leur journal ? Comment peuvent-ils éviter de lui donner l’aspect d’une
officine de communication gouvernementale bien faite ? Pour clore le
sujet, il est possible de se demander si les subventions reçues laissent sur le
plan éthique la même faculté de sélectionner l’information en fonction
d’objectifs politiques. La même critique serait valable pour des journaux de
droite massivement subventionnés.
L’attitude générale des décodeurs et ses effets
Au total, les biais du
journal traduisent une attitude paradoxalement conservatrice pour un journal
progressiste. Une description plus large du contexte politique est nécessaire
pour comprendre cette assertion. Depuis quelques années, l’idée de réforme est
associée à une réduction, sans doute mesurée, de la taille de l’État. Cette
idée est acceptée aussi bien par l’opinion majoritaire que par les élites. Dans
ce contexte, le réformisme consiste à réduire la dépense publique, le
conservatisme à s’y opposer. Cette situation peut certes scandaliser Monsieur
Mélenchon : pourquoi ne pas se demander plutôt s’il faut augmenter la
dépense publique ou la laisser telle qu’elle est ? Cela ne changerait rien
à la réalité de l’opinion. Celle-ci était d’ailleurs différente il y a quinze
ans, ce qui ne signifie pas qu’elle doive se retourner soudainement car de
telles tendances sont le plus souvent durables. Par ailleurs, dans leurs
discours, droite et extrême-droite soutiennent ce courant réformateur. Le discours
du Front national est ambigu sur ce point parce que, s’il dénonce les hausses
d’impôt par tradition poujadiste, sa critique systématique des politiques
d’austérité n’en fait pas un champion de la baisse des dépenses. Néanmoins,
c’est la partie du discours du Front National hostile aux hausses d’impôts que
critiquent les décodeurs et c’est ce qui nous importe. La droite classique
trouve quant à elle une pluralité de motivations pour attaquer hausse d’impôts
et dépenses publiques : elle rejoint en partie son discours traditionnel,
elle peut ainsi épouser le mouvement de l’opinion publique et enfin cela lui
permet de critiquer à bon compte le gouvernement, ce qui est pratique pour un
parti d’opposition. Évidemment, cela ne rappelle guère son action lorsqu’elle
était aux affaires. La critique des élus peut-être intégrée à ce courant. Dans
ce cas, elle est plus de l’intérêt du Front National que de la droite
classique. Précisons s’il en est besoin que ce positionnement de la droite à
l’égard de l’opposition conservation–réforme est valable pour ce sujet et qu’il
serait imprudent de l’étendre à d’autres questions.
Les décodeurs
s’opposent systématiquement à la critique que la droite dans son ensemble fait
du gouvernement, défendant indirectement l’action de ce dernier. Pour ce faire,
ils soulignent ce qu’il peut y avoir de démagogique ou d’imprécis dans la
manière dont ces attaques sont menées. Comme l’imprécision des arguments
opposés n’est par ailleurs jamais relevée, au total l’effet produit est de
suggérer la nature utopique et déraisonnable de cette proposition réformiste.
Nous sommes en face de la description classique d’un argumentaire conservateur.
En le menant ainsi, les décodeurs prennent le risque de jeter le bébé
esprit critique avec l’eau du bain démagogie, de mettre dans le même panier
Condorcet et Marat, Tocqueville et Pierre Poujade.
sherlock holmes statue credits Julien Breme (CC BY-ND
2.0)
Source contrepoints.org
dimanche 19 avril 2015
samedi 18 avril 2015
Billets-Google et la commission européenne
Google et la commission européenne
Si vous faites partie de l’écrasante majorité
des Français qui utilisent Google de manière régulière, vous avez sûrement
entendu parler ces derniers jours de l’offensive que vient de déclarer la
Commission européenne contre le géant du web.
Concrètement, on
reproche à Google de privilégier certains sites dans ses résultats de
recherche, sites qui, pour certains, sont propriété de Google. Exemple, une
recherche vidéo renverra d’abord un lien vers Youtube, une recherche de
comparateur de prix renverra d’abord un lien vers Google Shopping, etc. Il n’en
fallait pas plus pour que la Commission Européenne pique une colère et, après
cinq ans d’enquête, vient tout juste d’accuser officiellement Google d’abus de
position dominante.
Cependant, il y a de
quoi rester hébété à la lecture du compte-rendu de Margrethe Vestager, nouvelle
commissaire à la Concurrence, qui a mené la charge dans ce dossier tant son
incompréhension flagrante du fonctionnement de l’internet est confondante pour
une personne dont les contribuables européens payent « l’expertise »
plus de 24 500 euros par mois. Tentons donc d’y voir plus clair.
À lire Mme Vestager,
on serait tenté de croire un instant que chacune de nos recherches sur
l’internet serait miraculeusement exécutée par quelque pouvoir divin avant de
voir son résultat livré sur un plateau au moteur de recherche qui se
contenterait de nous l’afficher sans grand effort dans notre navigateur
internet, le méchant Google en profitant évidemment pour triturer les résultats
à ce moment-là. N’en déplaise aux plus croyants, les moteurs de recherche sont
par défaut des outils de recherche subjectifs dans le sens où les résultats
qu’ils affichent dépendent intégralement d’algorithmes que leurs créateurs se
sont démenés à créer afin de fouiller de manière efficace l’immensité du net.
Alors bien sûr, les
résultats affichés ne peuvent qu’être partiaux, chacun peut s’en convaincre en
utilisant alternativement Yahoo, Bing et Google par exemple. Trois algorithmes
différents, donc trois résultats potentiellement différents avec chacun ses biais.
Et pour peu que les résultats des recherches ne vous conviennent pas, sachez
qu’il existe encore plus d’une centaine de moteurs de recherche, avec chacun
ses caractéristiques, afin de coller au mieux à vos attentes.
Pourtant, malgré cette
offre d’une diversité incroyable, et bien souvent gratuite au demeurant, Google
détient 90% du marché français et la situation n’est pas prête de changer.
Comment la compagnie californienne a-t-elle atteint une position aussi dominante
dans nos habitudes de navigation sur la toile ? En offrant des produits et
des services que ses utilisateurs français plébiscitent pardi ! Commençons
par le moteur de recherche Google, de loin le meilleur du monde en matière
d’innovation, de rapidité et de pertinence des résultats (ex : voir les
classements ici
ou ici).
On pourrait faire le même constat concernant sa plateforme vidéo, Youtube, ou
encore son système de messagerie, Gmail, ou bien encore son service de
cartographie, Google Maps, et j’en passe.
Alors oui, Google
utilise un algorithme qui privilégie les résultats qui appartiennent à son
écosystème. Est-ce son droit ? Absolument, de la même manière que chacun a
le droit absolu de choisir de ne pas utiliser les services de Google. Seulement
voilà, les Européens les utilisent en masse et de manière complètement
volontaire, plébiscitant de fait les résultats de recherche de son algorithme
par rapport à ceux de la concurrence.
En vérité, en voulant
remanier les résultats de nos recherches avec Google, la Commission européenne
bafoue éperdument le droit des internautes européens à un accès sans entrave
aux services de leur moteur de recherche préféré. Ainsi, à titre personnel, c’est
sans hésitation que je choisis un lien Youtube avant un lien Dailymotion, ou
encore un lien Google Maps avant un lien Bing Maps. Alors, au nom de tous les
Googlers satisfaits, que ceux qui n’aiment pas l’écosystème Google se
contentent d’utiliser la concurrence et cessent de vouloir repenser mon
expérience de navigation sur Google.
Source contrepoints.org
jeudi 16 avril 2015
mercredi 15 avril 2015
samedi 11 avril 2015
Billets-France Culture ou l’environnementalo-correct
France Culture ou l’environnementalo-correct
Lassé des radios dites
commerciales, j’avoue avoir écouté durant de nombreux mois, le top du top
radiophonique, je veux parler de France Culture, et ses débats de hautes tenues
non saucissonnés de messages publicitaires abrutissants.
Cependant, en tendant
une oreille attentive, une petite musique insidieuse est perceptible.
Par je ne sais quel
mystère, il est quasiment impossible d’y entendre une analyse critique à
rebours de la doxa réchauffiste, anti-OGM, anti-nucléaire, pro-Énergie
renouvelable… Dès que l’un de ces thèmes est abordé, l’invité(e) prioritaire
est soit Corinne Lepage, insupportable et multifonctions (anti-nucléaire,
anti-OGM, pro-Énergie renouvelable), soit Jean Jouzel le prix Nobel que le
monde nous envie, soit le(la) représentant(e) d’une ONG environnementale, donc
anti-tout, Greenpeace ayant une préférence évidente.
Un débat équilibré
semble donc difficile, et ce n’est d’ailleurs pas l’objectif de cette radio. Le
catastrophisme érigé en ligne éditoriale nappé d’un militantisme
éco-conscientisé à peine dissimulé des journalistes finit par me convaincre
d’engager une migration auditive.
Rendons grâce à
Mathieu Gallet d’avoir favorisé une grève dont l’impact principal a été le
retour, et le mien par la même occasion, de la bonne musique sur France Culture
devenu enfin supportable. Pas de chance, entre deux plages de grève citoyenne
censée sauver le Titanic des ondes, voilà le retour des matins de France
Culture avec une invitée de poids : Naomi
Klein en personne !
Naomi Klein est
également multifonctions : journaliste canadienne, essayiste, cinéaste,
militante altermondialiste et accessoirement, en pleine promotion publicitaire
en Europe. En effet, elle publie Tout peut
changer : capitalisme et changement climatique. Selon elle, la lutte
contre le changement climatique requiert une réorientation de nos sociétés vers
un modèle durable pour l’environnement, et une transformation sociale radicale,
décroissante évidemment (enfin j’en ai l’impression…).
Ce moment de radio a
atteint des sommets stratosphériques de guimauve écologique, saupoudrée de
détestation de cette maudite humanité, les occidentaux en priorité, et bien
entendu du modèle économique libéral. Retour aux peuples premiers, à leur
sagesse, à l’huile de coude, aux saintes énergies renouvelables, direction la
poubelle pour les énergies fossiles et le nucléaire, adoration autistique du
modèle énergétique allemand… etc.
Dans un accès
incontrôlé de naïveté, j’ai pris la liberté de manifester mon agacement sur le
fil des matins de France culture :
«
Entendre Naomi Klein prôner, voire, si elle le pouvait, imposer la décroissance
à l’ensemble de l’humanité souillant la Nature était un grand moment.
Cette
journaliste représente une caricature de ce qui se fait de pire concernant
cette nouvelle religion qu’est devenu l’écologisme. Les bons d’un côté (elle
évidemment, les ONG environnementales sans conflits d’intérêts, les promoteurs
des énergies renouvelables qui ne magouillent jamais, etc..) et les mauvais de
l’autre (devinons lesquels). La remise en cause radicale du système qu’elle
exècre passerait par une attaque en règle des principes démocratiques.
Souvenons-nous des réflexions de Dominique Bourg (Fondation Nicolas Hulot) pour
qui la version rêvée de la démocratie verte consiste à confisquer la démocratie
représentative et à laisser les ONG environnementales, sans aucune légitimité
élective, bloquer toutes les décisions qu’elles jugent non conformes à la
survie de la planète. Un droit de veto sur tout.
L’anthropocentrisme
s’efface devant l’éco-centrisme. L’éthique de la Terre fait passer homo sapiens
à une simple composante bien encombrante pour les tenants de la Deep Ecology
comme le philosophe norvégien Arne Naess, pour lequel l’épanouissement de la vie
non humaine exige une diminution de la population humaine puisque la façon dont
interfèrent les hommes avec le monde non humain est excessive et nuisible.
La
soi-disant apocalypse climatique est bien utile pour faire gober tout et
n’importe quoi, Klein étant une spécialiste de la stratégie du choc. »
Contre toute attente,
un miracle se produisit le lendemain de Pâques. Mon mail n’était pas censuré
bien que contenant les termes « conflits d’intérêt, magouilles, énergie
renouvelables, apocalypse et hiatus », mais un peu noyé dans une marée d’autres
plus béats les uns que les autres devant la parole révélée de Sainte Naomi.
Enfin, béats, pas tout à fait. Brice Couturier, le seul chroniqueur atypique de
cette radio en a pris pour son grade. Vous pensez, il s’est permis, lors de
cette émission, de remettre en question le modèle énergétique allemand,
d’affirmer que le progrès et la science n’étaient pas les ennemis du genre
humain et de Gaïa, que les occidentaux n’étaient pas tous des criminels
climatiques.
Il faut donc se rendre
à l’évidence, l’hémiplégie doctrinale sclérose l’ensemble des médias
audiovisuels publics concernant l’écologie, l’écologisme et ses avatars, le
climat en tête. Stéphane Foucard (Le Monde),
Sylvestre Huet (Libération), Denis
Cheissoux (France Inter) et consorts ont été clonés par la main invisible du
marché militant réchauffiste. Ils sont donc partout (les clones), et pas moyen
d’y échapper.
En attendant, Klein
met en œuvre les mêmes techniques qu’elle décrit avec délectation dans
l’ouvrage qui à fait sa gloire : s’appuyer sur une théorie climatologique
apocalyptique prônée par des experts nobélisés du type GIEC-boys, pour faire
accepter un altermondialisme rigoriste, brider la recherche scientifique et
l’orienter dans la direction souhaitée, refondre notre modèle démocratique à la
baisse. Bref ratatiner tout ce qui l’incommode. Il faut éviter comme la peste
les personnes qui veulent absolument votre bien, Klein en fait partie.
Les Français l’ont
bien compris, et c’est un exploit compte-tenu du gavage médiatique dont ils
sont victimes. Le réchauffement climatique et son cortège de catastrophes ne
semblent pas trop les impressionner, pour ce qui concerne les écologistes, la
messe est dite.
Aux dernières
nouvelles, N. Klein enchaîne un maximum de plateaux télé pour vendre son livre,
avant de reprendre un bon vieux jet bien polluant vers Toronto. Solar Impulse
ne semble pas assez fiable pour embarquer notre prêtresse altermondialiste. Il
y a des limites à ne pas dépasser à la décroissance technique.
Photo kindergarten on the air credits
Australian broadcasting corporation (CC BY-NC-ND 2.0)