mardi 28 octobre 2014

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vendredi 24 octobre 2014

mercredi 22 octobre 2014

Billets-Cessez de dire que la France est morte…


Cessez de dire que la France est morte…

En France, chacun y va de sa prophétie dévastatrice ou de son livre décliniste, à l'instar d'Eric Zemmour. Attention, Marine Le Pen attend en embuscade de ramasser les fruits du dénigrement, prévient ce journaliste britannique.

Si vous voulez une indication de l'humeur qui règne en France en ce moment, sachez que le best-seller actuel s'intitule Le Suicide français. Ce sombre ouvrage du journaliste Eric Zemmour se vend comme des petits pains depuis quelques semaines. Pendant 530 pages, l'auteur fulmine contre la destruction du pays par un “vaste projet subversif” imposé par le féminisme, la mondialisation, l'immigration et la “monstrueuse bureaucratie de Bruxelles”.

Andy Street, directeur de la chaîne de magasins britannique John Lewis, s'était attiré les foudres du pays quand il avait déclaré récemment que la France était “finie”. Zemmour a trouvé des clients prêts à accepter sa conclusion : “La France se meurt. La France est morte.”

Succès préoccupant
Les ventes de son livre dépassent celles du dernier ouvrage de Patrick Modiano, fier vainqueur du prix Nobel de littérature cette année. Le Suicide français devrait atteindre selon certaines estimations plus de 300 000 exemplaires, soit plus de trois fois plus que les ouvrages de Modiano avant le prix Nobel. On est encore loin du véritable phénomène d'édition français de cette année – la gifle dévastatrice infligée à François Hollande par Valérie Trierweiler, son ancienne compagne et journaliste à Paris Match. Merci pour ce moment s'est déjà vendu à plus de 500 000 exemplaires et va être traduit pour plusieurs marchés, les Etats-Unis et le Royaume-Uni entre autres. Sa description impitoyable de la trahison du président – une compagne française a parlé d'exemple ultime de journalisme embarqué – a consolidé l'impopularité de celui-ci auprès des Français.

Le succès du livre de M. Zemmour a de quoi préoccuper M. Hollande, dont les perspectives de réélection en 2017 semblent pour le moins faibles, mais également de quoi inquiéter l'establishment français. Certes, il est depuis longtemps habitué aux ouvrages déclinistes qui déplorent l'état du pays et aux sondages qui démontrent que même les Irakiens envisagent leur avenir avec plus d'optimisme que les Français, mais le problème pour toutes les personnalités politiques républicaines, c'est le parallèle entre la réaction du public au Suicide français et la récente montée du Front national de Marine Le Pen. L'auteur ne fait pas directement partie du mouvement FN mais son ouvrage fait écho à une grande partie du discours de Le Pen.

Approbation explicite
Le récit chronologique commence avec les funérailles de Charles de Gaulle en novembre 1970, qui se déroulent sous une pluie battante – tout un symbole. Ainsi s'achèvent, écrit Zemmour, cent cinquante ans de dirigeants “glorieux”, à commencer par Napoléon Bonaparte. Zemmour inscrit les racines du déclin de la France dans la “révolution” de mai 1968, le soulèvement des étudiants de Paris, puis égrène une litanie d'événements dans lesquels la France est décrite comme ayant cédé sa souveraineté et son identité culturelle à l'Europe et aux forces de l'économie mondiale et du libéralisme social, parmi lesquelles l'immigration de masse.

Il se livre également à une apologie bizarre des agissements du régime de Vichy vis-à-vis des Juifs : s'il les a bien expédiés vers les camps de concentration nazis, il a cependant sacrifié les Juifs étrangers pour sauver les Juifs français. Cette proposition a été violemment réfutée par plusieurs historiens mais a recueilli l'approbation explicite de Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN et père de Marine.

Adversaire de taille
Avec les récentes victoires électorales du FN et la montée de Marine Le Pen dans les sondages, le succès du livre de Zemmour souligne les profondes secousses politiques provoquées par ces dernières années de crise économique. Nicolas Sarkozy, l'ancien président maintenant en piste pour son retour politique, et ses concurrents pour la tête de l'UMP se délectent des tourments de M. Hollande et du gouvernement socialiste. Ils feraient toutefois bien de se montrer prudents : sans la reprise économique, que M. Hollande s'efforce désespérément de mettre en œuvre, les deux partis républicains auront en la personne de Mme Le Pen un adversaire de taille. La présidente du FN a senti leur faiblesse et veut le pouvoir.

Dessin de Glez, paru dans Le Jeudi, Ouagadougou
Source courrierinternational.com

mardi 21 octobre 2014

lundi 20 octobre 2014

Billets-Jean Tirole


Jean Tirole et le « contrat de travail unique »

Lors d’une conférence de presse à Toulouse, le nouveau prix Nobel d’économie a exposé ses idées pour lutter contre le chômage : un « contrat de travail unique » et une « taxe sur les licenciements ».

Le gouvernement français s’est félicité du Nobel de Tirole comme s’il s’agissait d’une victoire nationale du type équipe de football ; mais Hollande et Valls connaissent-ils l’œuvre de Tirole ? On en doute tant celle-ci est en contradiction frontale avec la politique économique de la France.

Tout d’abord, s’il est vrai que Tirole dirige un Institut universitaire à Toulouse, celui-ci est un oasis qui échappe au contrôle de l’Éducation nationale, parce qu’il est financé par des entreprises privées de la région ; ce qui permet à Tirole de suivre le modèle américain, de recruter qui il veut au prix du marché mondial. Son école s’appelle Toulouse School of Economics (TSE), ce n’est pas par hasard. Par ailleurs, Tirole est de formation américaine autant que française, au MIT de Boston où il passe toujours la moitié de l’année. La science économique n’est pas une science nationale, ce que démontre brillamment Tirole.

Outre ses travaux mathématiques sur les relations inter-industrielles qui lui ont valu le Prix attendu depuis des années, un chef-d’œuvre scientifique, Tirole est également un pionnier dans la réflexion contre le chômage : il est l’auteur (avec Olivier Blanchard du MIT) d’une remarquable proposition appelée Contrat de travail unique.
Tirole constate que la quasi-impossibilité de licencier en France fait que l’on licencie peu, tant les tribunaux sanctionnent les patrons et qu’en conséquence, on recrute encore moins : les entreprises sont donc moins productives et le chômage des jeunes augmente. Pour en sortir, Tirole propose de restaurer le droit de licencier librement (sauf cas de harcèlement notoire ou pour grossesse par exemple) ; ce droit de licencier restaurerait le désir de recruter.

Mais Tirole reconnaît que le licenciement pèse sur la société : il faut bien financer l’assurance chômage. Il suggère donc un impôt sur le licenciement proportionnel au temps nécessaire au licencié pour retrouver un emploi. Ceci inciterait les patrons à aider les licenciés à se recaser vite. Pour éviter les abus, l’impôt sur le licenciement serait plafonné à six mois de salaire, une formule qui existe dans certains États américains. Les tribunaux n’auraient plus à intervenir dans les licenciements, les patrons connaîtraient par avance le coût d’un licenciement, alors qu’il est aujourd’hui aléatoire.

Le projet Tirole combine donc la liberté d’entreprendre avec l’équité sociale. Mais aucun parti, aucun gouvernement, n’a jamais examiné le projet Tirole. Ce serait une vraie réforme avec de vrais résultats, le contraire des discours incantatoires. Craignons que le Nobel ne suffira pas à faire entendre Tirole.


dimanche 19 octobre 2014

Billets-Vive la "twittérature" !


Vive la "twittérature" !

Lors de la dernière Foire du livre de Francfort, la "Twitter fiction" a fait une entrée remarquée. Avec cette révélation : en matière de chef-d'œuvre, ce n'est pas la taille qui compte.
  
Il n'est pas le bienvenu à la Foire du livre de Francfort. "Repoussé contre une barrière. Dégagé par un gardien. Lui ai proposé 4,6 % des gains nets sur mon manuscrit. Rien voulu entendre." Voilà ce qu'écrit @bastseller depuis la Foire du livre de Francfort. Il réessaie plus tard en se faisant passer pour un Finlandais – "Ils n'oseraient pas refuser un auteur du pays invité d'honneur" –, mais toutes ses tentatives pour glisser son manuscrit entre les mains d'un éditeur se soldent par un échec.

Hans Bastseller nous fait le récit de ses mésaventures sur le réseau de microblogging Twitter. Sauf que Hans Bastseller n'existe pas. Il s'agit d'un personnage de fiction, inventé à l'occasion du premier festival de "twittérature" allemand. En coopération avec Twitter, les organisateurs de la Foire du livre de Francfort [du 8 au 12 octobre] avaient en effet décidé cette année de permettre à des auteurs de publier des "romans courts" sur le réseau avec le hashtag #Twitteratur. Derrière le nom de Hans Bastseller se cache en réalité l'écrivain Falko Löffler.

Zoë Beck et Anne Wizorek, elles, capturent des choses vues et entendues qui racontent de petites histoires. "Viens avec moi petite souris, on parle de livre électronique et tout ça. Tu m'écoutes ?" Il y a aussi Psaiko.Dino, le DJ du rappeur Cro (sur qui il a écrit un livre), qui nous donne son point de vue de musicien sur le salon : "parler.parler.parler".

Du grand art
L'idée que Twitter représente un nouveau potentiel littéraire n'est pas nouvelle. Reste encore à déterminer en quoi il consiste. Il est largement admis aujourd'hui que la contrainte des 140 caractères peut faire naître de superbes fulgurances linguistiques, et que Twitter est le royaume des aphorismes.

Force est pourtant de constater que les auteurs de tweets de la Foire du livre se contentent essentiellement de gentils petits messages. Le caractère novateur de la twittérature ne tient pas à la brièveté du format (qui caractérisent également le haïku [court poème japonais], l'épigramme ou l'aphorisme) mais aux fonctionnalités du réseau qui regroupe presque toutes les possibilités offertes par l'écriture en ligne.

On parle ici de récit en temps réel, des hyperliens, de la coécriture, de l'insertion d'images et de vidéos, de l'utilisation des caractères "@" et "#", du "RT" (re-tweet) et des histoires non linéaires.

Les personnages fictifs se rapprochent de la performance artistique lorsqu'ils interagissent à travers leurs propres comptes et font oublier la présence de l'auteur. Les lecteurs entrent en contact avec ces personnages et mettent un pied dans le récit lui-même. Le réseau ne fait pas de différence et crée une fiction qui entretient un rapport différent avec la réalité. Le site Internet du #TwitterFiction Festival met en avant une série d'exemples les plus réussis. On en retient une expérience de narration nouvelle et profondément immersive qui interpelle moins par son contenu que par sa remise en question de notre idée de l'art. Domaine de l'aphorisme poétique en temps réel, la twittérature peut aussi être du grand art.

Dessin de Cost, Belgique. 

samedi 18 octobre 2014

Billets-Discours politique : le sens des mots ‎


Discours politique : le sens des mots
S’il y a un discours essentiel et décisif, c’est bien le discours politique. Or dans tout discours, il y a des signifiants et des signifiés, et les relations entre les deux sont déterminantes. Si le discours politique n’est pas exact ou complet dans le choix de ces relations entre les mots et les concepts qu’ils véhiculent, il y a alors un risque pour la société, celui de lui cacher la vérité et de l’induire en erreur. Le discours politique d’aujourd’hui utilise de nombreux termes qui pourtant ne sont pas ou plus judicieusement connotés. Certains mots ne sont même plus perçus que péjorativement. Leur signifié initial et légitime se trouve biaisé, presque ostracisé. Les linguistes parlent dans ces cas-là de glissements sémantiques et de connotations.

Plusieurs termes actuels se retrouvent au centre du débat, et charrient des thèmes qui sont devenus de véritables boules puantes. Il est donc bénéfique de rappeler l’origine de ces termes, leur champ sémantique originel. Car les décalages dont souffrent ces termes ne sont jamais neutres. Ils font partie du discours politique dominant. Ils en trahissent les velléités. Les révéler permet d’en savoir un peu plus sur les valeurs de notre société. Tel est l’objectif de cette courte analyse.

Conservateur versus progressiste
Ce mot de conservateur n’a pratiquement plus, chez nous en France, la moindre connotation positive. Un conservateur, c’est quelqu’un qui est contre le progrès. C’est un notable la plupart du temps de droite qui ne veut rien changer et qui s’oppose aux réformes dont il a finalement tout à perdre. Le contraire de conservateur est progressiste. Pour prendre une comparaison dans l’univers de la religion catholique, et en simplifiant bien sûr, on pourrait avancer que les progressistes sont favorables à ce que les femmes puissent dire la messe. Tandis que les conservateurs ne le sont pas.
Il est évident que cette répartition manichéenne entre conservateur et progressiste atteint vite ses limites : les sociétés n’ont pas toujours évolué dans la bonne direction. Lorsque des évolutions proposées par les progressistes sont dangereuses, c’est le terme de conservateur qui devrait être positivement connoté. Imaginons que notre pays fasse actuellement fausse route sur bien des sujets de société. Combien d’années faudra-t-il au mot conservateur pour qu’il retrouve de son éclat ? Ce sera probablement trop tard…

En fait, la supériorité apparente du terme progressiste trahit un parti pris solidement ancré dans notre société, et qui sera difficile à changer. Ce parti pris se résume en cette très simple équation :
  • Ne pas changer est dangereux,
  • C’était toujours moins bien avant,
  • Il suffit de changer pour que ce soit mieux.
Tout compte fait, le statut sémantique des mots progressiste et conservateur ne prouverait-il pas un certain angélisme de notre société ?

Libéral versus socialiste
Cette opposition libéral/socialiste est certainement la plus grosse imposture sémantique actuelle. Sans détour, on peut dire que chez la plupart des Français, libéral signifie sans pitié, prêt à paupériser les faibles et les fragiles, prêt à s’enrichir sur leur dos. Tandis que socialiste, bénéficiant de surcroît de la racine social, signifie à peu près l’inverse : solidarité, entraide, oblativité…

Au-delà du fait que cette antinomie semble inoxydable, puisqu’elle s’est créée à l’abri de l’épreuve des faits (il est en effet difficile de trouver des justifications historiques à cette préférence pour le socialisme tel qu’il est connoté en France aujourd’hui), il est amusant de se rappeler l’origine sociale (pour ne pas dire socialiste) du libéralisme. Ce courant a suffisamment été porté par certains de nos plus grands auteurs (Sand : Le compagnon du tour de France, Stendhal : Le rouge et le noir, etc.) pour que l’on puisse affirmer qu’il partait du souhait de rétablir l’égalité entre les dominants et les dominés, entre la noblesse et le peuple, entre les riches et les pauvres. Inversement, rétrospectivement, le socialisme se trouve associé à des événements de l’histoire qui ne sont pas particulièrement reluisants (la lecture de La route de la servitude de Hayek est édifiante à ce sujet) mais son contenu sémantique ne semble toujours pas en souffrir.

Cette méprise, que l’on pourrait qualifier de diachronique, est double : toujours valoriser le courant socialiste, quel que soit le contexte du moment, est une erreur grave. Ainsi, dans un pays asphyxié par l’omniprésence et l’obésité de son État, militer pour accroitre le socialisme est aussi stupide que de militer pour accroître le libéralisme dans un pays qui n’a pas assez d’État. Tout est une question de réglage, et d’opportunité. Le contexte évolue. La pertinence de telle ou telle politique n’est jamais figée dans le temps…
Alors, pourquoi le mot libéral est-il si mal connoté en dépit de son origine historique et d’un contexte français actuel qui devrait au contraire le rendre attirant ? Un tel dérapage sémantique ne démontrerait-il pas un certain aveuglement idéologique ?

Politique de relance
En France, par expérience, que ce soit chez nos hommes politiques ou chez la grande majorité des journalistes, le syntagme (figé) politique de relance est systématiquement associé aux mesures d’État, c’est-à-dire aux mesures prises en accompagnement de l’économie réelle afin de pousser la demande en biens et en services. Cette politique d’accroissement de la demande est soit basée sur l’aide directe aux ménages (baisses d’impôts, primes, baisses de charges, aides à l’achat), soit sur l’aide aux entreprises pour qu’elles recrutent (baisses des charges, incitations, emplois « aidés », postes dans la fonction publique).

Cela fait d’ailleurs depuis plus de 30 ans que nos gouvernements successifs déclinent jusqu’à plus soif l’acception du terme de relance de la demande, avec les résultats que l’on sait : lorsque l’aide s’interrompt, le soufflé retombe exactement comme avant. Ce n’est que du court terme. Pire, ce n’est que de la cosmétique puisque cela ne masque les symptômes que le temps de la cure…


Malgré le peu d’efficacité de ces mesures, pourquoi donc politique de relance ne signifie jamais relance de l’offre ? D’où peut provenir un tel parti pris sémantique ? Sans prendre trop de risques, il est possible d’avancer une explication toute simple : relancer la demande est facile, c’est une mesure conservatrice qui ne touche à rien dans l’économie d’un pays, il ne s’agit que de redistribuer (keynésianisme) de l’argent, par des saupoudrages plus ou moins ciblés avec bonheur. Tandis qu’une politique de l’offre implique une remise en question des blocages et des limites de l’économie du pays, elle impose des réformes douloureuses, elle nécessite à la fois du courage chez les politiciens et de l’abnégation du côté des agents économiques. Car ses résultats n’apparaissent qu’au bout d’un certain nombre d’efforts, et c’est certainement là le nœud du problème…


vendredi 17 octobre 2014

jeudi 16 octobre 2014

Billets-Belgique déboires du nouveau gouvernement


Belgique déboires du nouveau gouvernement

Casseroles, gaffes, opposition déchaînée : à peine formé, le gouvernement belge est déjà bien mal en point.

Un gouvernement en moins de cinq mois, c'était décidément trop beau pour être vrai. La nouvelle équipe a tout juste eu le temps de prêter serment devant le Parlement belge samedi 11 octobre, et le libéral francophone Charles Michel à à peine eu le temps d'enfiler son costume de Premier ministre, que les casseroles et les ennuis s'enchaînent.

C'est que ce gouvernement – s'il a le mérite d'exister, dans un pays où l'exercice est complexe – est le fruit d'une coalition périlleuse. Comme le veut la Constitution, ses ministres sont moitié francophones, moitié néerlandophones. Or, le seul parti francophone représenté est le MR (centre-droite), alors que les Wallons votent majoritairement à gauche. Parmi les Flamands figurent les chrétiens démocrates, les libéraux... et les nationalistes de la N-VA, notamment titulaires des portefeuilles de l'Intérieur, des Finances ainsi que de l'Asile et la migration, qui n'ont pas tardé à se faire remarquer.

Passé trouble
Lundi, Jan Jambon, chargé de l'Intérieur, ouvrait le bal en déclarant dans une interview à La Libre Belgique que ceux qui avaient collaboré avec l'occupant allemand pendant la Seconde guerre mondiale "avaient leurs raisons", déclenchant aussitôt une polémique, notamment parmi les partis francophones, nouveaux venus dans l'opposition. Par ces propos, Jambon réveillait un vieux démon belge, puisqu'une partie du mouvement nationaliste flamand est historiquement liée à la collaboration – l'occupant allemand s'étant montré mieux disposé que l'élite francophone à l'égard de leurs revendications.

Cela s'est d'ailleurs confirmé sans plus attendre. Le lendemain, relate La Libre, on apprenait que Théo Francken, nouveau secrétaire d'Etat à l'Asile et à la migration, avait assisté le week-end dernier aux 90 ans d'un vétéran du VMO, une milice d'extrême droite fondée après la Seconde guerre mondiale. La presse s'est penchée sur son cas, et a retrouvé une déclaration du même Francken dans laquelle il déclarait avoir "honte de sa nationalité belge", ainsi qu'un post Facebook de 2011, dans lequel il doutait de la "valeur ajoutée" de "l'immigration marocaine, congolaise et algérienne". "Et la valeur ajoutée de Théo Francken, qui la voit ?" fulmine, en titre, l'édito du Soir, qui se demande si cette opinion est "compatible avec le fait d’être secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration ? Compatible avec le fait d’exercer une fonction au sein d’un Etat démocratique ? "

Pugilat au Parlement
C'est dans ce contexte chahuté que le Premier ministre s'est rendu au Parlement mardi 14 pour sa déclaration de politique générale. L'opposition, qui multipliait depuis la veille les appels à la démission, en a profité pour attaquer de front et la séance a viré au fiasco. Huées, invectives, cris : "Le spectacle était, il est vrai, hallucinant, relate Le Vif-L'Express. Soudain, la Chambre s'est transformée en une enceinte parlementaire à la britannique, avec des coups d'éclat et des coups de semonce". En une, le Standaard relatait la séquence le lendemain : "L'opposition libère ses diables".

Notons encore la gaffe de la ministre de l'Energie qui, passant le relai à sa successeure, lui a remis une lampe de poche à dynamo – qui fonctionne "à l'huile de bras". Un trait d'humour mal venu, puisque sa collègue n'a... qu'un bras.

Pas de répit pour le Premier ministre qui, en plus des attaques de l'opposition et des casseroles et bévues de son équipe, ouvre son mandat avec
un appel des syndicats à une grève générale le 15 décembre, pour protester contre les mesures économiques annoncées par ce gouvernement de droite. Vivement le prochain épisode !


Dessin de Sondron (Belgique)
Source courrierinternational.com

Billets-Amazon va ouvrir une librairie, à l'ancienne


Amazon va ouvrir une librairie, à l'ancienne

Amazon s'apprêterait à ouvrir son premier magasin "physique" et non plus virtuel, à New York, en face de l'Empire State Building. Quelle ironie ! s'exclame le Daily Telegraph. "Voilà que le géant de la vente en ligne, considéré comme la terreur des rues commerçantes, décide de rejoindre les magasins qu'il a décimés."

Le journal revient sur le long parcours d'Amazon. Lancé en 1995, à une époque où "la plupart des consommateurs étaient convaincus que jamais ils ne pourraient acheter un livre sans le feuilleter et humer son parfum tout droit sorti de l'imprimerie", l'entreprise a longtemps été considérée comme vouée à l'échec. Les choses ont bien changé. Si l'entreprise est toujours déficitaire, poursuit le Daily Telegraph, elle est aujourd'hui perçue comme un ennemi de taille par les libraires, et elle a bouleversé les conceptions des consommateurs.

Le magasin, qui devrait bien entendu être opérationnel avant les fêtes de fin d'année, "est vu à la fois comme un test et un outil de marketing. Si l'expérience est concluante, Amazon pourrait ouvrir des points de vente dans d'autres villes des Etats-Unis". Les concurrents regarderont cette ouverture "d'un œil à la fois curieux et inquiet", conclut le quotidien britannique, mais Amazon devrait lui aussi s'inquiéter car, en cas de flop, "les entreprises que le géant de la vente en ligne a coulées seront comme une nuée de corbeaux jacassant sur cet échec".

Dessin de Mix & Remix

Source courrierinternational.com

mercredi 15 octobre 2014

Billets-Irak : pour les Etats-Unis, rien ne se passe comme prévu


Irak : pour les Etats-Unis, rien ne se passe comme prévu

Au Moyen-Orient, "le principe selon lequel 'les ennemis de mes ennemis sont mes amis' ne fonctionne pas, affirme le ministre britannique des Affaires étrangères au Christian Science Monitor. Les ennemis de mes ennemis sont des gens dont je m'occuperai une fois que j'en aurai terminé avec mes ennemis." Philip Hammond résumait par cette formule l'objectif de la coalition internationale : démettre Bachar El-Assad une fois l'Etat islamique suffisamment affaibli.

Le problème, fait observer le magazine américain, ou plutôt les problèmes, c'est que, en attendant, les frappes américaines font plutôt l'affaire de Damas, allégeant la menace représentée par l'Etat islamique, l'un de ses adversaires les mieux organisés. Ajoutons que le Royaume-Uni n'a obtenu de mandat de la part de son Parlement que pour frapper l'Irak, pas la Syrie, et que la Turquie, furieuse qu'Assad ne soit pas la cible prioritaire, s'est montrée beaucoup moins coopérative qu'escompté. Enfin, ajoute le CS Monitor, le plan américain prévoyait de former les rebelles syriens "modérés" – mais ce terme reste à définir – et de mettre en place "un gouvernement inclusif et non sectaire à Bagdad" afin de stabiliser l'Irak. Sauf que les leaders chiites ne se montrent pas disposés à "faire des concessions aux Arabes sunnites, qu'en ce moment ils voient généralement comme des traîtres".

Bref, "les Etats-Unis, et leurs partenaires tels que le Royaume-Uni, sont en train de s'embourber dans une situation où aucun des acteurs locaux ne partage leurs priorités".


Dessin de Stavro
Source courrierinternational.com

mardi 14 octobre 2014

dimanche 12 octobre 2014

Billets-Trop tard pour la France ? Cécile Philippe


Trop tard pour la France ? Cécile Philippe

Nous vivons une époque passionnante, avec une remise en cause profonde de toute une série de croyances et de certitudes.

Alors que la crise s’est installée de façon durable, nombre d’économistes avouent leur perplexité devant une situation qu’ils ont du mal à expliquer et des remèdes qui s’avèrent inefficaces. Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, constate par exemple que la macroéconomie est cassée et propose de la rebâtir.

Ce constat vient de ce que les outils habituellement utilisés pour sortir un pays de la crise ne fonctionnent plus. Les politiques budgétaires ou monétaires se révèlent, les unes comme les autres, impuissantes à endiguer le marasme actuel.

La magie des politiques de relance contra-cycliques ne fait plus recette. Cette méthode, pratiquée en France dès les années 1880, avant d’être popularisée avec brio au XXe siècle par les économistes keynésiens, apparaît aujourd’hui impraticable. En dépit des appels de Paul Krugman, les plans de relance ont été jusqu’à présent mesurés, et il est peu probable que cela change. Les pouvoirs publics, confrontés à un endettement massif, ont en effet peu de moyens mobilisables.

De même, nous avons aussi vécu depuis les années 1970 avec la croyance qu’on pouvait réguler la quantité de monnaie de façon indépendante et éviter ainsi les crises. Or si les indicateurs actuels n’attestent pas un retour à l’inflation, l’idée que la politique monétaire est capable de relancer la croissance est elle aussi battue en brèche. Pire, le rôle des banques centrales dans la genèse des crises financières est dans la ligne de mire.

Enfin, l’idée que la crise financière avait débuté dans un secteur financier mal régulé est elle aussi mise à mal. Il apparaît de plus en plus clairement à tous que la finance est, depuis des décennies, un secteur hautement régulé et que cela n’évite nullement les crises.

Ces débats économiques n’empêchent pas les pouvoirs publics de remettre au goût du jour des idées anciennes. De la politique industrielle au patriotisme économique en passant par la remise en avant de la suprématie de l’État, ces propositions ne fournissent rien de nouveau et n’ont surtout pas fait leurs preuves dans le passé.

Ce livre vise à apporter un décodage alternatif et rappelle qu’il n’y a pas lieu de rejeter l’économie. Tout au contraire, nombre de penseurs de premier plan, trop souvent méconnus du grand public, à commencer par Friedrich A. Hayek, Prix Nobel 1974, proposent des explications particulièrement pertinentes du cycle économique. Celles-ci sont très utiles pour comprendre notre monde chaotique.

Ce livre est aussi le résultat d’une démarche personnelle. La crise financière et économique de 2007-2008 m’a incitée à concrétiser une promesse que je m’étais faite au lendemain de ma soutenance de thèse et à me lancer à la découverte de la monnaie, des bulles, des banques, de l’endettement, etc.

L’objectif était double. Réussir à expliquer ce qui se passait et – dans la lignée de la mission de l’Institut économique Molinari – restituer cette compréhension des choses en langage accessible pour des lecteurs cherchant, eux aussi, à comprendre la résurgence des crises et souhaitant des réponses à la morosité ambiante.

Ce livre conduit à s’interroger sur le rôle de l’État dans l’économie, en France notamment où ce rôle est à la fois plébiscité et omniprésent. En effet, le XXe et le début du XXIe siècle y révèlent une croissance ininterrompue de la sphère publique. Les Français ne semblent pas en prendre la mesure, mais c’est bel et bien la réalité dans laquelle ils vivent depuis les années 1980. C’est dans ces années que le poids des dépenses publiques dépasse la barre symbolique des 50 %. Or, on constate que cette augmentation de la taille de l’État correspond à un ralentissement de la croissance économique et on peut finalement se demander s’il n’y a pas de bonnes explications à cela (chapitre 1).

De même, la vie économique est régulièrement troublée par des crises financières. Leur récurrence donne l’impression qu’elles sont inhérentes au fonctionnement de nos sociétés, et certains vont même jusqu’à dire que c’est un mal nécessaire dont il faudrait s’accommoder. À l’opposé de cette vision des choses, on peut se demander si, au contraire, cela n’est pas aussi le fait d’une intervention de plus en plus importante des autorités publiques en matière monétaire (chapitre 2). D’ailleurs, la crise des subprimes aux États-Unis offre un cas d’étude assez intéressant en la matière (chapitre 3).

Pour bien comprendre ce qui se passe, il est utile de s’interroger sur une institution fondatrice de nos économies et de notre prospérité : la monnaie. Car il y a bel et bien un paradoxe à expliquer au sujet de la monnaie, à savoir qu’elle est nécessaire au développement économique mais qu’elle peut aussi – si elle est créée en excès – engendrer des crises profondes qui bouleversent nos sociétés (chapitre 4).

La plupart des États européens ont réagi à la crise financière en augmentant les dépenses. Puis, suite aux dérapages constatés, ils cherchent à ramener leurs déficits publics dans les limites autorisées par le traité de Maastricht. Il en a résulté la mise en place de politiques drastiques d’ajustement, ayant permis de ramener le déficit moyen de l’UE de 6,9 % du PIB en moyenne, en 2009, à 4 % en 2012.

Cependant, ces politiques, dites d’« austérité », continuent d’être décriées aussi bien par des chefs de gouvernement, des ministres des Finances, des dirigeants de l’Union européenne que par le FMI lui-même. La question mérite de s’y attarder afin de comprendre de quelle austérité on parle et dans quelles conditions cela peut déboucher sur une reprise économique durable (chapitre 5).

La question de l’austérité est en fait intrinsèquement liée à la question de la capacité des États à engager des réformes structurelles. Aucun gouvernement français n’a encore osé prendre le projet à bras-le-corps – même si le virage de François Hollande en 2014 laisse penser que les choses évoluent. Les marges de progrès sont très importantes.

En effet, la France a instauré une gestion publique de divers risques comme la santé, la retraite ou le chômage. Ces domaines, particulièrement importants, souffrent de nombreux handicaps. Non seulement ils coûtent très chers, mais les impôts et charges ne suffisent plus à les financer et conduisent les pouvoirs publics à s’endetter pour servir les prestations promises (chapitres 6 et 7).

Autre caractéristique du système français : les risques sociaux sont surtout financés par les fruits du travail sur un marché extrêmement réglementé. En panne depuis plus de 30 ans, ce marché rend le financement de la protection sociale épineux (chapitre 8).

Quand on ajoute à cela que la France s’est aussi distinguée en introduisant un outil de gestion publique des risques technologiques sous la forme du principe de précaution, on comprend bien que la question est en effet de se demander si l’État n’en fait pas beaucoup trop (chapitre 9) et d’insister sur l’idée qu’il n’est pas trop tard pour le remettre à sa place.

samedi 11 octobre 2014

Billets-Suisse : Les fondations, mieux que les anciens comptes anonymes


Suisse : Les fondations, mieux que les anciens comptes anonymes

À l’occasion de l’inauguration de la fondation Louis Vuitton, jeudi 2 octobre, regardons, avec Avenir Suisse ce que recouvre ce phénomène des fondations. De toutes vocations, qu’elles soient vitrines d’entreprises ou bras armés de causes universelles – écologie, défense des animaux etc. –, les fondations sont le plus souvent vouées à rester inactives, servant de simples forteresses aux capitaux. C’est le scandale ayant conduit à l’abdication de Juan Carlos qui a mis cette pratique sur le devant de la scène.

En fait, depuis déjà plusieurs années, le phénomène se développe en Suisse où l’absence de contrôle permet une absence de poursuites certifiée. Les fraudeurs y créent des fondations à but non lucratif pour cacher leurs capitaux aux yeux du monde, et leur assurer de n’être pas amoindris par l’impôt, tout cela dans la plus grande sécurité.

En Suisse, les fondations ne sont que peu soumises à l’impôt (car « seuls les bénéfices dépassant 20 000 francs – 16 000 euros – doivent être imposés chez les personnes morales poursuivant des buts idéaux ») et à « transparence limitée » par le biais du mandataire, ces organisations à but non lucratif et pour la plupart inactives sont le refuge idéal des fraudeurs, cherchant à éviter la ponction de leurs richesses capitalistiques. Pour preuve, Avenir Suisse précise dans son étude que « 80% n’emploient pas du tout de personnel salarié ».

Selon les statistiques, c’est près de 13 000 fondations, dont un grand nombre ont leur siège à Zurich, Lausanne, Berne et Genève, qui détiendraient au total plus de 70 milliards de francs suisses (58 milliards d’euros). Une manne considérable que nos amis helvétiques sont particulièrement satisfaits de voir consignée chez eux.



Source contrepoints.org

jeudi 9 octobre 2014

Billets-Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

Il ne faut tout-de-même pas oublier qu’il nous a bien fait rigoler !


photo: Patrick Hertzog


photo: (inconnu)


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source: CBS


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