samedi 30 août 2014

Billets-Les armes automatiques… et les enfants


Les armes automatiques… et les enfants

Une jeune fille de 9 ans a tué son instructeur avec un pistolet automatique sur un stand de tir en Arizona. Un accident qui suscite un débat sur l'initiation des enfants aux armes à feu.
  
Manier, charger, viser et tirer : voilà qui fait partie d’un rite initiatique pour de nombreux jeunes Américains. Mais cette semaine, cet excitant rituel de la progression vers l’âge adulte a tourné à la tragédie : dans un centre de tir du désert Mohave, une petite fille de 9 ans a tué son instructeur avec un pistolet mitrailleur Uzi placé en mode automatique.

La réglementation américaine en matière de maniement des armes par les mineurs est des plus restreintes. Aussi bien la culture que la législation poussent à une introduction au tir dès le plus jeune âge, que ce soit lors de pique-niques en famille sur des stands de tir, chez les scouts ou encore grâce aux séances organisées par la NRA [National Rifle Association, le lobby des armes à feu] pour permettre aux enfants de “s’amuser” avec des armes.

Mais même dans ce pays où le “tourisme des armes” est en plein essor, les tireurs sont aujourd'hui amenés à réfléchir. Car la mort de l’instructeur Charles Vacca, lundi 25 août, au stand [baptisé Bullets and Burgers, “balles et hamburgers”] de Last Stop, à White Hills (Arizona), est un drame qui soulève d’épineuses questions quant à la responsabilité des parents et qui ouvre le débat : les Etats devraient-ils interdire l’utilisation des armes automatiques lourdes par les enfants ?

“La législation dans l’Arizona autorise les mineurs à manier une arme à condition d’être accompagné par un parent, un tuteur ou un instructeur. Mais ce type d’armes-là ?” s’interroge E. J. Monti dans l’Arizona Republic. “Pourquoi un stand de tir laisserait-il une enfant manier une arme automatique ? Pourquoi un parent le tolérerait-il ? Pourquoi un Etat l’autoriserait-il ?”

A partir de 8 ans
Les fédérations nationales de stands de tir fixent généralement à 8 ans l’âge minimum de pratique pour les enfants, à condition qu’ils soient accompagnés d’un adulte. A Last Stop, les parents de cette petite fille du New Jersey, apparemment familiarisés avec les armes à feu, avaient signé une décharge pour lui permettre de manier l’Uzi.

Sur une vidéo fournie par le bureau du shérif du comté de Mohave, on peut voir Charles Vacca donner des conseils à cette petite fille en short rose et queue de cheval et la féliciter pour la précision de ses tirs, avant de lui annoncer qu’il a mis le pistolet mitrailleur en position automatique. Quand la petite fille se remet à tirer, elle perd le contrôle de l’arme qui part vers la gauche puis vers le haut tout en crachant des rafales de balles. La vidéo prend fin avant qu’une balle n’ait atteint Charles Vacca. Il est décédé après son arrivée à l’hôpital à Las Vegas.

De fabrication israélienne, l’Uzi est apprécié pour sa taille compacte et sa facilité d’utilisation. Mais c’est aussi une arme dangereuse, en particulier entre mains des enfants. En 2008, un garçon de 8 ans qui n’avait pas su tenir son Uzi au moment du recul s’était tiré une balle dans la tête lors d’une activité de tir à la citrouille sur un salon consacré aux armes à feu, près de Springfield, dans le Massachussetts.

Dans ce débat sur les armes et les enfants, la question est de savoir si une formation précoce permet de réduire le nombre d’accidents à l’âge adulte. A en croire les témoignages sur les réseaux sociaux, de nombreux Américains ont leur premier contact avec des armes dès 4 ou 5 ans, au motif que la familiarité avec les armes limiterait à la fois leur attrait et leur dangerosité.

Fascination
Les loisirs autour des armes ont souvent quelque chose d'excitant. Au Gun Club de Scottsdale, dans l’Arizona, pendant les fêtes, on se fait photographier en famille aux côtés du père Noël – et avec un arsenal complet équipant du plus petit au plus grand.

Si la recherche n’offre pas de conclusion définitive, les détracteurs des armes à feu, à l’image de Marjorie Sanfilippo, psychologue au Eckerd College de St. Petersburg (Floride), dénoncent la fascination qu’elles exercent sur les enfants. Lors des études, on voit que les enfants mis en présence d’une arme ont le plus grand mal à ne pas la toucher, surtout quand on le leur interdit.

Cependant, les accidents sur les stands de tir sont extrêmement rares. Celui de Last Stop n’en avait jamais enregistré aucun, “pas même une égratignure”, assure son propriétaire, Sam Scarmardo.

“Il n’y a rien de mal à emmener des enfants au stand de tir, estime pour sa part Adam Winkler, professeur de droit à l’université de Californie (Los Angeles), interrogé dans le Wall Street Journal. Les accidents sur les stands de tir sont des cas tout à fait isolés.”


 Dessin de Cost

Source Courrier International

jeudi 28 août 2014

Billets-Gouvernement Valls II : 3 questions à Laurent Bouvet


Gouvernement Valls II : 3 questions à Laurent Bouvet
Tout semble indiquer que le gouvernement s’oriente vers un recentrage politique, au grand dam d’une partie de la gauche de la gauche. Contrepoints a posé à Laurent Bouvet trois questions pour nous éclairer sur le sens à donner à ces derniers changements à la tête de l’exécutif.
Laurent Bouvet est professeur de théorie politique à l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il est également le directeur de l’Observatoire de la vie politique (OVIPOL) de la Fondation Jean Jaurès. Ses recherches portent, entre autres, sur la social-démocratie. Il tient un blog sur la vie politique française.

Contrepoints Le nouveau gouvernement Valls semble avoir sacrifié son aile gauche par souci de cohérence politique. Il en résulte une équipe resserrée autour du premier ministre, mais faiblement soutenue par son propre camp déçu et divisé. Pensez-vous que cela suffira pour gouverner ?
Laurent Bouvet - Ce sera l’enjeu des semaines qui viennent avec quelques moments-clefs à l’Assemblée nationale (AN) : le vote sur la confiance au gouvernement, celui sur le projet de loi de finances… Il paraît peu probable que lors de ces occasions, il y ait une majorité à l’AN pour renverser le gouvernement. Les « frondeurs » du PS sont eux-mêmes divisés sur l’attitude à avoir et les élus de gauche (PS, PC, EELV…) qui prendraient le risque de voter contre le gouvernement avec ceux de la droite et du centre, porteraient la responsabilité de leur propre défaite ensuite dans les urnes, car le président de la République n’aurait d’autre choix que de dissoudre l’AN. Bref, même très minoritaire politiquement, les institutions de la Vème République permettent au gouvernement de poursuivre sa route, au Parlement du moins.


Contrepoints Du côté de l’assemblée plane toujours la menace d’une dissolution. Croyez-vous les députés de gauche suffisamment remontés contre l’exécutif pour qu’Hollande décide de l’utiliser ? Peut-on imaginer que la majorité présidentielle fasse plier le gouvernement et l’oblige à suspendre ses objectifs de réforme ?
Laurent Bouvet - Chez certains « frondeurs » du PS, l’idée est bien celle-là : écarter la menace de la dissolution et contraindre le président de la République à changer de politique. Deux problèmes subsistent néanmoins, et ils sont de taille.
D’abord, comme on le disait précédemment, les outils constitutionnels dans les mains de l’exécutif lui permettent de tenir le choc d’une telle « fronde » : les députés ont davantage à perdre que le président de la République à une dissolution. Pour tordre le bras du président, ils devraient accepter de mettre en jeu leur mandat ! Or compte tenu du rapport de force aujourd’hui, les députés de gauche disparaîtraient quasiment de l’Assemblée nationale en cas de législatives anticipées.
Ensuite, contraindre le président à changer de politique conduirait à ouvrir une période très incertaine sur le plan institutionnel. On imagine qu’il faudrait un nouveau premier ministre par exemple. Or les opposants de gauche à la politique actuelle de l’exécutif ne sont pas sur la même longueur d’onde. Entre un Mélenchon, une Duflot et un Montebourg, entre autres, il y a au moins autant de convergences que de différences. Quelle serait la ligne suivie ? Qui serait accepté par les autres comme Premier ministre ? C’est d’ailleurs là un atout pour François Hollande et Manuel Valls : ils peuvent compter sur les divisions de leurs adversaires à gauche au-delà des critiques formulées.

Contrepoints Ce remaniement va-t-il avoir un effet sur la physionomie politique et culturelle de la gauche française ? Peut-on attendre d’Arnaud Montebourg, par exemple, qu’il cherche à occuper l’espace à la gauche du parti socialiste ? Peut-on imaginer une reconfiguration en faveur d’un rapprochement entre centre et gauche réformiste ?
Laurent Bouvet - Ce remaniement pourrait en effet entraîner une clarification des positions au sein du PS, surtout en cas de congrès de celui-ci dans les mois à venir : avec une aile gauche étoffée qui cherche l’alliance avec la « gauche de la gauche » (Front de gauche, EELV…) et une aile droite qui chercherait à s’allier plutôt au centre. Si une telle logique allait à son terme, le PS pourrait finir par se diviser. Cette division en fonction de lignes idéologiques serait une première depuis le Congrès de Tours en 1921. Ce n’est cependant pas le scénario le plus probable même si la période qui vient est assez incertaine et inédite dans la mesure où le PS est pour la première fois confronté non pas à une division interne sur le projet mais à une conjoncture électorale, tant nationale que locale, particulièrement mauvaise.
Jusqu’ici, la perspective de gagner les élections locales ou nationales permettait en effet de tenir ensemble les deux camps (voire davantage de courants et sensibilités) dans un même parti car il y avait en quelque sorte de la place pour tout le monde, majorité et minorité du parti, aile gauche et aile droite – c’était le schéma Mitterrand-Rocard par exemple. L’intérêt électoral supérieur l’emportant toujours au final sur les divisions idéologiques ou programmatiques. Aujourd’hui, si le PS devient un peu moins un parti d’élus et de candidats à l’élection, et un peu plus un parti clivé idéologiquement, son fonctionnement pourrait bien se modifier.


Source contrepoints.org

Billets-Remaniement "Un choix très risqué"


Remaniement "Un choix très risqué"

Stefan Ulrich, rédacteur en chef adjoint du service International de la Süddeutsche Zeitung

Courrier international Que pensez-vous du choix de François Hollande de procéder à un remaniement ?
Stefan Ulrich C’était un choix nécessaire. Il y avait trop d’opposition, de diversité dans l’ancienne équipe gouvernementale. Il n’y avait pas de volonté commune. Le président réaffirme ainsi clairement son intention de changer de cap, de réformer le pays. Pour ce faire, il a besoin d’une équipe plus restreinte et unifiée. Mais c’est aussi un choix très risqué. Il exclut ainsi une grande partie de la gauche, les communistes, la gauche radicale, les Verts et une partie des socialistes qui ne sont pas d’accord avec sa ligne politique.

Courrier international Cette décision va-t-elle rapprocher la France de l’Allemagne ?
Stefan Ulrich Le gouvernement allemand est très méfiant envers une partie du PS, des politiques qui sont plus socialistes que sociaux-démocrates. La chancelière Angela Merkel est certainement satisfaite de voir Hollande soutenir la politique de solidité financière et de soutien aux entreprises. Bon nombre d’Allemands ne comprennent pas l’hostilité des Français face à cette politique d’austérité et leur attachement à leur modèle traditionnel de vie sociale avec un Etat qui joue un rôle dominateur dans l’économie.

Courrier international L’affrontement de deux logiques, croissance contre austérité, ne risque- t-il pas de faire imploser l’Europe ?
Stefan Ulrich Arnaud Montebourg a justement souligné la nécessité de relancer la croissance. L’Europe du Sud, contrairement à l’Allemagne, est confrontée à un problème de croissance. L’Italie déplore un chômage des jeunes de presque 50 %, c’est une catastrophe. Certains Allemands considèrent qu’il est tout simplement impossible de conduire une autre politique pour l’Europe que celle de la rigueur. Ils estiment que la crise qui touche le Sud est la seule faute des gouvernements.
Mais d’autres, comme notre ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ont une vision beaucoup plus fine de la situation et une conscience très nette des problèmes économiques et sociaux auxquels sont confrontés les pays du Sud. Ils savent – je l’espère au moins – que, dans la pratique, il est nécessaire de trouver un compromis, avec plus de flexibilité. Il faut assainir les finances publiques et, en même temps, trouver une politique qui fasse également place à la croissance, pour combattre le chômage des jeunes et sortir des pays comme la France et l’Italie de la crise.

 Dessin de Tom paru dans Trouw, Amsterdam.
Source Courrier International


mercredi 27 août 2014

Billets-Gouvernement Valls 2


Gouvernement Valls 2

Les rebelles sont partis, les nouveaux respectent la ligne du chef de l'Etat : le gouvernement nouvellement formé confirme que le cap fixé par le président français et son Premier ministre sera maintenu. Au risque de déstabiliser l’ensemble de la majorité parlementaire.


Huit hommes et huit femmes qui ont pour mission d'en finir avec les crises à répétition. Le 26 août au soir, l'Elysée a annoncé la composition du nouveau gouvernement. Immédiatement, François Hollande leur a donné la direction à suivre : la nouvelle équipe doit constituer une unité et est placée sous le signe de la "clarté", un message qui n'est pas passé inaperçu dans la presse européenne.

A Londres, le Financial Times salue le geste courageux de François Hollande, mais souligne aussi que sa démarche n’est pas sans risque. “L'éviction de la gauche est un pari politique qui soulève deux préoccupations concernant la direction que prend la France. [...] Premièrement, il est parfaitement raisonnable de se demander si la France – tout comme l’ensemble de la zone euro – pourra se relever si l’actuel engagement de contraction budgétaire est maintenu. [...] Deuxièmement, le renvoi de M. Montebourg, même s’il est politiquement courageux, est potentiellement déstabilisant.”

Le quotidien rappelle la cote de popularité désastreuse de François Hollande et la capacité d’Arnaud Montebourg à animer un front anti-austérité audible. “Au mieux, cela mènera la France sur un chemin politique sinueux. Au pire, le pays devra retourner aux urnes, avec la perspective d’une cohabitation compliquée entre un président de gauche et un gouvernement de droite.” C’est pourquoi le FT conclut, prophétique : “La critique [de M. Montebourg] de la mauvaise politique que l’Europe a imposé à la France résonnera longtemps après qu’il aura quitté la scène.”

“Alternative ridicule”
A Madrid, El País revient sur le profil des nouveaux membres du gouvernement Valls II : “Des technocrates, avec Macron en tête, qui deviennent des exécutants d’un mandat clair du président. Les réformes doivent être approuvées. Il n’y a plus d’alternative.”

Pour le quotidien espagnol, ceux qui ont déjà échoué, ce sont Montebourg et les ministres rebelles sortants. “Ce sont des partisans des nationalisations, des protectionnistes et des militants de l’antimondialisation. Montebourg a connu une malheureuse expérience de populisme infiltré dans un parti conventionnel, et les autres doivent faire en sorte de ne pas la répéter”, analyse El País dans son édito, titré “Populistes infiltrés”.

D’après le quotidien, l’alternative que propose le ministre de l’Economie sortant est ridicule et minuscule en comparaison des mesures proposées par Hollande. “Son péché le plus grave a été le manque de discipline et de loyauté face à un gouvernement qui s’est engagé à tenir ses promesses dans un contexte difficile de stagnation économique”, conclut le journal espagnol.

 Dessin de Clou.
Source Courrier International

mardi 26 août 2014

Infos santé-Médicaments anti-allaitement… prudence


Médicaments anti-allaitement… prudence

L'Agence Européenne du Médicament veut limiter les prescriptions de médicaments anti-allaitement à base de bromocriptine. En effet, ils comporteraient des effets secondaires dangereux.   

Nouvelle alerte sur les médicaments anti-allaitement à base de bromocriptine. En juillet, l'Agence Européenne du Médicament avait exposé les risques potentiels de ces traitements, commercialisés en France sous le nom de Parlodel et ses génériques. Ce jeudi, c'est son Comité de coordination (CMDh), l'entité européenne qui représente les différentes agences nationales du médicament, qui a rendu les mêmes conclusions. 

  • 0,005 % à 0,4 % d'effets secondaires
Le rapport rendu par le comité précise que ces médicaments anti-allaitement ne devrait pas être systématiquement prescrits pour arrêter la lactation des femmes qui ne souhaitent pas allaiter. En effet, la montée de lait est un phénomène physiologique qui se régule et disparaît naturellement au bout d'une à deux semaine si l'on n'allaite pas. En cas montées douloureuses, d'autres techniques peuvent être utilisées, comme l'application de glace sur la poitrine, ou le recours à des anti-douleurs. Les médicaments anti-allaitement ne font qu'accélérer le processus, et en contrepartie, peuvent comporter des effets secondaires graves. 

Ces résultats sont le fruit d'une enquête entamée à la demande de l'Agence du Médicament française, qui s'alarmait de l'augmentation du nombre de cas d'effets secondaires graves dans l'hexagone, liés à la prise de médicaments à base de bromocriptine. Le taux d'incidence d'effets secondaires n'est certes que de 0,005 % à 0,4 % mais pour les femmes qui en sont atteintes, ils peuvent être très problématiques: troubles cardio-vasculaires, crises d'épilépsie, troubles neurologiques et psychiatriques (hallucinations, épisodes maniaco-dépressifs). 

  • Prochaine étape: la Commission Européenne
L'Agence Européenne du médicament recommande donc aux professionnels de la santé de ne prescrire ces traitements qu'en cas « d'impérieuse nécessité », pour des raisons médicales, à savoir si la mère est atteinte du virus du sida et ne peut donc pas allaiter, ou pour ne pas ajouter à la détresse des femmes qui perdent leurs bébés juste après la naissance. Par ailleurs, pour les femmes qui souffrent de pressions artérielles élevées, de troubles cardiaques, ou qui ont des antécédents psychiatriques, le recours aux anti-allaitement est particulièrement déconseillé. 

Les médicaments à base de bromocriptine sont aussi utilisés pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Pour ces dernières, les restrictions de prescription ne devraient pas s'appliquer. C'est à présent à la Commission Européenne de se prononcer sur le sujet, et de voir si les recommandations de l'Agence Européenne du Médicament pourraient devenir une règle que les médecins membres de l'Union Européenne devront appliquer. 

lundi 25 août 2014

Billets-Manuel Valls "C'est Montebourg ou moi"


Manuel Valls "C'est Montebourg ou moi"

La presse européenne réagit après la démission du gouvernement de Manuel Valls provoquée, selon elle, par les critiques du ministre de l'Economie envers l'alignement de Paris sur l'austérité dictée par Berlin.

C’est sur la politique d’austérité imposée à l’Europe par l’Allemagne que le gouvernement français se déchire, écrit en substance La Stampa après la démission du gouvernement de Manuel Valls ce 25 août. Une phrase d'Arnaud Montebourg, en particulier, marque clairement la ligne du ministre de l’Economie : "Il faut hausser le ton contre l'Allemagne, […] quand je dis Allemagne, je parle de la droite allemande qui soutient Angela Merkel. La France n'a aucune intention de s'aligner sur les axiomes idéologiques de la droite allemande."

Une critique à peine voilée de la ligne défendue depuis la rentrée politique par François Hollande et Manuel Valls. A défaut de hausser le ton contre son homologue allemande, le chef du gouvernement français a donc choisi de "punir" les frondeurs. Le 25 août, Manuell Valls a annoncé la démission de son gouvernement et de nouvelles nominations dès le 26. Pas de temps à perdre.

Le correspondant du Financial Times à Paris revient également sur la prise de position qui a mené à ce dénouement "spectaculaire", évoquant "l’appel lancé par Monsieur Montebourg pour un 'changement radical' de la politique économique" de la France et "sa critique acerbe des injonctions de Bruxelles alignées sur 'la plus extrême orthodoxie de la droite allemande'. Il a été rejoint par le ministre de l’Education Benoît Hamon qui a soutenu que Monsieur Montebourg et lui n’étaient pas 'éloignés' d’un groupe de parlementaires socialistes rebelles qui mènent une campagne contre le virage de François Hollande vers une politique de l’offre".

"Trop c’est trop"
"Trop c’est trop", écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), après les réactions du président François Hollande et de son Premier ministre Manuel Valls aux propos d’Arnaud Montebourg. "On ne peut tolérer dans son gouvernement un ministre de l’Economie qui met constamment en question la politique économique, poursuit le quotidien conservateur de Francfort. Montebourg a volé d’échec en échec et en même temps, il n’avait rien de mieux à faire que d’attaquer en permanence la politique de François Hollande – et du gouvernement allemand qui imposerait prétendument un programme d’austérité nocif."

Etonnamment clément envers le président français, la FAZ ajoute : "Certes, les réformes de Hollande sont hésitantes, mais depuis le début de l’année on ne peut nier qu’elles ont une certaine cohérence. (...) Pour l’aile gauche du parti, c’était déjà trop. (...) Mais sous l’impulsion de Valls, Hollande vient de se donner les conditions nécessaires pour mettre en place avec détermination un véritable programme de réformes." Les marchés ont réagi positivement, souligne encore le quotidien de Francfort, mais "les rebelles de gauche" risquent fort de jouer les martyres ou les trublions. "Gouverner ne va pas devenir plus simple pour Hollande et Valls. Mais il fallait en passer par l’épreuve de force. Les dirigeants français l’affrontent. En ce sens, c’est une bonne nouvelle."

"En cinq mois, le chef du gouvernement, Manuel Valls, n’a pas trouvé de recette contre le chômage persistant dans la deuxième économie de l’eurozone. Et l’assainissement des finances publiques n’avance pas comme prévu", souligne le quotidien viennois Die Presse, pour expliquer la situation en France. Ce qui ne l’empêche pas de souligner également qu’"Arnaud Montebourg ne cache pas ses ambitions de devenir lui-même un jour président de la République."

Baisse de popularité
A Madrid, El País rappelle la baisse de popularité de Manuel Valls, citant le Journal du Dimanche selon lequel seuls 36 % des Français approuvent sa gestion gouvernementale "moins de six mois à peine après sa nomination".

"Maintenant, Manuel Valls va devoir renouveler un gouvernement particulièrement critique contre la politique économique de l’exécutif", poursuit le journal. Le quotidien rappelle notamment les attaques récentes d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. "Le ministre de l’Economie s’est placé sur la ligne de départ en critiquant fermement la politique de Valls."

A Bruxelles enfin, Le Soir reprend des informations du Parisien selon lequel Manuel Valls a posé un choix simple au chef de l'Etat : "C'est Montebourg ou moi !" Avant de rappeler que le ministre de l'Economie s'était déjà illustré dans la prise de position publique : "Monsieur Montebourg, arrivé en troisième position de la primaire socialiste pour la présidentielle de 2012, s’était auparavant déjà accroché avec [le Premier ministre précédent] Jean-Marc Ayrault, notamment sur le dossier industriel de Florange, et avait déjà affirmé haut et fort ses orientations lors d’un grand discours prononcé début juillet à Bercy."


Source Courrier International

dimanche 24 août 2014

Billets-B. K. S. Iyengar Adieu, maître yogi !


B. K. S. Iyengar Adieu, maître yogi !

B. K. S. Iyengar, connu pour son enseignement du yoga, est une célébrité planétaire. Il s'est éteint le 20 août dernier. Le quotidien The Hindu lui rend hommage en retraçant sa vie.

En 2011, lors d'une visite en Chine, B.K.S. Iyengar eut la surprise de se découvrir une foule d'adeptes dans ce pays où il se rendait pour la première fois. L'un d'eux lui confia qu'"[il] pratiquait depuis des années, mais [qu'il] avait l'impression de ne plus progresser". La réponse du maître yogi résumait parfaitement sa conviction que l'art de rapprocher le corps et l'esprit était un effort perpétuel. "Je pratique le yoga depuis soixante-seize ans, avait-il dit, et j'apprends toujours."

Après avoir consacré sa vie au yoga, Bellur Krishnamachar Sundararaja Iyengar, décédé le 20 août 2014 à l'âge de 95 ans, laissera le souvenir d'un maître exemplaire. Partageant absolument toutes ses connaissances avec ses disciples sans garder aucun secret, il ne demandait que trois choses : l'assiduité dans la pratique, la discipline et la rigueur. Ainsi, n'importe qui peut atteindre la réalisation du soi, écrit-il dans son célèbre ouvrage Light on Life (La Voie de la paix intérieure : voyage vers la plénitude et la lumière, InterEditions, 2007). Car c'est bien là le but ultime du yoga.

A 14 ans, il s'initie au yoga
Issu de parents modestes, Iyengar naît en 1918 dans le village de Bellur, près de Kolar, dans l'Etat du Karnataka [dans le sud du pays]. La famille part ensuite s'installer à Bangalore, mais le père, professeur d'école, meurt quelques années plus tard alors qu'Iyengar n'a que 9 ans. Enfant chétif, orphelin de père, le jeune garçon ne brille pas non plus à l'école. Ce n'est qu'à l'âge de 14 ans, lors d'un séjour dans l'ashram [ermitage] de son beau-frère T. Krishnamacharya, à Mysore, qu'il commence son initiation au yoga.

Etudiant en sanskrit, Krishnamacharya a appris le yoga auprès d'un maître dans l'Himalaya tibétain et ouvert une école à Mysore sous la protection du maharaja local. Il demande au jeune Iyengar de venir veiller sur sa sœur lorsqu'il est en voyage. Plusieurs décennies plus tard, Iyengar confiera lors d'un entretien avec CNN-NBC, en 2010, que son beau-frère et maître ne l'a accepté que parce que son élève le plus prometteur avait quitté l'ashram. Il suscitait toutefois la "peur" chez le jeune garçon, qu'il menaçait parfois d'affamer. Orphelin de père, Iyengar était traité comme un moins que rien, explique-t-il. Mais "j'allais jusqu'au bout de mes limites dans ma pratique afin d'accomplir mon devoir envers mon maître et gardien et de répondre à ses exigences", écrit-il dans La Voie de la paix intérieure.

Après avoir passé quatre ans dans l'ashram de Mysore, Iyengar est envoyé à Pune [près de Bombay] pour enseigner le yoga. Dans son livre, il se souvient qu'il n'avait rien – ni famille ni communauté pour l'aider dans une ville inconnue, aucune connaissance de la langue locale, aucune garantie de trouver des étudiants –, rien d'autre que sa connaissance des asanas [les positions du yoga]. A l'époque, Iyengar était même ignorant de la philosophie du yoga, de ses textes anciens et de l'un de ses aspects les plus fondamentaux : les techniques de respiration, ou pranayama. C'est au cours des années suivantes, et par lui-même, qu'il découvrit tout cela. "Mon corps est devenu mon premier outil pour découvrir ce qu'était le yoga. C'est là qu'a commencé ce lent processus de perfectionnement que je poursuis encore aujourd'hui. Au fil du temps, le yoga m'a énormément apporté au plan physique, écrit-il, mais j'ai vu qu'il pouvait avoir autant de bienfaits pour mon esprit et pour mon cœur."


Ambassadeur du "soft power" indien
Réputé pour sa discipline stricte mais bienveillante, Iyengar développa une méthode peut-être influencée par son expérience personnelle avec un maître qui ne répondait pas à ses questions, ne le guidait pas petit à petit et "demandait seulement à ses élèves de faire une posture, en leur laissant le soin de trouver comment la réaliser". Blessé à la colonne vertébrale après un accident de scooter, il commença à utiliser des accessoires dans sa pratique du yoga. L'utilisation de cordes, de blocs et de bancs permit alors de faciliter bon nombre de postures.

Iyengar partageait tout ce qu'il savait et formait un nombre croissant de disciples à enseigner leur pratique. C'est peut-être cette générosité qui attira un flot continu de pratiquants vers son institut de Pune [le Ramamani Iyengar Memorial Yoga Institute (Rimyi)], baptisé du nom de sa femme Ramamani, décédée en 1973 (et où les cours ne coûtent que 1 100 roupies, environ 14 euros, à l'année).
Ses élèves se dispersèrent et fondèrent des écoles partout dans le monde, créant ainsi une marque mondiale – l'école de yoga Iyengar – sans la moindre campagne publicitaire ou de marketing. Le maître ne céda pas non plus à la tentation de proposer des versions modernes, comme le "power yoga" ou le "flow yoga", dont les objectifs sont plus physiques que spirituels. Le “Dictionnaire Oxford” [référence pour la langue anglaise] atteste de son influence en consacrant une entrée à son yoga : "Iyengar : nom, type de hatha-yoga mettant l'accent sur le bon alignement du corps et utilisant des cordes, des blocs de bois et autres accessoires pour réaliser les postures.”

Invité vedette d'un sommet de yoga organisé à Guangzhou, en Chine, Iyengar se rendit pour la première fois dans ce pays en 2011, et il n'imaginait pas y trouver près de 30 000 adeptes. Il ne savait pas non plus que tous ses livres, traduits, étaient largement diffusés et qu'il existait même un timbre Iyengar. Stupéfait par l'enthousiasme des Chinois, il confia au journal The Hindu : "Je ne serais pas surpris que la Chine dépasse un jour l'Inde dans le yoga." La Chine est sa plus récente conquête à l'étranger. Les fins analystes stratégiques de la communauté indienne pourraient bien saluer son travail comme étant celui d'un des premiers et des meilleurs ambassadeurs du "soft power" indien. En effet, dans les premières années de la guerre froide et plusieurs décennies avant que le Pr Joseph Nye, de l'université Harvard, n'invente la formule, le yoga d'Iyengar était bien plus connu dans le bloc soviétique que les films de Bollywood.

Un yogi ne meurt pas avant sa mort
Sur les photos d'archives, on le voit se livrer à des démonstrations de yoga ou enseigner à d'immenses classes dans des capitales occidentales, arborant toujours un simple slip et ses longues boucles déjà emblématiques. Introduit aux Etats-Unis par le violoniste Yehudi Menuhin, Iyengar comptait déjà de nombreux disciples parmi les vedettes des années 1950. L'anecdote la plus célèbre reste toutefois celle de sa rencontre avec Yehudi Menuhin lors d'une tournée du violoniste en Inde en 1951. Celui-ci pratiquait déjà le yoga, mais c'est à l'issue de cette rencontre qu'il fut convaincu d'avoir trouvé le maître qu'il cherchait et devint le disciple d'Iyengar. Par la suite, Menuhin déclarera que Iyengar avait été son "meilleur professeur de violon", car il l'avait aidé à comprendre les "mécanismes" en action lorsqu'il jouait, ce qui lui avait permis d'éliminer toute sensation de douleur.

Iyengar estimait que l'âge ne devait pas empêcher la pratique du yoga et continua à faire ses exercices d'asanas et de pranayamas presque jusqu'à la fin de sa vie. Dans son livre, le maître écrit que la mort est inévitable, mais qu'il n'y pense pas. "La naissance et la mort se situent au-delà de la volonté humaine. Elles ne sont pas de mon domaine. La complexité de la vie de l'esprit prend fin avec la mort, et avec elle toutes les joies et les peines. Lorsque vous êtes déjà affranchi de cette complexité, la mort est douce et naturelle." Un véritable yogi ne meurt pas avant sa mort, soutenait Iyengar. Sa vie en est la preuve.


Source Courrier International

jeudi 21 août 2014

Billets-James Foley ou la mort du journalisme en Syrie


James Foley ou la mort du journalisme en Syrie

Dans une vidéo mise en ligne le 19 août, l'Etat islamique affirme avoir tué le journaliste américain James Foley, enlevé en Syrie en novembre 2012. Un événement qui illustre la difficulté croissante de couvrir le conflit syrien, écrit The Atlantic.
  
Le 19 août, une vidéo montrant ce que des djihadistes de l'Etat islamique affirment être la décapitation du journaliste américain James Foley a été diffusée sur Internet. Le reporter aurait été exécuté en représailles aux frappes aériennes contre le groupe extrémiste sunnite décidées par Barack Obama en Irak.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond a déclaré que l'homme qui paraît exécuter le journaliste dans la vidéo semble être britannique et il a donné l'alerte au sujet de possibles attaques terroristes au Royaume-Uni, note le quotidien britannique The Independent.

Les médias réduits au silence
Pour le mensuel The Atlantic, cet assassinat est symptomatique des difficultés croissantes que rencontrent les journalistes dans la couverture du conflit syrien. "Foley travaillait dans un endroit qui est à l'heure actuelle l'un des plus dangereux de la planète pour un reporter, un pays où des dizaines de journalistes ont été enlevés et tués au cours des dernières années", écrit le magazine américain. "A cause de la violence aveugle qui s'est répandue dans le conflit syrien, du gouvernement syrien qui a pris les journalistes pour cible, censuré les médias locaux et interdit aux journalistes étrangers d'entrer dans le pays, des groupes extrémistes de plus en plus forts qui ont commencé à enlever des journalistes (...), les organes d'information du monde entier ont fait sortir leurs équipes de Syrie."

Dans les premiers temps, note The Atlantic, "des collaborateurs indépendants ont aidé à assurer la couverture des événements. Mais eux aussi ont été arrêtés par la détérioration de la sécurité et par les médias, qui, conscients des risques qu'ils courent, hésitent à publier leurs articles".

"Nous ne sommes pas assez près"
Résultat : la guerre civile syrienne, "peut-être la pire crise humanitaire depuis le début de ce siècle", "se prolonge implacablement en arrière-plan des nouvelles diffusées périodiquement par les médias. Nous voyons ses effets délétères partout au Moyen-Orient. Mais nous la voyons rarement elle, la guerre."

James Foley, qui avait 40 ans, était venu dans le pays comme journaliste indépendant après avoir accompagné l'armée américaine et avoir été capturé par les soldats de Mouammar Kadhafi pendant qu'il couvrait la révolution libyenne, en 2011. "Et il savait l'importance du travail qu'il accomplissait dans des pays comme la Syrie", souligne encore The Atlantic, citant le journaliste : "Ça fait partie du problème avec ces conflits : nous ne sommes pas assez près", avait-il déclaré lorsqu'il avait été libéré après sa captivité en Libye. "Si nous n'essayons pas d'être vraiment très près de ce que ces gens vivent, nous ne comprendrons pas le monde."

Le reporter américain James Foley à Alep, le 5 novembre 2012 - AFP PHOTO/HO/NICOLE TUNG

mercredi 20 août 2014

Billets-Berlin espionne la Turquie


Berlin espionne la Turquie

Les révélations du magazine Der Spiegel sur l'espionnage de la Turquie par les services de renseignement allemands jettent un froid entre ces deux partenaires de l'Otan. Elles éclairent aussi le retour de l'Allemagne sur la scène internationale.

C'était une révélation quelque peu embarrassante pour l'Allemagne, pays qui s'indigne depuis des mois d'être espionné par son allié Washington : les services de renseignement allemands (BND) ont dans leur viseur... la Turquie, l'allié de l'Otan. Le fait est consigné dans le mandat établi par le gouvernement en 2009 qui fixe pour quatre ans (voire davantage, comme dans le cas présent) les points forts de l'action du BND définis par le gouvernement, relate Der Spiegel dans son édition du 18 août.

Le but de cette surveillance ? Officiellement, il pourrait s'agir de mieux "contrôler le PKK [parti kurde interdit en Turquie], les groupes extrémistes implantés en Allemagne, les trafics de drogue et de passeurs", comme l'assure le président de la Commission des Affaires intérieures au Bundestag, Wolfgang Bosbach (CDU), cité dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung. Le dessein de cette surveillance peut aussi être expliqué par les paroles du député au Bundestag, Jürgen Trittin (Vert), relatés dans le quotidien de Munich, à propos du fait que "la sécurité de l'Allemagne est 'directement affectée' par les tensions dans la zone frontalière entre la Turquie, la Syrie et l'Irak, dans la mesure où des soldats de la Bundeswehr y sont stationnés."

En attendant les éclaircissements – qui viendront non du gouvernement d'Angela Merkel mais du Parlement, selon la Süddeutsche Zeitung –, la Turquie s'offusque, demande des explications à l'ambassadeur d'Allemagne à Ankara et exige un arrêt immédiat de ces pratiques d'espionnage. "Si Ankara le veut, elle pourrait en faire une grosse affaire politique, souligne encore Der Spiegel. Dans le contexte actuel, où Berlin dirige ses efforts diplomatiques sur la lutte contre l'Etat islamique dans le nord de l'Irak, [région où la Turquie joue un rôle central] on préfère ne pas imaginer les conséquences que cet événement pourrait avoir."

Quelles que soient les futures réactions d'Ankara, "le BND pose problème – mais il crée aussi un fait accompli, analyse l'éditorialiste du magazine Der Spiegel, Roland Nelles. Depuis quelque temps, des dirigeants – tels que Joachim Gauck, le président de la République, ou Ursula von der Leyen, la ministre de la Défense – évoquent l'importance croissante de l'Allemagne dans le monde et incitent Berlin à s'affirmer sur la scène internationale. Au moment où le débat s'amorce, le BND met déjà le projet en œuvre."

Dessin d'Ammer, paru dans NRC Handelsblad (Amsterdam)
Source Courrier International


mardi 19 août 2014

Billets-Obligée de donner la vie


Obligée de donner la vie

Une femme tombée enceinte suite à un viol s'est vu refuser l'avortement, malgré sa fragilité psychologique. L'affaire ravive le débat sur l'interruption volontaire de grossesse.

La question de l'avortement est à nouveau au centre des débats en Irlande, alors qu'une jeune femme, tombée enceinte après avoir été violée,  s'est vu refuser l'intervention. En Irlande, pays de forte tradition catholique, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est interdite, sauf dans un cas : si la grossesse met en danger la vie de la femme enceinte, y compris si sa santé mentale entraîne un risque de suicide. Dans tous les autres cas, l’avortement est illégal, même en cas de viol, d'inceste, ou d’anomalie du fœtus.

The Irish Times revient sur l'affaire : au mois d'avril, la jeune femme, sans-papiers, alors à 8 semaines de grossesse, demande à avorter au motif qu’elle a des tendances suicidaires. Sans succès, même si ce motif est légal. Du fait de sa situation irrégulière et de sa demande d'asile en cours, elle n’a pas non plus la possibilité de se rendre au Royaume-Uni pour avorter, comme le font de nombreuses Irlandaises.

En juillet, à 24 semaines de grossesse, elle est hospitalisée pour tendances suicidaires. Elle entame une grève de la faim, mais l’hôpital, par voie judiciaire, parvient à imposer une réhydration artificielle afin de sauver la vie de l’enfant.

Début août, l'hôpital pratique une césarienne. La jeune femme en est seulement à 25 semaines, soit à un stade limite concernant la viabilité du fœtus. L’enfant, un petit garçon, reçoit des soins pour prématurés et est placé.

"La tyrannie d'une minorité"
En réaction à cette affaire, le journaliste Fintan O'Toole appelle dans le Irish Times à un assouplissement de la loi sur l’avortement, estimant que "le régime répressif actuel ne reflète pas l’opinion publique". L’auteur rappelle que la majorité des Irlandais est en faveur de l’avortement en cas de viol ou d’anomalie grave qui empêcherait le fœtus de survivre après la naissance. Pour lui, la situation actuelle est donc "clairement un cas où une petite minorité tyrannise la majorité".

Cet avis est partagé par le Irish Independent. Dans un éditorial, le journal demande que la loi sur l'avortement soit révisée, mais aussi que les soins accordés aux demandeurs d'asile soient améliorés. "Le sort de cette jeune fille questionne non seulement l'efficacité de la loi sur l'avortement, mais aussi les prestations de santé, qui ne répondent pas aux besoins des demandeurs d'asile - y compris en ce qui concerne l'assistance psychologique."

"Catalogue de violations"
Après avoir fait les gros titres en Irlande, cette polémique a atteint le Royaume-Uni. Dans le New Statesman, une chroniqueuse s'interroge : "Quand les femmes irlandaises auront-elles enfin le droit de dire 'non' ? La réponse est 'jamais'." Autre constat : le cas de la femme citée est "un catalogue de violations. Premièrement, elle a été violée (violation numéro un), ensuite les médecins lui ont apparemment refusé le traitement dont elle avait besoin (violation numéro deux), on lui a imposé une réhydratation artificielle (violation numéro trois) et enfin on lui a imposé une césarienne (violation numéro quatre)" [...] voilà la violence que l’Etat irlandais impose aux femmes."

L’autorité sanitaire irlandaise a ordonné une enquête sur les soins dispensés à cette femme. Le rapport sera publié fin septembre.

Dessin de Kap Droits réservés

Source Courrier International

dimanche 17 août 2014

Billets-Les déçus du Hollandisme


Les déçus du Hollandisme
Valeurs actuelles a fait le bilan des groupes d’influence, censés être favorable à la gauche, et qui sont aujourd’hui terriblement déçus par François Hollande.
Il leur avait tant promis. Vingt-six mois après son arrivée à l’Élysée, François Hollande s’est mis à dos la quasi-intégralité des électeurs qui l’ont porté au pouvoir.

Le Parti socialiste
« Quand on est président de la France, on n’est pas conseiller général d’un canton ». La formule de Pascal Cherki, député PS de Paris, avait fait mouche en mars 2013. Ministres, cadres, élus, militants: auPS, c’est la valse des déçus.
Selon un sondage Opinion Way pour le Figaro Magazine, les sympathisants PS ne sont plus que 15 % à souhaiter la candidature de Hollande en 2017. Au point qu’une primaire est envisagée pour choisir le candidat socialiste en 2016 …

Les associations
« J’accorderai le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans. » Si François Hollande ressort régulièrement
 cet engagement, véritable chiffon rouge, de sa besace, la promesse est quasi enterrée, et les associations se cabrent: « Les propos de François Hollande marquent un recul inquiétant« , s’emporte le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP). « Le président a préféré mettre en avant la difficulté de la chose plu tôt qu’argumenter sur son intérêt« , enrage la Ligue des droits de l’homme. Entre le gouvernement et les associations, le divorce est consommé depuis l’automne 2013 et l’expulsion de la jeune Kosovare Leonarda, interpellée pendant une sortie scolaire. Un casus belli pour ces professionnels de l’indignation.

Les fonctionnaires
Pour le principal vivier d’électeurs de la gauche, le mandat de Hollande est une douche froide. Au mois de mai 2014, sept syndicats ont appelé à la grève contre le gel des salaires et la baisse du pouvoir d’achat. La faute à ce « grand moment de rigueur » imposé par l’exécutif aux 5 millions d’agents des trois fonctions publiques. Et en annonçant le gel, jusqu’en 2017, du point d’indice, qui sert de base de calcul des salaires, Manuel Valls vient d’assener le coup de grâce. La goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Les immigrés
Voilà un électorat qu’on pensait acquis au PS pour l’éternité. Depuis 2012, c’est aux réformes sociétales qu’on doit le grand malaise des immigrés. Pour les musulmans attachés aux valeurs traditionnelles, qui avaient été entre 86 et 93% à voter Hollande en 2012, les ABCD de l’égalité, l’introduction de la théorie du genre à l’école, la loi famille, le mariage homosexuel sont autant de bouleversements qui les dissuaderont à l’avenir de glisser un bulletin rose dans l’urne. La tendance s’est confirmée aux dernières élections municipales, comme en témoignent les scores de la droite dans les quartiers et ses victoires symboliques à Aulnay-sous-Bois ou Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Les jeunes
« Si je reçois le mandat du pays d’être le prochain président, je ne veux être jugé que sur un seul objectif:  est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? Après deux ans d’exercice du pouvoir, le bilan de François Hollande est tragique. Plus d’un quart des jeunes diplômés veulent partir à l’étranger, plus d’un jeune sur cinq est sans emploi, trois ans après avoir quitté l’école. Les jeunes eux-mêmes ne s’y trompent plus: les élections municipales et européennes ont fait du Front national le premier parti de la jeunesse. Les contrats de génération, les emplois d’avenir, les emplois francs n’y changent rien : avec un chômage de 23 % chez les 18-34 ans, le pari est manqué.

Les homosexuels
« Les associations sont très remontées contre le gouvernement« , commentait, il y a quelques semaines, la porte-parole de la Gay Pride parisienne. Après l’opposition suscitée par le « mariage pour tous », François Hollande n’a pas osé céder aux revendications du lobby LGBT. L’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes n’est pas à l’ordre du jour, comme l’a confirmé le gouvernement, qui n’inclura ni la GPA ni la PMA dans la future loi famille. Et ceux qui ont applaudi l’ouverture du mariage aux homosexuels n’ont pas goûté la nomination de Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits, lequel avait voté contre la dépénalisation de l’homosexualité en1982 …

L’extrême gauche et les écologistes
« La période d’essai est terminée [...], le compte n’y est pas [...]. » Dans cette manifestation pour l’anniversaire de l’élection de Hollande, qui mêlait extrême gauche et écologistes, Jean-Luc Mélenchon criait sa colère. Le tournant social-démocrate du président passe en outre pour une trahison aux yeux de la gauche de la gauche. Et la nomination à Matignon de Manuel Valls, ennemi personnel de Cécile Duflot, a, quant à elle, sonné le glas de l’alliance Verts-PS. « En deux ans, Hollande est passé de la gauche plurielle à la gauche plus rien », s’agace un socialiste.

Effectivement, quand on en termine avec cet article, on se pose inévitablement la même question :
« Mais quelle catégorie de Français est satisfaite de la politique de Hollande ? »

Sur le plan des classes sociales :
  • Pas les riches, mais c’est normal, Hollande est, parait-il, de gauche !
  • Pas les classes moyennes ! Ils ont pris le choc fiscal de plein fouet,
  • Pas les classes défavorisées, les premières victimes de l’augmentation du chômage.

Sur le plan religieux :
  • Pas les musulmans pour les raisons vues plus haut et pour un gouvernement jugé trop favorable à Israël,
  • Pas les catholiques dont les valeurs ont été bafouées de la pire des manières par Taubira,
  • Les Juifs peut-être ? Il faudra leur demander …

En fonction de l’âge
  • Pas les 18-25 ans pour les raisons déjà citées,
  • Pas les 26-60 ans accablés d’impôts et qui craignent de voir leur retraite retardée et réduite en valeur,
  • Pas les seniors, eux-aussi touchés par l’augmentation des impôts.

Mais qui sont donc ces 18 % de Français qui gardent encore leur confiance à Hollande ?

Si vous avez une idée de catégorie heureuse de vivre sous Normal 1 er, faites le moi savoir ! 


Source Valeurs actuelles